28 avril 2006

[MEDIAS] Les archives de l'INA sur vos écrans!

Il s'agit d'une première mondiale, puisque l'INA (Institut National des Archives) permet l'accès en ligne de tous ses contenus numérisés gratuitement pour la consultation et en "pay-per-view" (ou téléchargement payant pour en profiter en téléchargement, avec des prix compris entre 1 et 8€ par programme). Les fonds archivés et mis en ligne représentent 10% des fonds, 10 000 heures de radio et de télévision. Il n'est pas encore possible de trouver tout ce que l'on veut, mais le catalogue s'enrichira à un rythme de 500 heures de programmes par mois.
Le site semble avoir été victime de son succès, et la navigation prend beaucoup de temps (en quelques heures, près de 6 millions d'internautes ont tenté de s'y connecter), les requêtes et la consultation mettent du temps à aboutir (

Les étudiants en histoire contemporaine ou très contemporaine vont pouvoir à terme profiter d'archives d'événements récents, mais les autres étudiants pourront profiter à terme de documentaires diffusés. Seules les chaînes hertziennes sont concernées (avec leurs anciennes appellations : Antenne 2, FR3, TF 1, ORTF etc.), et l'on trouve déjà des épisodes des Shadoks par exemple, ou des archives d'événements marquants (le premier pas sur la Lune évidemment)

Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici : INA/Archives Pour Tous

25 avril 2006

[CHIENS ECRASÉS] L'université évacuée

Non, ce ne sont pas les manifestants contre le CNE qui ont pris d'assaut l'université. Non, ce n'était pas un attentat terroriste en plein coeur de la ville nouvelle... Mais un incident tout simple, aux complications que je ne suis pas en mesure de saisir entièrement.
Si ce n'est que le courant a été coupé dans tous les bâtiments vers 10h30. Puis la Bibliothèque a été fermée pour la journée. Enfin, vers 14h tous les bâtiments ont été évacués.
Apparemment un incident dans un transformateur EDF attenant à la fac. Des bruits circulent aussi d'un départ de feu à la BU (liés ou non, je ne le sais pas)...

Mouais. A la relecture, je vois que je ne suis pas fait pour le journalisme.
S'il y a des "témoins" merci de commenter.

21 avril 2006

[POLITIQUE] Quatre ans déjà... et des perspectives moroses pour l'an prochain

En ce jour anniversaire de la plus grosse pantalonade électorale qu'ait pu subir le Parti Socialiste, les journaux, la radio, la télévision reviennent en choeur sur les évènements d'il y a quatre ans : la seconde place du Front National, la sortie la tête haute de Lionel Jospin ("j'assume la responsabilité" etc. etc.), à tel point qu'à la veille de chaque élection son fantôme flotte au siège du PS, rue de Solférino, les manifestations monstres contre le FN, le second tour et le quasi plébicite de Jacques Chirac, qui, avec 82% des suffrages exprimés, puis par une Assemblée Nationale à sa botte (environ 2/3 pour la droite), beaucoup (dont moi à l'époque) ont pensé que la France allait pouvoir enfin reprendre le chemin d'un gouvernement fort, que des réformes allaient pouvoir être entreprises, et que le marasme de la cohabitation n'était qu'un mauvais souvenir.
Quatre ans après, qu'en est-il? Des réformes, il y en a eu : retraites, sécurité sociale, emploi. Mais ce que l'on retient, ce sont les crises que le gouvernement a du affronter : face aux retraites, face à la canicule, face aux jeunes des banlieues, puis dernièrement face aux étudiants mobilisés contre le Contrat Première Embauche. Sans compter les différentes affaires qui ont pu discréditer ledit gouvernement : le Non au Référendum sur la Constitution Européenne (et deux hommes politiques qui auront contribué à conforter les français sur leur position de refus : le président de la République et son Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin - "Win The Yes Needs The No To Win Agaisnt The No"), la bataille entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, le camouflet du Clémenceau (qui au passage aura coûté plus cher à faire des allers-retours qu'à être démantelé en France), puis les manoeuvres politiques qui rendent la crise encore plus forte (la promulgation mais non application du CPE en est un très bon exemple).
Si je fais ce court - et pas forcément pertinent - résumé de quatre ans de pouvoir par la droite, c'est parce que le parti qu'on pensait désormais vaincu après le second tour semble gagner de l'audience. Le dernier sondage IFOP, paru vendredi dernier donne des frissons :

35% des Français pensent que l'extrême droite enrichit le débat politique (65% d'avis contraire).

Jean-Marie Le Pen (48%) est toujours en tête des personnalités incarnant le mieux l'extrême droite.

Ce sondage montre que ceux qui estiment que l'extrême droite enrichit le débat politique estiment que sa contribution est la plus utile en matière d'immigration (43%), puis sur la sécurité (31%). Viennent loin derrière le chômage (14%), l'éducation (7%) et la protection sociale (5%).

A ce rythme, on entend déjà le principal intéressé faire des bruits de sabre pour le scrutin de l'an prochain. Mais que font les partis modérés pour contrer le FN? Pas grand chose malheureusement : à gauche, les divisions vont bon train (les ténors du PS veulent tous leur part du gâteau), à droite, les discrédits rendent la majorité de moins en moins appréciée. A l'extrême gauche, on reste encore dans un situation d'affront qui n'engage que leurs militants. Et à l'extrême droite? On attend (Cf un sketch des Guignols de l'Info, presque prémonitoire).
Toutefois, il s'agit de la vision la plus pessimiste. Selon d'autres observateurs, l'UMP by Sarkozy aurait récupéré un bon nombre de militants FN, et le parti de Philippe De Villiers a repris les formules choc de Le Pen (lutte contre "l'islamisation de la France"). Mais est-ce suffisant? Le principal intéressé de l'histoire se présente comme "le seul probablement actuellement à pouvoir incarner une véritable alternative avec ce que j'appellerai le pouvoir UMPS". Réjouissant.
Que peut-on faire pour contrecarrer cette perspective peu engageante? La balle est dans le camp des partis modérés, qui devront porter sur la place publique tous les débats de société : emploi, sécurité, économie, culture etc. Il y a certainement dans l'opinion française une lassitude, et celle-ci mérite qu'on y réponde.
En attendant, il reste presque un an de campagne électorale, de nombreuses surprises nous attendent...

13 avril 2006

[C.P.E] Il est temps d'arrêter la baston...

Cet article a deux buts : le premier d'annoncer les funérailles du CPE, puisque la proposition de loi pour remplacer le CPE par des dispositifs d'aide à l'emploi a été voté et par l'Assemblée Nationale (151 pour, 95 contre) et par le Sénat (158 pour 123 contre).
Donc voici la deuxième partie de l'histoire : normalement, les dernières facs bloquées doivent pouvoir reprendre les cours. Sauf qu'aux journaux de 20 heures de ce soir, l'on a pu voir des images inhabituelles : A Nantes, Rennes, Toulouse et Montpellier, des étudiants ont refusé le vote à bulletin secret et empêché la tenue de ces référendums, qui auraient sans aucun doute abouti à un retour à la normale.
Peut-on vraiment parler à ce moment d'un mouvement encore légitime? Ce pourquoi ils se sont battus a été retiré, ok, c'est bon, maintenant, il est temps d'arrêter la baston et de finir l'année en roue libre.
Dès lors, qui sont ceux qui persistent à bloquer? Des jusqu'auboutistes ou des antennes de syndicats étudiants plus combattives que la normale. Toujours est-il que si vote il y a eu, il fut à main levée (facile de compter quand les votants s'étalent sur un espace très large, donc plus approximatif). Une image passe également, celle d'un jeune brandissant un panneau "vote secret = mort du droit de grève". Peut-on parler d'un épiphénomène ou d'une reprise du mouvement? La deuxième hypothèse semble peu probable, puisque ne restent que quatre universités bloquées (même la Sorbonne a vu disparaître pendant une demi-journée ses barrières anti-émeutes avant d'être réinstallées ce soir du fait d'une manifestation passant à proximité. Pas plus d'informations pour le moment)
Il est vraiment temps que les vacances scolaires apaisent les tensions encore présentes.

10 avril 2006

[C.P.E] CPE retiré, merci d'avoir joué!

Aujourd'hui lundi, la réunion statuant sur le sort du CPE vient de rendre son verdict : le CPE sera remplacé par un dispositif d'insertion pour les jeunes.

Vous pouvez en attendant, consulter cet article du Monde.

Edition du soir :
Bien, à présent que j'ai un peu de temps, je vais pouvoir à mon tour, (comme un grand nombre de journalistes, de citoyens, de blogueurs), gloser autour de ce retrait déguisé.
Tout commence donc ce matin, lors de la réunion à l'Elysée. Le premier communiqué qui paraît stipule que le CPE se conjugera désormais au passé :
"Sur proposition du premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté"
Ainsi disparaîtrait un contrat mal-aimé qui n'aura survécu qu'une dizaine de jours (juridiquement, il est appliqué, mais dans les faits semblait déjà condamné par sa non-application). Il reste maintenant au Parlement de voter un texte abrogeant définitivement cet article. D'ores et déjà, un projet de loi a été promulgué, et vous pouvez le lire sur le Journal d'un Avocat (La Nemesis du CPE). Je vous en livre juste la substance :

Dans la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances, l’article 8 est remplacé par les dispositions suivantes :

« I - L’article L.322-4-6 du code du travail est ainsi rédigé:
Pour favoriser l’accès des jeunes à l’emploi et à la qualification professionnelle, les employeurs peuvent bénéficier d’un soutien de l’Etat lors de la conclusion, de contrats à durée indéterminée, à temps plein ou à temps partiel :
1° Avec des jeunes gens âgés de seize à vingt-cinq ans révolus dont le niveau de formation est inférieur à celui d’un diplôme de fin de second cycle long de l’enseignement général, technologique ou professionnel ;
2° Avec des jeunes gens âgés de seize à vingt-cinq ans révolus qui résident en zone urbaine sensible ;
3° Avec des jeunes titulaires du contrat d’insertion dans la vie sociale défini à l’article L322-4-17-3 du code du travail.

La durée du travail stipulée au contrat doit être au moins égale à la moitié de la durée du travail de l’établissement. L’aide de l’Etat est accordée pour une durée de deux ans, le cas échéant de manière dégressive.

Voici donc un cocktail de mesures ciblées. Maintenant, reste à savoir si cela sera mieux qu'un CPE (certainement, les réformes d'un sujet aussi sensible que le travail, tout comme les retraites méritent de véritables négociations avec ceux qui vont être concernés par la future loi). Toutefois, ce foisonnement de nouvelles mesures fait penser à un acrobate qui se raccroche à une ultime corde.

Maintenant, du côté des syndicats des salariés et étudiants, les premiers sont satisfaits (ce pourquoi ils se sont battus aux côté des étudiants est déclaré mort clinique), les seconds aussi (et on commence à voir le bout des blocages dans certaines facs : Rennes vote la reprise des cours). Toutefois, ils appellent tous les deux à maintenir la pression jusqu'à un texte similaire à celui cité ci-dessus soit voté à l'Assemblée Nationale (c'est à dire pendant encore cette semaine).
Certains syndicats appellent à ne pas s'arrêter au milieu du gué (CGT notamment puisque Bernard Thibault, secrétaire général pense ensuite au CNE : "Il faut maintenant se donner comme objectif d'éliminer le CNE du paysage mais à chaque jour suffit sa peine et il y a une victoire à fêter"), en se mobilisant de manière similaire contre le CNE (Personnellement, j'y crois peu, pour plusieurs raisons : premièrement, le CNE est déjà bien implanté, 400 000 contrats déjà signés ne se suppriment ou ne se convertissent pas comme ça, et deuxièmement parce qu'après avoir éliminé la menace principale pesant au dessus d'eux, les étudiants vont reprendre le chemin du travail et délaisser le CNE).

Soit je suis pessimiste ou égoïste (cela reste à votre appréciation), mais j'ai le sentiment que le combat contre le reste du projet "Egalité des Chances" soit perdu d'avance, et que le CPE, certes discuté en Assemblée Nationale et au Sénat (première lecture), du fait qu'il n'ait pas été appliqué, était bien plus facile à retirer. Et puis après s'être pris un sérieux camouflet, j'imagine mal le gouvernement reculer sur six mois de réformes.

07 avril 2006

[MANIFS] Propositions de lois liberticides

Vu dans les propositions de loi de l'Assemblée Nationale : une proposition de loi en réponse aux débordements des manifestations anti-CPE. Le texte, même pour les non juristes, est assez équivoque :
il institue (si j'ai bien compris), une sorte de hiérarchie des responsabilités : en première ligne, les organisateurs de manifestation seraient poursuivis s'il y avait des débordements lors d'une manifestation. Puis viendraient les manifestants, puis les éléments externes, venus justes pour la casse... Je vous laisse lire la suite du texte.
N° 2997

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

DOUZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 29 mars 2006.

PROPOSITION DE LOI visant à encadrer la dispersion et les débordements lors des manifestations et attroupements,

(Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, à défaut de constitution d'une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

PRÉSENTÉE

par M. Éric RAOULT, Député.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La société française est en proie depuis de nombreuses années à une augmentation des violences urbaines mettant à mal le principe même d'autorité de l'État. Les autorités françaises ne peuvent davantage tolérer ces atteintes à la sûreté des personnes et l'intégrité des biens.

Les récentes émeutes urbaines de novembre 2005 et l'actuelle agitation souvent violente au sein du monde lycéen et étudiant nous montrent à quel point la violence semble se banaliser et devenir un moyen normal d'expression.

La loi du 8 juin 1970 abrogée en 1981 permettait de lutter efficacement contre ces formes de délinquance collective. Or, nous sommes aujourd'hui démunis face à de telles situations.

Il devient urgent de pouvoir sanctionner ces troubles et permettre le maintien de l'ordre au sein de nos villes.

Pour ces raisons, il vous est demandé, Mesdames, Messieurs, de bien vouloir adopter la présente proposition de loi.

PROPOSITION DE LOI

Article unique

Le chapitre Ier du titre III du livre IV du code pénal est complété par une section 5 ainsi rédigée :

« Section 5

« des conséquences des manifestations et attroupements

« Art. 431-22. - Lorsque du fait d'une action concertée, menée à force ouverte par un groupe, des violences ou des voies de fait auront été commises contre les personnes ou que des destructions ou dégradations auront été causées aux biens, les instigateurs et les organisateurs de cette action, ainsi que ceux qui y auront participé volontairement seront punis des peines de un à deux ans de prison.

« Lorsque du fait d'un rassemblement illicite ou légalement interdit par l'autorité de police administrative, des violences, voies de fait, destructions ou dégradations qualifiées de crimes ou délits auront été commises seront punis :

« 1° Les instigateurs et les organisateurs de ce rassemblement qui n'auront pas donné l'ordre de dislocation dès qu'ils auront eu connaissance de ces violences ou voies de fait, destructions ou dégradations d'une peine de six mois à un an de prison ;

« 2° Ceux qui auront continué de participer activement à ce rassemblement, après le commencement et en connaissance des violences, voies de fait, destructions ou dégradations, d'une peine de trois à six mois de prison.

« Art. 431-23. - Toute personne qui se sera introduite à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte dans le domicile d'un tiers sera punie d'une peine de six mois à un an de prison.

« Sera puni des mêmes peines quiconque se sera introduit par les mêmes moyens, dans un lieu affecté à un service public de caractère administratif, scientifique ou culturel ou s'y sera maintenu irrégulièrement et volontairement après avoir été informé par l'autorité responsable ou son représentant du caractère irrégulier de sa présence. »

Composé et imprimé pour l'Assemblée nationale par JOUVE
11, bd de Sébastopol, 75001 PARIS
Ce texte de loi reste quand même très large d'interprétation :
En cas de débordement, les organisateurs doivent prononcer immédiatement la dislocation du mouvement, dans le cas contraires, ils se verraient poursuivis.

C'est surtout le dernier article qui est important, puisqu'il interdit toute occupation de gare ou d'université. Un bon moyen de rendre tout blocage illégal, quelque soit sa nature. Evidemment, tout est soumis à interprétation diverses, de la plus légère à la plus restrictive.
Ce texte est à deux volets : il concerne d'un côté les manifestations "légales", organisées et prévues, et de l'autre, les manifestations "illégales" (pourquoi pas un "flashmob", ou "rassemblement éclair"), qui pourraient être soumises à des débordements. En clair, tout ce qui n'est pas prévu est sanctionnable. Par ailleurs, lors d'une manifestation organisée, les organisateurs pourraient se voir poursuivis pour ne pas avoir dissous la manifestation à la première poubelle qui brûle... (oui je sais, c'est exagéré).

Toujours est-il que par ce texte de loi, la majorité souhaite plus ou moins museler la population, en ajoutant des clauses presque liberticides. J'en vois dans le fond qui vont me rétorquer "Ma liberté s'arrête là où commence celle du voisin, aussi je suis libre de pouvoir prendre le train sans être bloqués, d'aller en cours sans me heurter à un barrage, de prendre la voiture sans me retrouver coincé à cause de manifestants". Ben oui, un point pour vous, mais quels seront les moyens d'expression du mécontentement de la population? Une manif qui marche au pas de l'oie?

Rassurez-vous, ce genre de loi ne semble pas prête de passer (et si c'était le cas, elle rappellerait les "lois scélérates" prises pour lutter contre les anarchistes à la fin du 19ème siècle), mais est révélatrice des soubresauts d'une République où les rôles ne semblent plus clairement attribués (confusion entre l'exécutif et le législatif, les journaux n'ont que cette expression en ce moment).

05 avril 2006

[GREVE] Une AG ou une réunion d'information?

Ce mercredi a eu lieu la dernière Assemblée Générale avant les vacances de Paques. En tout cas à l'UVSQ, les étudiants n'ont pas attendu cette échéance pour reprendre le travail et se détourner de la mobilisation étudiante... Pour commencer, je suis arrivé un peu en retard, et j'ai manqué une partie du bilan (notamment la manifestation réussie de mardi dernier).

Bilan :
  • La mobilisation n'est pas qu'une question de nombre : le gouvernement n'a pas entendu alors que la mobilisation gagne en nombre. Celle-ci devra passer le cap des vacances scolaires.
  • La rencontre avec l'Intersyndicale et les parlementaires UMP n'a rien donné de plus, la réponse est la même.
  • Proposition d'un apéritif festif avant les vacances.

Perspectives :
  1. Communiquer sur le CPE avant les vacances (vendredi par exemple).
  2. Il faudrait faire plus pression sur les voies de communication ou les gares.
  3. Proposition de blocage de la gare des Chantiers à Versailles de 15h à 16h.
  4. Pour bloquer la gare, il faut être nombreux. Sinon une action coup de poing n'aura aucun impact.
  5. Attention quand on s'attaque aux transports publics, cela rend les gens nerveux. Proposition plutôt d'un sit-in dans le hall de la gare.
  6. A propos du débrayage forcé des entreprises, cela reste assez gonflé. Il faut utiliser les moyens qui nous restent et expliquer aux gens les objectifs de notre mouvement.
  7. Il faut attaquer les points vitaux de l'Etat (dans le texte : il faut le faire chier) pour qu'il retire le CPE. L'action doit se radicaliser surtout si on parvient à expliquer nos gestes.
  8. Ici, il n'y a pas de dynamique de grève, proposition d'ateliers pour relancer le mouvement d'une autre façon.
  9. Il faut élire de nouveaux représentants pour la coordination nationale de ce week-end (la semaine dernière cela n'a pas été fait).

Votes :
  • Vendredi après midi : organisation d'un apéritif festif : pour.
  • Versailles Chantiers, blocage de la gare : 15 s'abstiennent, 2 ne prennent pas part au vote, 4 sont contre, 22 sont pour. Contre vote pour un sit-in plutôt qu'un blocage : 10 s'abstiennent, 4 ne prennent pas part au vote, 13 sont contre, 2 pour.

Ce compte rendu lapidaire illustre une chose : à Saint Quentin, beaucoup sont passés à autre chose. Maintenant, je ne sais pas comment cela se passe à Versailles, mais j'ai bien l'impression que le mouvement s'est replié sur le "noyau dur". Au comptage, nous ne devions être pas plus de 72.
Autre aspect, plus animé cette fois-ci, ce fut lors de l'élection des représentants de la coordination nationale (qui se déroule du Vendredi au Dimanche à Lyon). Sept personnes se sont proposées pour y aller : les membres les plus "expérimentés", les plus motivés, "les vieux de la vieille" de la mobilisation, face à de nouveaux mobilisés. Et je ne sais pas si c'est un phénomène de lassitude face à ceux qui y vont à chaque fois, toujours est-il que ce sont trois nouveaux qui se sont fait élire, pour passer trois jours dans un amphi. Et cela n'a pas plu à tout le monde (entendu de loin : "On ne les connait pas ceux là, je ne les ai jamais vu depuis le début" : en gros, les résistants de 1945 quoi). Eh! Quand bien même ce serait le cas, un peu de sang neuf ne fait pas de mal.

Je rebondis sur cet essoufflement pour evoquer les actualités : Nanterre reprend le travail le 24 avril, Bordeaux vote son déblocage et ainsi de suite. Après un mois de blocage, beaucoup pensent désormais à rattrapper le retard. Des calendriers spécifiques ont été pris : les examens sont repoussés, la semaine de révision saute, tout est mis en oeuvre pour rattraper le retard. Reste le problème de Rennes, où le mouvement devient de plus en plus violent (CF cet article, mais à prendre avec des pincettes, je vous laisse seul juge). Cela voudrait-il dire que le mouvement pourrit? D'un côté, les affrontements entre grévistes et partisans anti-blocage, de l'autre, les casseurs. Il devient vraiment urgent pour les autorités de trouver une solution au problème.

Concernant le blocage de la gare, je doute que la circulation soit perturbée (y a des chances qu'il n'y ait pas assez de monde), et que cela se transforme en sit-in dans le hall (peut être serait-ce une solution plus sage?). Sinon, ils pourraient démonter le siège d'une permanence UMP aussi (vu à la télévision, mais pareil, cela requiert du monde pour déplacer les bureaux). La radicalisation du mouvement serait-elle la dernière phase du combat pour le CPE?

[GREVE] L'ultime manifestation? Ou le début d'une nouvelle forme de la crise du CPE?

Depuis vendredi dernier, beaucoup d'aspects de la mobilisation ont été bouleversés, par l'allocution du président de la République, puis par les différentes manoeuvres entre Premier Ministre, ministre de l'Intérieur et députés du Parlement...
Revenons quelques jours en arrière :
Vendredi soir, allocution de Jacques Chirac. Outre un petit problème de syncronisation entre l'image et le son (effet écho), le discours de notre président de la République semble toujours mollasson : à l'image d'un président semblant être complètement dépassé par les évènements. Il dit à la caméra avoir compris les inquiétudes des jeunes et des parents desdits jeunes et annonce, afin de calmer la situation, la promulgation du Contrat Première Embauche, mais demande à ne pas l'appliquer, laissant ainsi le temps au Parlement de retrouver ses prérogatives et concocter quelque chose pouvant soit rendre le CPE moins effrayant (c'est à dire débarassé des deux points les plus critiqués par l'opinion : la période de deux ans de "consolidation" et le licenciement sans explications). Ce qui ressemble fortement à un désaveu, bien que ce soit démenti par l'entourage du Premier Ministre.
Pendant le week-end,
Samedi, un sondage pour le Monde paraît, affirmant que 71% des sondés pensent que la position défendue par Jacques Chirac radicalise le mouvement (sondage Ipsos pour Le Monde), bien que la proposition de réduction de la période d'un an soit approuvée par 54% des sondés.
Selon J-F Dodriot, meneur de l'enquête :
La promulgation de la loi a été vécue comme une provocation, le président donnant le sentiment de continuer à vouloir établir un rapport de force et à ne pas reconnaître ses erreurs. Il y a une semaine, on avait l'impression qu'il serait possible d'aménager le CPE 1 pour avoir un CPE 2. Aujourd'hui, le CPE 2 est quasiment mort dans l'opinion, mais aussi dans la classe politique"
Plus encore, la déclaration de Jacques Chirac aurait pu faire baisser le pourcentage de solidaires au mouvement anti-CPE, mais celui-ci recule faiblement, de 63% à 59%. Toujours selon J-F Dodriot :
"Quand un président de la République intervient et que plus des deux tiers de la population dit que cela va radicaliser la situation, on peut difficilement ne pas dire que c'est raté"
"Un recul aussi faible avec un président qui lâche du lest, ce n'est pas pas bon"
Ainsi, De Villepin complètement à sec, se voit écarté de la suite des opérations.
Reste à savoir ce qui nous attend avec Sarkozy et les parlementaires (personnellement, je compte plus sur les parlementaires et leur bon sens que sur quelqu'un qui va se faire mousser pour l'an prochain).

Toujours est-il qu'aujourd'hui mercredi (l'auteur est un peu en retard), la première réunion entre syndicats et parlementaires n'a pas donné de réponses. "ils ont écouté", mais pour les syndicats, la suite des opérations passe par le retrait du CPE.

Tout de suite après la pub, un reportage exclusif sur la dernière AG avant les vacances

02 avril 2006

[C.P.E] Débats générationnels...

Lu sur le Big Bang Blog (regroupant l'équipe de la très bonne émission Arrêts Sur Images, sur France 5), disponible dans les liens ci-contre : Alice Rufo, la fille du pédopsychiatre Marcel Rufo, normalienne, lance une réponse à son père sur la situation de sa génération par rapport à la sienne, celle de mai 1968. Ce dernier, concernant la "crise" (puisqu'on peut l'appeler comme cela désormais, une fronde de la jeunesse face à ses dirigeants), préférait que les étudiants passent leurs examens puis "convoquent des Etats Généraux". Le texte intégral est visible sur un article de l'Express :
J'ai bien peur que l'idée de faire des états généraux de la jeunesse - comme, en 1789, on avait convoqué le tiers état pour connaître ses doléances - ne soit précisément le signe d'un conflit de générations. La jeunesse n'est pas une classe sociale mais l'avenir, c'est-à-dire la seule classe générationnelle qui compte. Tu te souviens du mot de Sieyès?
1. Qu'est-ce que le tiers état? Tout.
2. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? Rien.
3. Que demande-t-il? A être quelque chose. Que demandent les jeunes? A être quelque chose. De fait, ils ne sont rien. «Il faut qu'ils aillent passer leurs examens», dis-tu. Le postulat de ta génération, c'est: «Les diplômes, quels qu'ils soient, permettent d'avancer.» C'est vrai, mais moins qu'avant. C'est là tout le problème.

La génération qui dirige actuellement le pays est issue d'une forte période de croissance et a fait ses études pendant cette période bénie où il suffisait de travailler pour avancer. Aujourd'hui, le travail et les études ne suffisent plus. Mais le pire, ce n'est pas le manque de dynamisme de l'économie et le marasme social. C'est que, face à ces problèmes, notre génération ne se sent pas comprise, et encore moins soutenue. Il est très nouveau dans l'histoire de l'humanité qu'une génération fière de sa réussite se détourne des problèmes de la génération suivante et supporte que la situation soit pire que ce qu'elle a connu.

Tu sais, aujourd'hui, le problème, c'est que les jeunes ne travaillent plus (comme c'était votre cas) dans une perspective ascendante, mais seulement pour s'en sortir, se mettre à l'abri, limiter les difficultés. C'est quand même un gros changement d'époque.

Aujourd'hui, on demande à des jeunes à qui on laisse un système éducatif dans un état pitoyable, une dette publique colossale, des retraites hallucinantes à payer, une absence totale de perspectives de prendre encore sur eux le coût de l'ajustement. Il est normal que ça explose. Flexibiliser le marché du travail pour que les entreprises embauchent davantage, oui, sûrement, mais alors avec un système de formation qui tienne debout, un ascenseur social qui redémarre, un véritable investissement dans la recherche, des diplômes adaptés au fonctionnement de la société et qui ne soient pas des leurres. Nous ne demandons pas d'avoir mieux. Mais au moins autant que votre génération. C'est une première, pour une révolution. Nous voulons avancer, nous aussi. Des états généraux, pourquoi pas? Mais, si ça ne débouche pas sur un vrai dialogue, l'ascenseur social méritocratique républicain va finir par se transformer en un avion pour les Etats-Unis au sommet et par un baril de poudre en bas.

Tu dis toujours qu'il faut devenir ce qu'on veut devenir. Mais comment? Cette époque et ce pays sont si tristes…
En résumé, on pourrait presque dire que la génération 1968 s'est battu pour elle mais pas pour sa descendance. Que pourrait-on faire pour solutionner le problème? Des réformes, oui mais quelles réformes? Il semble difficile de gouverner la France tant les oppositions sont diverses et variées, et correspondent à un besoin vital, celui d'avoir de quoi vivre convenablement.
"L'avion pour les Etats Unis" renvoie en fait à la fuite des cerveaux. Par exemple, pour un maître de conférences dans une université, pour peu qu'il soit renommé, est immanquablement appelé par des universités étrangères qui sont prêtes à lui offrir le double voire le quadruple de sa paie en France. Evidemment que c'est tentant.
Nous sommes en 2006, la France se réveille avec une crise structurelle, réflexion d'un pouvoir à bout de souffle depuis quatre ans bientôt. Car comme l'a expliqué Elodie dans son post précédent, une des dernières allocutions de notre Président de la République nous l'a montré "Usé, vieilli, fatigué" comme disait un certain ex-homme politique dès 2002. Il se retrouve avec une société qu'il n'a pas vu évoluer, avec un gouvernement qui le dénie de plus en plus (la partie d'échecs entre De Villepin et Sarkozy) et une côte de popularité en chute libre.
Son allocution devait tenter de calmer la situation, cela a un peu changé, certes, on ne parle plus tellement de retrait du CPE, mais d'une espérance que les parlementaires UMP, qui sont de nouveau chargés de préparer un nouveau texte, ne fassent pas apparaître un CPE v2.0 mais plutôt un texte abrogeant le précédent (en tout cas, c'est le souhait de la CFDT). Bien que je soit septique de la suite du mouvement : après la manifestation de mardi prochaine, se dirige-t-on vers une "mise en veille" de la mobilisation le temps que le texte soit promulgué (dans un mois, deux mois, trois mois?), et qui pourrait se réveiller qu'au moment où le texte sera prêt à être vote?
Et le fait que le Parlement reprenne ses prérogatives ne serait-il pas une sorte de désaveu de Dominique de Villepin (bien que l'intéressé s'en défende)? En tout cas, il est inutile désormais qu'il pense à ses rêves de présidence. Le mieux qu'il ait à faire, est de redescendre tout en bas de l'échelle politique : se faire réellement élire comme député, puis remonter petit à petit... Rendez vous dans quelques annés pour revoir sa crinière argentée de poète à ses heures.