31 mars 2006

[GREVE] AG, mobilisation ça va mieux à l'UVSQ

Avec un peu de retard, je suis en mesure de vous donner le compte rendu de l'Assemblée Générale de jeudi dernier. De nouveau dans l'Amphi Diderot, la participation était bien plus importante que les deux dernières assemblées du Lundi 20 et du Jeudi 23 mars. Compte tenu de l'actualité de la semaine, un peu plus de monde s'est déplacé pour écouter le bilan de la mobilisation. La manifestation de mardi a été bien suivie (une centaine de participants), ce qui explique pourquoi un bon nombre d'étudiants est venu s'informer sur la suite des festivités.

Bilan :
  1. Pour vendredi, organisation d'un débat entre Mme Catherine TASCA (sénatrice PS des Yvelines) et Mme Valérie PECRESSE (Députée UMP des Yvelines remplacée par Mr Jean Michel FOURGOUS, maire d'Elancourt).
  2. [Enseignants] vote de deux motions, une regroupant les enseignants pour la non pénalisation "pour fait de grève" (80 signataires), une générale (personnel de l'UVSQ, IATOS, administration) pour le retrait du CPE (120 signataires).
    La semaine dernière (Vendredi 24 pour être précis), a eu lieu le conseil d'UFR. Etant souverain, il a procédé aux votes concernant la mobilisation :
    > Principe de la non pénalisation pour fait de grève : 33 pour, 2 blanc.
    > Soutien du conseil au mouvement : 31 pour, 2 contre, 2 blanc.
    > Postition du conseil pour le retrait du CPE : 25 pour, 8 contre, 2 blanc.
    Aucun examen ne peut porter sur des matières qui ont été traitées devant des groupes incomplets.
    > Proposition au Conseil d'Administration de ce lundi le vote le texte suivant : "Le conseil d'administration s'est réuni le 30 mars 2006 alors qu'un mouvement de grande ampleur est engagé contre le Contrat Première Embauche. En tant qu'établissement public dont la mission est l'enseignement supérieur, l'UVSQ est particulièrement attentive au devenir et à l'insertion professionnelle des jeunes auxquels elle propose des formations qualifiantes. Le Conseil d'Administration considère que le CPE est porteur de précarité pour la jeunesse et institue une forte régression sociale menaçant tous les salariés. Le Conseil d'Administration demande donc le retrait du CPE et l'ouverture de négociations avec les partenaires sociaux et les étudiants".
  3. La manifestation de mardi dernier a déplacé entre 2 et 3 millions de personnes. Pour sa part, l'UVSQ avait un cortège fonctionnel augmenté de lycéens, et il n'y a pas eu de débordements. Le bilan est plutôt positif, et cela montre que le mouvement ne s'essouffle pas.
Perspectives
Changement dans le mode de vote des perspectives. Il y a eu au début, pour les perspectives les moins "importantes", les moins cruciales, un vote une fois que la proposition a été faite.
  1. Proposition d'une nouvelle nuit à la fac. (vote pour).
  2. Avec l'intersyndicale, mardi, opération péage libre à St Arnoult en Yvelines (A10). Proposition de participation de l'UVSQ (vote pour - 53 - contre - 24 - ne prend pas part au vote - 1).
  3. Prolongation de la grève : (plusieurs intervenants se sont succédés)
    > La grève, c'est ou tout le monde ou personne. On peut organiser des roulements, chacun son tour.
    > La grève sert à prévenir ceux qui ne la font pas des actions, et ne peut se mettre en pause.
    > Le débat vient sur l'essoufflement, mais le relais est présent au niveau lycéen. C'est la dernière ligne droite, la semaine prochaine sera certainement riche en rebondissements.
    > Les deux personnes invitées au débat organisé sont incompétentes, il faut plus de représentation d'autres groupes que l'UMP et le PS (refusé).
  4. Les juristes sont pénalisés. On entend des assertions incroyables (l'employé est au service de l'entreprise, en droit social). C'est une catastrophe au niveau du dialogue. Une faible minorité de juristes se sent vraiment seule. Proposition d'un référendum national, surtout si le conseil constitutionnel ne s'oppose pas au CPE. Comme les référendums se font à l'initiative du gouvernement, il faut faire remonter au niveau des instances nationales la volonté d'un référendum, sachant que 63% de la population est contre le CPE.
    > Il faut rappeler que toutes les UFR sont toutes concernées par la non-pénalisation aux examens.
    > Tous les juristes ne sont pas forcément pour le CPE Le problème est que là bas, certains étudiants en ont rien à faire. Proposition d'une AG d'information à Leclerc
  5. Jeudi prochain, débat sur les alternatives au CPE.

Votes
:

  • Reconduite de la grève : 1 ne prend pas part au vote, 0 s'abstiennent, 122 votent pour, 7 votent contre.
  • Appel d'un référendum national : 1 ne prend pas part au vote, 0 s'abstiennent, vote pour.
  • Organisation du débat avec les députées et sénatrices des Yvelines : vote pour.
  • Organisation d'un débat jeudi prochain sur les alternatives au CPE : vote pour.
Cette fois-ci, nous avons eu une Assemblée Générale aussi peuplée que la précédente (130 personnes), toutefois, les conditions furent bien meilleures. On a enfin eu le droit de ne plus entendre "il ne faut pas bloquer la fac", "c'est inadmissible, on ne peut pas aller en cours à cause de la grève" etc. On semble enfin passé à autre chose. Une AG plus pragmatique, donc, avec des propositions originales, notamment l'appel au référendum sur le CPE (bien sûr, j'ai peur qu'il ne reste qu'une bouteille à la mer), ou encore l'opération "péage libre" à Saint Arnoult (bien que ce ne soit pas les étudiants qui l'aient proposés, cela traduit une nouvelle approche de la mobilisation : plutôt que de bloquer un lycée, bloquer une gare, une voie express ou en faisant une opération "péage libre" est une opération bien plus médiatique, et bloque des secteurs économiques, ce qui est moins supportable pour les organes dirigeants).
Malgré tout, il est difficile de préjuger de ce qui va se passer la semaine prochaine, au vu de l'actualité qui s'est un peu bousculée hier et aujourd'hui (cela fera l'objet d'un billet ce week end, histoire d'en garder un peu sous le pied).
Demain, si vous êtes sages, vous aurez le droit au compte rendu du débat entre Mr FOURGOUS et Mme TASCA.


30 mars 2006

[C.P.E] Coup dur pour la mobilisation?

Je ne m'apesantirai pas très longtemps ce soir sur l'importante nouvelle tombée aux journaux de 20h, mais le Conseil Constitutionnel a rendu la loi sur l'égalité des chances conforme à la Constitution.
Désormais, il semble clair que malgré le fait qu'aucun autre recours juridique ne soit possible, la mobilisation risque de gagner encore en intensité, opposant avec un cran de plus deux partis intransigeants.

Note pour les contributeurs. Si vous avez des infos à passer, utilisez ce post. Demain, vous aurez aussi le compte rendu de l'A.G de ce midi (qui s'est bien mieux déroulée que les deux précédentes au passage). Sur ce, je finis mon exposé!

Vous pouvez aller faire un tour sur le site de maître Eolas, qui, dans un texte de vulgarisation fort bien tourné (une pièce de théâtre), raconte le déroulement du Conseil Constitutionnel de jeudi dernier. cela se passe ici

28 mars 2006

[GREVE] Une semaine sous tension...

Depuis la fin du week-end dernier, depuis la fin des tentatives de négociation, tous les médias en parlent : la manifestation-grève de mardi, en laquelle les opposants au CPE engagent leurs plus grands espoirs, puisque de son résultat vont probablement découler la suite des évènements.
Déjà ce matin, à l'heure à laquelle je vous écris, la mobilisation dans les transports (bus, métro, train, tramway selon les régions), est déjà importante (entre 20% et 60% du trafic assuré selon les lignes et les régions). Aussi beaucoup ont pris leurs précautions, soit posé une RTT soit pris un train plus tôt pour arriver à l'heure. Ceux qui manifesteront par contre, espèrent que le rassemblement de cet après midi sera suffisant pour faire plier le gouvernement et le mettre devant le fait accompli : en France 63% des français (sondage Ipsos pour France 2) souhaitent le retrait du CPE. Pour faire tout de même bonne figure et tenter de garder le contact, désormais, le Premier Ministre se dit "prêt à discuter sur les deux points les plus sensibles du CPE, la période d'essai de deux ans et la rupture du contrat". Sauf que personne ne semble être intéressé par ces propositions changeantes, d'une semaine à une autre. D'ailleurs, la CFDT et FO ont déjà décliné l'invitation à la discussion prévue demain à Matignon.
On peut également espérer que le déroulement de la manifestation soit plus encadré pour éviter les images de jeudi dernier, des affrontements entre étudiants, forces de l'ordre et casseurs (évitons d'entrer dans le jeu des médias qui montrent pour partie des jeunes issus de la banlieue uniquement, il y en a eu aussi du côté des étudiants, mais les cibles étaient différentes.). Selon le Ministre de l'Intérieur, cette fois ci, des contrôles auront lieu dans les gares pour tenter "d'écrémer" le maximum d'éléments étrangers.

Et le travail m'a empêché de finir ce billet. Aussi, je l'achève après les premières estimations de la manifestation d'aujourd'hui. Et elles semblent fameuses, puisqu'elles varient entre 1 (selon la police) et 3 millions de participants (selon les syndicats). Du simple au triple évidement, mais ce sont des chiffres bien supérieurs aux manifestations précédentes. D'ailleurs un cortège assez fourni est parti de l'UVSQ (élo vous fera un topo si elle en a le temps). Maintenant, il ne semble pas qu'il y ait eu autant de débordements (quelques uns quand même à signaler : En dépit de l'imposant dispositif policier déployé, des incidents ont éclaté en début de manifestation. La vitrine d'un café a été brisée près de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et le carré de tête a été harcelé tout au long du parcours par des bandes de jeunes gens masqués qui tentaient de passer en force).
Et malgré cela, le Premier Ministre ne semble toujours pas avoir entendu raison. A point qu'à présent même Nicolas Sarkozy prêche pour une suspension du CPE (mais en tant que petit calculateur, ce genre de proposition vise juste à prendre l'unique canot de sauvetage du H.M.S Villepin).

26 mars 2006

[GREVES] Le CPE vu par un grand cyber-juriste

Vous avez peut être vu dans la catégorie "liens vers d'autres blogs" un lien vers cet excellent blog qu'est "Le journal d'un avocat" Si je vous en parle, c'est parce que son animateur, Maître Eolas a livré son analyse du CPE.
En lisant le résultat de sa réflexion à cette adresse, vous constaterez que pas mal d'arguments développés rappelent ceux déjà développés en Assemblée Générale céans (en tout cas, les conclusions sémantiques à propos de la "grève" et du "blocage", parce qu'après, peu d'étudiants en droit sont venus faire part de leurs interprétations).
Maître Eolas montre en tout cas une chose importante : le Contrat Première Embauche est une loi très complexe, aux références vers d'autres articles de loi, laissant place ainsi à de multiples interprétations, positives ou négatives. Clairement, le CPE dans cet article semble plus neutre, (et rien que de lire cela, beaucoup vont s'énerver) que présenté par les syndicats. Néamoins mon point de vue ne changera pas concernant le CPE : on ne lance pas de loi sans avoir au préalable négocié au maximum avec les partenaires sociaux.

25 mars 2006

[GREVE] Discussions écourtées, casse, intransigeance... Où la sortie de crise devient de plus en plus pressante

Une chose est sûre et déjà affirmée sur ce blog depuis le début du conflit sur le CPE : que ce soit du côté du Premier ministre et de son entourage, ou bien du côté des manifestants, jeunes ou adultes, personne ne veut infléchir sa postion. L'affrontement tourne donc au bras de fer, à celui qui tiendra le plus longtemps, à celui qui cèdera en premier. Plusieurs facteurs peuvent conduire à cette rupture :
  • Un mouvement de grève paralysant la France, reconductible de jour en jour, type de celui qui a eu lieu en décembre 1995 (nous étions peut être trop jeunes pour en saisir les tenants et les aboutissants, mais nous avons peut être des souvenirs associés, tels nos parents rentrant très tard à cause des trains ou des embouteillages).
  • Une radicalisation des manifestations, non pas du fait des étudiants (qui tiennent pour la majorité à faire du combat contre le CPE une lutte sans trop d'accrocs avec les forces de l'ordre), mais plutôt des casseurs, qui voient dans ces rassemblements l'occasion de casser, frapper et voler. Cette violence pourrait tout à fait être profitable au pouvoir. En effet, du fait du retentissement médiatique, des images de malades en train de se défouler sur une voiture ou une vitrine, certains manifestants potentiels seraient enclins à rester chez eux plutôt que de risquer de se retrouver détroussé ou avec des contusions. Cela fait donc des manifestations moins "grosses", donc un dégonflement potentiel du mouvement.
  • En même temps, le fait de laisser s'installer l'insécurité risque de mener à l'escalade : il ne serait pas étonnant si cela persiste de voir des commerçants ou des manifestants exaspérés (ou extrémistes) sortir le fusil ou le couteau. Dès qu'il y aura un cadavre, un point de non retour sera franchi. Et dans l'idéal, il serait fortement préférable de ne pas en arriver jusque là.
  • L'enlisement du dialogue n'est pas non plus un bon présage, car il risque de lasser et d'un côté les manifestants les moins motivés ou ceux qui sont contre les blocages des universités (encore une fois, je rappelle que cela ne concerne pas l'UVSQ et que certaines facs considérées comme bloquées ont été fermées par l'administration), de l'autre, des députés, notamment de la majorité, qui voient leur parti se rendre de plus en plus impopulaire (antinomiquement à leur slogan), et qui souhaitent lâcher du lest pour éviter la catastrophe des élections (surtout qu'avec encore un an et quelques mois, les sujets de mécontentement ont encore le temps de surgir).
Où est-ce que je veux en venir, me direz-vous? Eh bien, ce qui précède pourrait servire de prospective aux évènements de la fin de la semaine et du week-end.
Jeudi : la manifestation est entâchée par des débordements de casseurs, à la fin de la manifestation, place des Invalides. Naissent des polémiques sur l'intervention tardive des forces de l'ordre lors de la dispersion des manifestants. Toutefois, le ministre de l'Intérieur ne souhaite pas lancer des charges de CRS en plein milieu des bagarres. Toujours est-il qu'il souhaite anticiper l'arrestation de ces éléments qui pourrisent le mouvement.
Vendredi : les syndicats de salariés sont invités à discuter "sans à priori" avec le Premier Ministre. L'entrevue a duré une heure, et les deux partis se sont quittés sans avancer. D'ailleurs, les syndicats promettent désormais de plus revenir à Matignon tant que le CPE ne sera pas retiré. En témoigne cet article du Nouvel Observateur [> :
On ne les y reprendra plus: face au "refus total" du Premier ministre de faire machine arrière vendredi lors de sa rencontre avec les confédérations syndicales, la CGT et FO ont déjà annoncé qu'elles ne retourneraient pas à Matignon sans retrait du CPE. Dominique de Villepin leur avait en effet proposé, ainsi qu'aux organisations de jeunes, de les revoir dès "la semaine prochaine".
"Pourquoi faire?", a expliqué samedi à l'Associated Press Jean-Claude Mailly, patron de FO. "Si le Premier ministre accepte le retrait, on est prêts à le revoir pour discuter de tous les problèmes de précarité et d'emploi des jeunes. Mais si c'est pour recommencer une séance comme celle de vendredi et nous proposer de simples aménagements, ça ne sert à rien de s'y rendre!". "Ce sera difficile d'y aller tant que le Premier ministre campe sur sa position", a confirmé à l'AP Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT.
Quant aux jeunes anti-CPE (UNEF et Confédération étudiante; UNL et FIDL côté lycéens), ils réservaient leur réponse samedi en début de soirée. A midi, faute de retrait du CPE, ils avaient boycotté la réunion à laquelle les avait conviés Dominique de Villepin, le laissant face aux syndicats minoritaires (UNI, FAGE et PDE). La veille, ils avaient déjà décliné l'invitation du ministre de l'Education Gilles de Robien. L'intersyndicale (syndicats, jeunes, FSU et UNSA) se réunira mercredi pour adopter une position commune.
Enfin, Samedi, Dominique de Villepin souhaite rencontrer les membres des syndicats étudiants. Seule l'UNI (droite) et la FAGE (semblant apolitique), notamment ont répondu à l'appel, mais sans que la situation avance de nouveau. La seule nouveauté, est la nouvelle fluctuation dans la ligne de conduite vis à vis du CPE : cette fois-ci, il semblerait prêt à modifier le cadre d'application, notamment sur les deux ans d'essai et la justification de rupture. Mais cela ne satisfait personne.
La volonté affichée samedi par Dominique de Villepin de "répondre" aux préoccupations "rapidement", "par le dialogue", notamment sur les "deux préoccupations majeures" que sont la période d'essai de deux ans et la rupture du CPE, a donc été accueillie avec scepticisme. La seule piste concrète annoncée, le "prolongement des bourses étudiantes" jusqu'au premier emploi, ne concerne pas le CPE.
Autrement dit, rien d'intéressant. En plus, on constate que le CPE ressemble de plus en plus à un élément peu considérable de la part de nos deux plus grands hommes politiques (grands ni en termes de taille ou de qualité, mais plutôt en termes de postes, président de la République exclus) : une bonne grosse partie d'échecs, où chacun y va de son idée pour faire passer quand même le CPE sous d'autres formes (l'idée de Nicolas Sarkozy de faire une expérimentation de 6 mois) ou bien la tentative de conciliation de la dernière chance (un coup dans l'eau pour Dominique de Villepin). L'issue de la partie, on la connait, elle sera en 2007. Reste à savoir qui sera en situation d' "échec et mat". Le problème, dans tout cela, c'est que les revendications des jeunes et des salariés ne semblent pas prises en compte (malgré les déclaration du Premier Ministre affirmant qu'il a entendu les revendications... cela marche très bien ce genre de phrase, De Gaulle l'a utilisée en son temps!). Toujours est-il que pour éviter une montée des périls et un enlisement de la situation, la mise aux oubliettes d'une loi dont personne ne veut serait la meilleure solution.

24 mars 2006

[GREVE/HOAX] le CPE pourrit votre boîte courriel

Sous ce titre bizarroïde, je tenais à vous faire prendre conscience des inepties qui circulent d'adresse courriel en adresse courriel. Le Hoax, c'est ce qu'on appelle en anglais un canular, une nouvelle, avec parfois des fondements plus ou moins réels, mais dont le résultat final induit en erreur ou joue sur la crédibilité du lecteur. Les plus habituels qui circulent, ce sont ceux sur la pauvre gamine dans un hôpital qui voit ses jours en danger, ou bien la conversion de Hotmail en serveur courriel payant (parfois, ce sont des messages qui tournent depuis plusieurs années). Généralement, ils se terminent par une phrase de ce genre :
Je vous remercie de votre attention et d'essayer de diffuser au maximum ce message.
Histoire de colporter une fausse rumeur. Les carnets d'adresses s'étoffant rapidement, on arrive à des quantités importantes de ce genre de rumeurs... Et parfois, cela donne des effets dévastateurs, genre saturation de la boîte courriel en question (personnellement, je renvoie une réponse sèche à celui qui a osé pourrir ma boîte courriel, oui, je suis un mec à principes, on ne plaisante pas avec ça!).
Pourquoi je vous parle de tout cela? Eh bien, parce que comme toute évènement important dans l'actualité, le CPE a le droit à son hoax. Je vous le cite en entier.
Je sais que pour la plupart vous n'en avez rien à faire et vous ne vous sentez pas concernés mais c'est important pour nous étudiants en fac...
Je vous écris pour vous demander votre soutien aux étudiants qui se trouvent pris en otage par les manifestations actuelles mais aussi pour vous exposer la réalité de notre situation bien loin de celle que les médias comme à leur habitude déforme. Je suis étudiante en master de droit des affaires à Paris X - Nanterre et je suis révoltée face au blocus des universités.
Premièrement il faut rétablir la vérité, la majorité des étudiants sont contre ce blocus sauf que nous subissons des menaces et des intimidations alors peu d'entre nous osent prendre la parole. De plus, les médias font preuve d'une véritable manipulation dans leurs reportages et oublient bien souvent de mentionner les moyens totalement anti-démocratiques utilisés par ces manifestants.
Tout d'abord, les assemblées générales qui ont été diffusées à la télévision ne sont qu'une mascarade: ainsi lorsque le résultat d'une première AG avait donné le non au blocus majoritaire, dès le lendemain une seconde AG éait organisée par une minorité de manifestants pour revoter illégitimement le blocus, ne respectant pas la décision des étudiants.
Enfin l'AG réunissant le plus grand nombre d'étudiants jeudi dernier était un véritable scandale: nous étions majoritaires contre le blocus alors ils nous ont d'abord imposé 3 heures de faux débats ( temps de parole inégal et les intervenants autorisés étaient à 90% leurs partisans). Ils ont mené une véritable propagande anti-gouvernementale bien loin du problème du CPE et énoncé des abérrations telles que le CPE facilite le licenciement des femmes enceintes et permet de licencier pour une tenue vestimentaire non conforme en dehors des horaires de travail...

Le problème c'est que la plupart des jeunes (non juristes) le prenne pour parole d'évangile!!!
D'autre part pendant cette assemblée la sécurité laisse des individus circuler avec des foulards cachant leurs visages et manifestement menaçants. Enfin le vote s'effectue à main levée avec des gens qui pour la plupart ne sont absolument pas étudiants mais des syndicalistes ou autres appelés en renfort: nous étions 2000, seulement 750 ont voté pour le blocus et ils ont quand même déclaré que nous avions perdu!!!
Mais le plus grave ce sont les intimidations et la violence de ces gens que les médias ne dénoncent pas: jeudi et vendredi lorsque des étudiants ont voulu entrer dans leur faculté des bagarres ont éclaté à coups de barres de fer, une jeune fille a été poussée dans les escaliers par des représentants de l'Unef et a été sérieusement blessée mais là encore personne ne dit rien ou ne se scandalise: non toute cette violence est légitimée par le droit de grève?!!!

Enfin lorsque les manifestants étaient minoritaires face aux vrais étudiants qui voulaient accéder aux cours, ils ont fait appel à des lycéens de nanterre arrivant en masse et criant. Ces jeunes n'étaient là que pour nous intimider et n'ont trouvé rien de mieux que de se prendre en photo avec leurs portables devant l'université en nous narguant et chahutant démontrant leurs réelles motivations!!!
C'est donc un appel à l'aide que je vous adresse pour les vrais étudiants qui veulent que leur droit à l'éducation et celui de ne pas faire grève soient respectés. Les dirigeants de notre université étant démissionnaires et les médias refusant de prendre en compte notre témoignage, je vous sollicite donc pour nous aider à rétablir la vérité et pour que l'Université française redevienne un lieu où les libertés individuelles peuvent s'exercer loin des propagandes et de la violence.
Je vous remercie de votre attention et d'essayer de diffuser au maximum ce message.

En gros, c'est un message qui se base sur des fait réels, mais, je ne vais pas dire exagérés, plutôt forcés, et ainsi, ils se détournent du véritable déroulement des évènements (encore qu'en 1ère ES, on m'a appris qu'il n'y avait pas une vérité, mais des vérités). En cela, ce n'est pas tout à fait un hoax, mais il importe de ne pas prendre ce message pour argent comptant. Donc, si vous recevez ce message, informez son expéditeur qu'il s'agit de prendre ce message avec des pincettes, et ne l'insultez pas en disant qu'il raconte des bobards.
Pour mettre plus de poids à votre message, insérez un lien vers HoaxBuster, et notamment à cet article [> le site qui s'occuppe avec Hoaxkiller de ce type de message.
Et puis pendant que j'y pense, quand vous recevez un message demandant à la fin de le transmettre à votre carnet d'adresse, passez-le à la moulinette grâce à ce site. Vous éviterez dans certain cas les bévues.

23 mars 2006

[GREVE] Baisse de régime à Saint Quentin, pourtant le mouvement reste fort ailleurs

L'Assemblée Générale d'aujourd'hui semblait être un test pour prendre la température du mouvement, une semaine après la première manifestation à laquelle l'UVSQ a participé la semaine dernière et trois jours après une première AG mitigée. Et force est de constater que ce fut un peu un four. Elle a eu lieu à l'Amphi 1 du bâtiment Vauban, un des plus grands de la fac (puisque Diderot était occupé par un cours). La fréquentation était également en baisse, puisque sur 334 (nombre exact de places de cet amphi), seul environ 130 ont été occupées (selon un comptage de Max au miilieu de l'AG).
D'entrée, les présidents de l'Assemblée on décidé que le nombre de présents ne pouvait être représentatif pour le vote de la reconduite de la grève et que serait uniquement voté l'envoi de délégués pour la prochaine coordination nationale du week end prochain à Aix.

Ce soir, je ne ferai pas un compte rendu détaillé comme à l'accoutumé, car j'ai trouvé cette AG réellement pauvre en nouveautés, et je ne ferai figurer que ce qui aurait pu avoir le plus d'intérêt.

D'abord, un rappel des actions menées durant le début de la semaine
  • Organisation d'un sit-in à Versailles. Les lycéens ont rejoint la manifestation dont le nombre est compris entre 200 et 400 participants. Il n'y a pas eu de troubles à déplorer, l'ambiance était festive.
  • Le comité de mobilisation survit tant bien que mal.
Puis sont arrivées les perspectives et c'est à ce moment que ça a commencer à ramer...
  1. Une étudiante en sociologie a reproché le fait que la grève faisait que les étudiants quittaient les cours, et que ceux qui souhaitaient aller en cours se retrouvaient à quatre ou cinq, et que dans ces conditions les professeurs ne souhaitaient pas faire cours. Aussi, les grévistes étaient plus ou moins perçus comme les responsables d'une sorte de "blocage hypocrite". Elle a ajouté que mardi, des éléments extérieurs (ça marche très bien cette expression dans les JT) ont bloqué les entrées de d'Alembert (à vérifier, je n'en ai pas entendu parler, bien que je ne doute pas de la véracité de cet évènement). Cette première intervention s'est soldée par un brouhaha, un dialogue entre l'intervenant et l'assemblée, qui, pour le dire réellement, faisait peine à voir : des sarcasmes sur l'étudiante en question, des interpellations peu respectueuses etc. Par la suite il a bien été rappelé que la liste de parole devait être respectée, que la tribune devait rester neutre, et que la fac n'était pas bloquée. Si les professeurs font grève, ce n'est pas le fait des grévistes. Enfin, l'étudiante est revenue à la charge au cours de l'AG, malheureusment dans un brouhaha peu propice à un débat serein, autrement dit les arguments développés ont tourné autour du thème : "que proposez-vous? Rien" (ok cela a déjà été dit deux ou trois fois au cours d'AG précédentes).
  2. On a eu un super papier de supers journalistes de Saint Quentin qui nous dénonçait de bloquer la fac. L'occupation de la fac se fait par la présence dans le hall Vauban. On n'a pas l'air menaçant, on peut sortir et entrer sans difficulté. Grève et blocage ont deux sens distincts et cela fait cinqaunte fois qu'on le répète.
  3. [Chargé de cours en Socio] 110 professeurs soutiennent le mouvement, appel à la grève pour mardi prochain. On arrive dans une situation compliquée entre grévistes et non grévistes, où Saint Quentin en fait est "le cul entre deux chaises".
  4. J'ai remarqué que nous étions plus sages à l'Assemblée Nationale (marrant, ça rapelle un commentaire d'Elo ici même!). L'intervenante a développé l'exemple d'un jeune qui était en CDI, qui s'est fait licencier pour être remplacé par quatre CPE à mi-temps. Elle a soulevé ensuite le problème de ceux en CDI qui n'ont plus grand chose à payer une fois le loyer payé (et donc obligés de s'alimenter aux Restos du coeur).
  5. Il y a la forme et le fond de ce débat. Pour la forme, le gouvernement a fait passer sa loi avec le 49-3. Dans la constitution de 1958, c'était pour lutter contre l'instabilité constante du gouvernement. Or aujourd'hui, le Premier Ministre a une majorité comprenant les 2/3 de l'hemicycle. Il n'en ont donc pas logiquement besoin (applaudissements épars). Ce ne sont pas des réformes majeures, mais plutôt de la communication. Il a Sarkozy qui l'attend au tournant pour 2007 et il doit aussi faire dans le libéral pour cette échéance. Dans le fond, c'est un nouveau concept, qui contredit la dignité humaine. Pour les CNE, 70% ont remplacé des CDI. Les garanties financières proposées posent problème, puisque dans le cadre d'un prêt, la banque est prête à faire des prêts, mais c'est l'organisme tiers garant de la banque qui bloque...
  6. Je suis assez déçu de voir que la mobilisation s'essoufle. Concernant le départ : les préavis sont obligatoires allant de deux semaines à un mois. Un employeur s'amusera-t-il à licencier n'importe comment? Il doit verser 8% du salaire depuis son entrée, et 2% pour la recherche d'un nouvel emploi. (brouhaha).
  7. J'ai des périodes contradictoires concernant le licenciement : sous quatre semaine, il n'y a pas de préavis. entre quatre semaines et six mois, c'est deux semaines et au delà de six mois, c'est un mois.
  8. Cette mobilisation n'est pas stérile, se mobiliser est déjà un engagement
  9. Je m'attendais aux critiques sur les alternatives au CPE : je propose l'exonération des PME, baisser les charges, changer le système de chômage : l'inscription à l'ANPE devrait faire s'impliquer les chômeurs dans des associations d'aide, de médiation ou d'insertion
Les perspectives ayant été épuisées pour cette séance, deux votes furent prévus :
  • Le principe de grève jusqu'à la prochaine AG : pour.
  • Désignation de délégués pour participer à la coordination d'Aix : pour.
Donc nous avons eu une AG encore plus ratée que celle de lundi (ça causait moins d'ailleurs), entre le retour perpétuel au blocage qui n'en est pas un. C'est cet argument qui devient de plus en plus crispant, et force est de constater que le message ne passe pas : l'UVSQ, ce n'est ni Rennes, ni Nanterre ni la Sorbonne (pour reprendre l'expression d'une intervenante).
Il convient de se demander pourquoi il y a moins de monde aux AG : en en discutant, j'ai entendu cette hypothèse suivante : deux AG par semaine, c'est trop rapproché. En effet, si à la première le mouvement est reconduit, à la seconde, personne ne vient, la reconduite étant acquise. Cela parait tout à fait plausible.
Puis à 12h30, un petit cortège (une quarantaine de personnes à vue de nez) est parti vers la gare pour prendre part à la manifestation du jour à Paris. Celle-ci pourtant ne s'est pas dégonflée, les lycéens permettant au mouvement de tenir et de faire venir un peu plus de monde. Mais pour cela, Elo vous fera un topo détaillé de la manifestation, entachée une fois de plus par des éléments extérieurs et des casseurs, apparemment attirés par les téléphones portables à faucher, pour jouer au chat et à la souris avec les CRS (mais à voir les images des JT, y en a qui doivent compter leurs bleus) ou tout simplement défonçer vitrines et voitures (lesquelles n'ont rien demandé à personne, et qui pourrissent la vie de leurs propriétaires : pour certains possesseurs de véhicule, c'était le sésame pour le travail).

22 mars 2006

[GREVE] Quand les deux partis bloquent...

Je délaisse pour le moment les comptes rendus d'Assemblée Générale (ma spécialité) pour revenir, à l'instar de Max, sur l'actualité de la mobilisation en France, et de l'affrontement de plus en plus poignant entre un Premier ministre intransigeant et une population croissante (car désormais, on ne peut plus parler uniquement d'un conflit entre le gouvernement et les étudiants, mais plutôt d'un conflit opposant l'ensemble de la société française à ses dirigeants).
Dans l'affaire du CPE, Dominique de Villepin (laissons-lui son nom, faut le plaindre un peu, ce n'est pas marrant d'avoir les deux tiers de l'opinion contre soi! second degré inside) campe ou louvoie sur ses positions. En effet, d'une soirée à une autre, on entend notre Premier ministre dire qu'il "qu'il était prêt à des discussions sur deux points du contrat première embauche" c'est à dire la période des deux ans d'essai et la non-justification du licenciement. Pourtant, pour lui, "Sur cette loi, il y a trois choses qui sont impossibles, leur a-t-il lancé, la première c'est le retrait [...], la deuxième c'est la suspension [...], la troisième, c'est la dénaturation du projet !". Autrement dit, face aux syndicats et aux nombreux manifestants qui réclament le retrait préalable du CPE pour pouvoir discuter, la situation se bloque.
Mais à ce jeu, qui est le plus perdant? Les étudiants ou le gouvernement? Les deux (mon capitaine!), en fait. Puisque d'un côté, on risque de voir des étudiants tourner casaque parce qu'ils sont excédés par les blocage de leurs universités (pour certains, cela fait plus d'un mois que c'est le cas), et donc le mouvement dépérirait de l'intérieur ; De l'autre côté, c'est le gouvernement qui se verrait taxé d'une franche impopularité. Le sondage CSA publié la semaine dernière (réalisé le 14 février) révèle que seulement 36% de la population se disent confiantes en son action "pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays". Ils étaient 47% un mois avant. Lourde chute donc dans les sondages, qui si la situation ne se modifie pas, risque de laisser des séquelles, bien regrettables pour les ambitions présidentielles d'un homme politique qui n'a jamais été élu.
Les seules concessions qu'il est disposé à accorder ne sont pas de son ressort, puisqu'il autorise les partenaires sociaux à réduire la période d'essai, mais pour cela, il faut que toutes les entreprises d'une même branche soient d'accord. Et concède du bout des lèvres que le licenciement pourrait être justifié (et encore, ce n'est même pas sûr). Toujours est-il que Dominique de Villepin entend résister contre vent et marées, alors que déjà dans sa majorité, les rats quittent le navire (second degré inside). Un énième remake du Titanic? En gros, les aménagements prévus se feraient "dans le cadre de la loi" ; belle manière de dire "débrouillez-vous, la loi est votée, c'est à vous de l'adapter", et souhaiter se débarrasser du cadeau qui fait "boum".

Un article de Libération est assez évocateur de cet entêtement digne de la pire mule sur la terre (pardon en passant à ce sympathique animal, dont l'entêtement est généralement justifié, à la différence de notre Premier bourricot) :
Villepin est en guerre et c'est sa majorité qui trinque. Hier soir, il a fait une nouvelle démonstration de son entêtement devant les parlementaires UMP convoqués pour «un pot amical» à Matignon.

[...]

«Tout le monde est sorti estomaqué devant tant de raideur, a raconté un des participants à la sortie. Mais peu osent l'ouvrir : c'est le bal des faux-culs.»
Pour que des parlementaires en viennent à dire cela, c'est qu'il y a un malaise grandissant au sein même de l'UMP. L'article se poursuit en ce sens :
A midi, il se rend devant les députés du groupe UMP à l'Assemblée. Peu de temps avant, la réunion du bureau du groupe a été le théâtre de toutes les craintes. Jean-Paul Anciaux (Saône-et-Loire) a évoqué 1995, le «droit dans ses bottes» de Juppé, la dissolution qui a suivi et la défaite aux législatives. Philippe Briand (Indre-et-Loire) a déploré «le manque d'humanité» du gouvernement et de son Premier ministre.

[...]

Dans les couloirs, un député sarkozyste se lamente : «La seule question qui vaille désormais est : quand Chirac va-t-il le lâcher ?» Claude Goasguen (Paris) reconnaît : «Il est difficile d'expliquer le CPE. Moi-même je n'y arrive pas.» Proche de Sarkozy, Eric Woerth s'interroge ingénument : «Le CPE n'est pas un outil indispensable pour lutter contre le chômage. Est-ce que tout cela en vaut bien la peine ?»
Révélateur, non? Beaucoup de ces parlementaires voient leur avenir attaché à celui de la forteresse H.M.S Villepin.
Et pendant ce temps, les étudiants, les salariés sont en train de se masser pour des manifestations de plus en plus importantes, de plus en plus suivies, à commencer par celle de jeudi. Puis par la grève prévue mardi (apparemment une journée). En lisant ces quelques citations plus haut, on se dit que les parois commencent peut être à se lézarder. A moins qu'un garde ne tourne sa veste et ouvre la porte...

21 mars 2006

[GREVE] Une AG en demi-teinte?

Avant de commencer, je me suis aperçu que Max m'avait "grillé" mon titre pour faire son dernier billet. Donc ce n'est pas grave, j'ai revu le mien. Voici donc le compte rendu de l'AG de lundi dernier . Une AG, qui avait un goût différent des deux précédentes :

D'abord, il y a eu un bilan de la mobilisation de la semaine dernière.

  • Les deux dernières manifestations ont fait descendre un nombre très important d'étudiants et de salariés (manifestation de jeudi) dans la rue, et en cela, on peut tirer un très bon bilan de la mobilisation, puisque ces deux dernières manifestations ont mobilisé plus de monde que durant celle du 7 mars. Qui plus est, le mouvement de grève touche désormais 69 facs sur 84. A Saint Quentin, nous avons eu un cortège d'environ 500 personnes et nous avons occupé une nuit (de jeudi à vendredi) dans une ambiance festive la fac. Nous sommes près du but. A Dijon, il y a eu ce week end une réunion de Coordination Nationale, pour définir les perspectives d'actions à venir. Désormais, on voit Dominique de Villepin qui dit "je suis désolé, j'aurais pu m'y prendre autrement". Le CPE ne peut être retiré quoi qu'en dise De Villepin. 68% des français sont pour son retrait.
  • La coordination présente à Dijon propose plusieurs actions à mener dans le courant de la semaine : le 23 mars, mobilisation générale à Paris, les syndicats se joignent au mouvement de protestation, la coordination encourage à poursuivre la grève, à reporter les élections au CROUS qui ne pourront se faire dans de bonnes conditions du fait du blocage ou de la fermeture de certaines universités, à l'amplification du mouvement. De plus le 26 mars, les syndicats appellent les salariés à la grève.

Une nouvelle suite d'arguments furent développées, et c'est à partir de ce moment que j'ai trouvé qu'il y avait une sorte de "souffle au coeur" dans cette AG : exceptionnellement, les arguments seront très complets, car les intervenants ont pour la plupart adopté un rythme trop rapide pour ma prise de notes (donc vive le micro)...

  1. Il est très important d'être motivés sur les questions de société. L'occupation des facs me surprend, puisque symboliquement, l'occupation rend la fac à l'étudiant. Mais a-t-elle déjà prise aux étudiants (silence puis applaudissements). Il s'agit de se réapproprier des locaux qui ne nous ont pas été volés et encore moins par le CPE. C'est un amalgame entre la situation des universités et le CPE. Il est dommage d'établir des modules de réflexion sur le CPE après avoir fait la grève. Est-ce qu'il n'aurait pas été plus sage de commencer par une grande réflexion pour ou contre le CPE, puis voir s'il est nécessaire ou non de faire la grève? Je suis sûr que Gilles de Robien et Dominique de Villepin lorsqu'ils disent "nous somment prêts à écouter" ne sont pas totalement en dehors de la réalité (huées, applaudissements). C'est une manoeuvre destructrice de commencer par la grève. Que proposez vous à la place? Rien (huées, applaudissements, ovations)! Je souhaiterais que l'on retire les banderoles "UVSQ en grève", car elles ne concernent pas toute l'UVSQ : Leclerc n'est pas en grève! (applaudissements, huées).
  2. [Lucas, notre nouveau blogueur a pris la parole] Vous avez raison, le CPE, n'est pas sans risque. Il provoque la précarité, néamoins, ce n'est qu'un contrat, qui peut tout prévoir, un support, que l'on peut aménager. Seul les entreprises peuvent l'aménager, car seules les entreprises l'utilisent. Et je pense à des entreprises qui n'existent pas encore. Et je voudrais savoir ce que vous, qui êtes dans cette assemblée, vous attendez (interpellation : - le retrait du CPE). Très bien, retirez le CPE. Dans ce cas, je vous pose cette question : comment vous allez faire pour résorber les 25% de chômeurs? (interpellation : - cela n'a rien à voir, huées, applaudissements). Si vous embauchez cinq personnes. Avec ces cinq personnes, sur lesquelles un patron aurait gagné 20% de côtisations. Si vous faites la multiplication, vous gagnez un salarié.
  3. J'entends beaucoup de choses sur le patronat. Comme quoi c'était un cadeau qu'on leur faisait. Mais il faut garder à l'esprit qui dirige les entreprises (interpellation : - les salariés, huées). La situation des salariés est dans certains cas plus confortables que certains patrons, et en France, les ennemis des syndicats sont ceux qui la font vivre (ovations, huées). Entre un facteur et un mec sorti de l'ENA, il y en a un quand même qui plus capable que l'autre de diriger la France (cris, brouhaha). On a voté pour ce gouvernement, il est là pour cinq ans, laissons-le terminer (applaudissements)
  4. Arrêtons avec les lieux communs : ceux qui sont contre le CPE sont des communistes, ceux qui sont pour sont des facsites (applaudissements). Pour répondre à l'étudiant qui se demandait pourquoi ne pas discuter du CPE avant de se mettre en grève, je dis qu'il aurait fallu en discuter avant de le voter (ovations).
  5. Je suis salarié, et je galère. Aujourd'hui, je vois beaucoup de jeunes, de 20 à 26 ans et au delà à qui on propose un CDD, à qui on fait miroiter un CDI. On vous prend votre temps d'étude, on vous donne un petit salaire, on vous fait miroiter un avenir radieux, le CPE ou le CNE, qui laissent deux ans de plus d'essai. Cette situation devrait déjà être cloturée. Les jeunes sont suffisamment précarisés (ovations, sifflets). Ce sont toujours les mêmes personnes qui doivent faire un effort, ce sont les employés qui accomplissent le plus gros du travail (applaudissements).
  6. [Lycéen d'un lycée de Trappes] On a démarré une grève vendredi au lycée, demain on bloque notre lycée et on va manifester à Versailles devant la mairie (applaudissements, huées). Personne ne rentre avant 13 heures dans le lycée. Nous sommes également contre le CPE, contre une loi passée en force, et à chaque fois, le gouvernement n'y parvient pas du fait de l'opposition que la population manifeste (applaudissements, ovations).
  7. [Etudiant de Nanterre] Ma fac subit le blocage de De Villepin, puisque l'administration a fermé les bâtiments jusqu'à nouvel ordre, donc nous ne pouvons plus nous réunir. A l'UVSQ, vous avez de la chance, le dialogue est resté plus longtemps à l'intérieur de votre université (applaudissements). Le gouvernement reste face à cela complètement sourd, malgré les 500 000 jeunes, les 1,5 millions de personnes toutes générations confondues. Les seules revendications entendues par le gouvernement sont celles du MEDEF (applaudissements). Ce qui se passe est extrêmement grave, nous avons une jeunesse dans la rue et le gouvernement ne répond pas. Il y a donc aucune perspective d'avenir ainsi (applaudissements).
  8. On vient de voir des idées peu courantes. Pourtant, nous faisons par notre travail vivre les patrons. Ils se font de l'argent sur notre dos (applaudissements). Un travail donne accès à tout ce qu'il faut pour construire quelque chose autour. Comment faire si pendant deux ans on ne peut se loger etc.? Maintenant je veux parler de la coordination nationale. On ne se bat plus aujourd'hui contre le CPE, mais aussi contre le projet de "loi d'égalité des chances". Peut-on accepter de travailler à 14 ans, et travailler de nuit à 15? Est-ce un progrès social? (applaudissements). Ici, il n'y a pas de débat, il y a des initiatives, mais pas assez d'investissement. Il faut faire pression sur les partis (applaudissements).
  9. Je propose la formation d'un groupe "alter-CPE" pour proposer des alternatives au CPE, faire du lobbying pour ces alternatives. Et pendant que l'on hurle contre De Villepin, il y en a un dans l'ombre qui attend et récupère des voix, c'est Sarkozy (interpellation : - 12%). Il y a d'autres mouvements, aux objectifs divers : unissons-nous (l'intervenant a mentionné la "pute pride" de ce week-end protestant contre la loi Sarkozy).
  10. On vit effectivement dans un pays où les salariés produisent la richesse. Il y a des bénéfices records dans les grandes entreprises françaises (12 milliards d'€ l'année dernière, applaudissements) Cela donne 108% d'augmentation pour les actionnaires, et 1% pour les salariés. Est-ce normal? On vit dans un monde où les entreprises sont dirigées par une minorité et une élite qui croit qu'avec les cadeaux au patronat, on résoudra les problèmes. Les gouvernements depuis trois ans (Raffarin plus Villepin) on précarisé le travail en France. Le chômage n'a pas baissé, il augmente. Le CPE ajoute la possibilité de virer un salarié à tout moment (applaudissements).
  11. Tout le monde nous dit "pas de blocage à l'UVSQ". Les lycéens arrivent, ils nous parlent de bloquer leur lycée, et tout le monde ici applaudit (cris). Ensuite, en écoutant les intervenant, vous critiquez plus l'action du gouvernement, la droite, le MEDEF qu'autre chose. Pour cela, il faut voter (interpellations : - voila! puis huées, applaudissements). En France, les mesures de la gauche (les emplois jeunes), n'ont pas fait mieux (cinq ans de travail dans la fonction publique puis plus rien). De Villepin prend une mesure libérale, mais tente de faire évoluer les choses (applaudissements). Est-ce que le gouvernement Jospin a réussi à faire baisser le chômage (interpellations : - oui). Faites grève mais ne parlez plus de blocage (applaudissements, huées).
  12. J'ai déjà pris la parole la semaine dernière contre le blocage (huées, interpellations : il n'y a pas de blocage, on n'en a pas parlé). Très bien, ce n'est pas à l'ordre du jour. Mais je veux rebondir sur autre chose : Comment faire fonctionner une entreprise sans patrons dans une société capitaliste actuel? C'est tout simplement impossible (applaudissements, brouhaha). Le fonctionnement d'une entreprise doit être basé sur une relation d'échange et de coopération.
  13. La proposition d'un groupe alter CPE est très intéressante. La coordination, du fait de l'importance de développer des actions communes, ne peut assurer pleinement ce rôle. Tout ce qui nous unit, c'est le retrait du CPE, du CNE et du projet de loi d'égalité des chances. Il faut mettre des étapes dans la mobilisation et ne pas s'éparpiller. Enfin, concernant le blocage, l'université et le lycée, ce n'est pas le même univers. Laissons-les faire ce qu'ils veulent, ils ne viendront pas bloquer l'université pour autant (applaudissements).
  14. Lors des élections de 2002, nous avons du faire barrage au FN. Et maintenant, les gouvernements de droite se prennent des raclées à toutes les élections, aux régionales, aux européenes, sans compter la claque que fut le 29 mai 2005 et la constitution européene (applaudissements). Pour 2007, j'espère que cela changera (applaudissements)
  15. [Elodie, notre seule et unique blogueuse a pris la parole] Je me mobilise tout le temps, dès qu'il y a un projet indigne proposé par le gouvernement. Le PS aurait présenté le CPE, pour moi, cela aurait été du pareil au même. Je voulais revenir sur un article du Parisien dimanche. François Goulard, le ministre délégué à l'éducatiion et la recherche, à la question : "votre réaction après ces manifestations massives?", a répondu : "De nombreuses organisations ont en effet mobilisé. Mais il y a chez les jeunes de l'incompréhension, largement imputable à une méconnaissance de la réalité du travail.". A une méconnaissance de la réalité du monde du travail... Il s'adresse à 800 000 étudiants salariés qui ne savent pas ce que c'est que le monde du travail !? (applaudissements) C'est justement parce que les étudiants savent ce qu'est le monde du travail qu'ils se battent contre le CPE (applaudissements)
  16. La question de la démocratie : l'UVSQ est bien en grève, et l'AG n'en est que sa représentation. Le débat qui s'y déroule représente cette démocratie. L'AG est souveraine et décide si oui ou non il y a grève. La grève est donc légitime (applaudissements, huées éparses). La mobilisation s'amplifie, avec 69 universités et 68% de l'opinion française contre le CPE (ce matin, un sondage LH2 pour le journal Libération donne 73% des français contre le CPE. Il décompose par ailleurs cette opinion globalement hostile au CPE entre ceux qui demandent que Dominique de Villepin "modifie le CPE" (38%) ou "l'abandonne totalement" (35%)). On touche la victoire du doigt, on va arriver à faire plier le gouvernement (ovations).
  17. Ce projet, c'est une question de sécurité sociale. On sécurise à tour de bras, mais à présent, il faut se poser une question sur la situation de vie des gens. Quand on précarise l'emploi, quand on précarise le logement, peut être que nos dirigeants pourraient se dire "prenons des mesures qui vont permettre à nos citoyens de vivre dans un monde où la liberté, l'égalité et la fraternité se retrouvent.
  18. [Lucas reprend la parole] N'oubliez pas votre objectif principal. Plus vous vous éparpillerez, moins vous serez puissants. Moins vous serez puissants, moins vous serez écoutés. Moins vous serez écouté, et là, vous avez compris ce à quoi je pense. Ne bougez pas de ligne, sinon, vous passerez pour une chose : une bande d'abrutis (applaudissements).


Les deux derniers arguments ont été développés dans les perspectives, j'ai fait le choix de les intégrer au débat.

Après cette salve d'arguments, les perspectives (quand on retrouve un slash, ce sont plusieurs intervenants qui ont développé ou ajouté des propositions à une perspective similaire).

  • Nouveau pique nique mercredi, pour discuter à nouveau du CPE.
  • Demain, assemblée générale à Versailles. Suite à cette AG, nous pourrions faire un sitting devant la mairie de Versailles, où l'on peut faire une manifestation médiatisée et pacifique. / Je pense qu'il serait mieux de faire une AG commune à Versailles. Pour le sitting, ce serait mieux sur la place d'armes. Le château est plus symbolique ou bien devant la préfecture. / Il faut plutôt aller à la mairie, voire rentrer dedans, elle est tenue par un député maire UMP, et ce sont ces gens qui
  • Manifestation centralisée à Paris, jeudi 23. Participons à cette manifestation, et préparons une AG juste avant à 11h.
  • Comité d'information : on s'aperçoit qu'il y a des lacunes au niveau de l'information véhiculée : le blog se voit enrichi de liens vers les alternatives et d'un forum pour débattre, rajout d'un point d'information quotidien.
  • Mercredi, il y a les élections au Crous : elles doivent être boycottées. Dans ces conditions, elles ne peuvent être considérées comme légitimes.

L'AG s'est terminée sur les votes

Continuation de la grève : pour (comme la dernière fois, l'amphi a commencé à se vider après ce vote).
Pique-nique mercredi : pour.
Sitting mardi devant la mairie de Versailles : pour.
AG commune à Versailles : pour.
Manifestation collective des jeunes jeudi avec un cortège UVSQ : pour.
Boycott des élections du CROUS : pour.


Alors, vu que Max m'a dépassé, je vais tenter d'expliquer son point de vue (pourquoi il a estimé que le mouvement s'essoufflait).
Premièrement, la fréquentation : elle était certes moindre (parfois une place sur deux était inoccupée). Selon Elodie, cette AG se serait décidée tard vendredi dernier, et l'info ne serait pas remontée assez vite. Soit, en tout cas, cela semblerait plus plausible.
Deuxièmement, sur les arguments développés, on a senti une présence plus importante de contradicteurs, cela apporte de la fraicheur au débat, c'est bien. Maintenant, j'ai eu l'impression qu'on commençait à tourner un peu en rond, entre les appels contre le blocage, ou l'exposition d'arguments fleurant le communisme (les patrons qui se font du pognon sur le dos des salariés exploités) ou la pique "juristes, médecins, étudiants de droite quoi". Bon, OK, mais là, ce serait refaire la société entière, on discute plus du retrait du CPE (ces arguments sont restés au nombre de deux, plus un pour contredire ces assertions, somme toute, c'est raisonnable).
Troisièmement, concernant l'ambiance, il y avait beau avoir moins de monde, l'ambiance n'en était pas moins calme, en témoigne mes didascalies (huées, et interpellations notamment). Mais à ce stade, j'imagine que ce ne sont plus des huées parce que l'intervenant a dit une énormité, mais plutôt pour le plaisir d'hurler, boaf bis.
Je pense surtout que cette AG du lundi est un accroc dans le mouvement de mobilisation et que celui-ci rebondira s'il y a plus d'informations. Mais à présent, il serait souhaitable d'entendre un peu plus d'idées nouvelles, car "de la routine nait l'ennui" comme dit le proverbe.
Enfin, je voulais revenir sur le vote. Le plus important est la reconduite de la grève, mais une fois qu'il est voté, tout le monde quitte l'amphi. Et les perspectives suivantes sont votées à la hussarde (qui ne prend pas part au vote? ... qui s'abstient? ... qui est contre? ... qui est pour?, les silences sont très courts, il n'y a plus de compte de voix). Ne serait-il pas mieux de voter en premier les perspectives secondaires puis ensuite de statuer sur la grève? Cela permettrait des votes un peu plus logiques, parce que dans le cas de cette dernière AG, j'ai eu l'impression que nous faisions la hola...
Quoiqu'il en soit, rendez-vous jeudi pour voir si la mouvement de mobilisation faiblit ou non.

20 mars 2006

[BUZZ] Internautes, faites découvrir Blog-UVSQ

Deuxième fournée : les affiches du blog
Dans les derniers commentaires, on nous a fait remarquer (j'emploie "nous" car nous sommes désormais quatre contributeurs pouvant livrer nos péroraisons sur le CPE et le déroulement de la mobilisation céans), que ce blog mériterait à être mieux connu. Grâce à Blogger (propriété de Google, soit dit en passant), il fut correctement référencé, répondant présent aux mots clés adaptés à la conjoncture (tel CPE, Grève, UVSQ). Mais comme peu de monde semble le connaître, j'ai mis en place des petits flyers que j'ai accroché aux panneaux d'expression étudiante. Désormais, si vous le souhaitez, vous pouvez diffuser vous même autour de vous ce blog. Faisons comme les syndicats, crééons quelques goodies pour les internautes!
Pour cela, je vous ai concocté deux petits documents word, avec l'affiche à imprimer. Vous avez le choix entre deux types :
le "pleine page" paysage [cliquer ici pour télécharger]
les "quatre flyers" en portrait [cliquer ici pour télécharger]
Au final, cela ressemble à ça



Ensuite, libre à vous de les coller, de préférence sur les panneaux d'expression étudiante (et pas n'importe où).
Je tiens à préciser que ce n'est pas une basse méthode de racolage pour faire venir un max de visiteurs et que je n'ai pas chopé la grosse tête!

[GREVE] Guerre des affiches, acte 1

Premier post d'une série de trois de ma part : Ce matin, la campagne de collage sauvage d'affiches sur les différents bâtiments de l'université. Pêle mêle, on trouve : les jeunes populaires (UMP) à la BU, RED (Rassemblement des Etudiants de Droite) sur le bâtiment abritant les logements étudiants et le RU et UNI (aux abords de l'université). Les affiches ont été arrachées (parce que ça fait vraiment crade et parce que ça ressemble plus à de la provoc', l'université de Saint Quentin en Yvelines étant notoirement à gauche) dans la matinée. Voici donc un billet qui fait très "faits-divers-chiens-écrasés', mais qui, pour rajouter un peu plus de matière, est augmenté de quelques photos prises par votre serviteur :


UMP à la BU

RED (1) sur le bâtiment du CROUS

RED (2) sur Vauban

Une chose est sûre, la guerre des affiches est lancée. L'outrageuse provocation arrachée ou annotée de commentaires pertinents (second degré inside), l'harmonie est revenue à l'UVSQ!

18 mars 2006

[GREVE] : Le CPE, presque dans l'impasse...

Pas de triomphalisme, ce n'est pas encore fait. Mais il faut avouer que cette semaine fut intense en termes de désaveu contre le CPE :
Au niveau local, l'UVSQ a rejoint le mouvement de contestation mardi dernier (14/03/2006), et a participé à sa première manifestation jeudi dernier (16/03/2006).
Au niveau national, jeudi était le jour de la grande manifestation contre le CPE. Contrat rempli, puisque selon les chiffres (comme d'habitude avec un delta important) le nombre de manifestants compris entre 247 000 et 500 000 individus. Bon point, puisque c'est plus que la manifestation du mois dernier (chiffre non trouvé, merci de me l'adresser en commentaire).
Plus emblématique, fut la publication le même jeudi d'un sondage CSA, où 68% des français sont "pour le retrait du CPE", ce qui devrait normalement faire réfléchir nos dirigeants.

La manifestation de jeudi dernier fut très médiatisée, notamment pour les incidents et heurts qui l'ont émaillé en fin de journée. Toutefois, il ne s'agissait pas en majorité d'étudiants, mais plutôt de casseurs et autres militants d'extrême droite "casqués et armés de barres de fer", qui n'ont aucun rapport avec le reste du mouvement. Au contraire, les ravages qu'ils ont provoqués dans le quartier latin pouvaient dans leur idée servir à discréditer le mouvement, liguant contre eux le reste de la société française. Raté, puisque la société française, ce ne sont pas que des citoyens qui regardent leur poste de télévision, écoutent la radio ou lisent les journaux, ce sont aussi des pères et mères de famille qui s'inquiètent pour l'avenir de leur fils ou fille. En cela, on peut expliquer le fort résultat du sondage que j'évoquais quelques lignes plus haut.

Ecoutant moi même la radio ce matin (Europe 1 notamment) deux chroniques : "La France vue par la presse anglo-saxonne de Jean-Bernard CADIER", et "L'éditorial politique de Catherine NAY". La première présente l'oeil des journaux anglos-saxons :
"Il y a dans le vocabulaire politique français des mots intraduisibles en anglais : précarité (Observer). Pourtant c'est un mot indispensable pour comprendre la France d'aujourd'hui. Dans l'ensemble, le CPE est une bonne idée mal présentée : Dominique de Villepin a été imprudent de faire passer une nouvelle loi sans concertation préalable et sans se conformer à des procédures habituelles.
Le Guardian prend au sérieux le débat en France, et écrit que seule la France a une capacité unique de rappeler au monde quelles sont les questions importantes.
Le New York Times explique qu'en France les manifestations sont le seul moyen de se rappeler au gouvernement.
Le Financial Times se demande comment va se terminer la crise. D'ordinaire, Jacques Chirac cède aux jeunes, mais cette fois-ci, il soutient son Premier Ministre. Le Financial Times parle aussi du soutien ambigu de Nicolas Sarkozy. Si le gouvernement recule, il lui sera difficile de demander des réformes. En conclusion, Chirac, De Villepin et Sarkozy pourraient être comparés à trois alpinistes encordés. Si l'un tombe, il entraînera dans sa chute les autres

L'éditorial de Catherine NAY fait une rétrospective de la politique d'emploi de Dominique de Villepin, depuis son accession au poste de Premier Ministre.
A son installation comme Premier Ministre, Dominique de Villepin avait reçu les partenaires sociaux, en parlant de "flex-sécurité", son projet pour l'emploi, sans aller plus loin. Le CNE, adopté par ordonnance avait créé une première surprise. C'était risqué, mais ça marche, apparemment 350 000 auraient été conclus. Encouragé par ces résultats, le Premier Ministre a voulu aller plus loin. suite à la crise des banlieues, il propose une sorte de clone du CNE, le CPE, sauf qu'il concerne les entreprises de plus de 20 salariés. Il avait ses raisons politiques, face au Ministre de l'Intérieur, il entendait démontrer qu'il pouvait être un possible rival pour Nicolas Sarkozy. Dans une sorte d'échappée du peloton, il a concocté le CPE tout seul : ses ministres, sa majorité et les syndicats l'ont découvert seulement au moment où il l'a présenté, le 16 janvier. Cette précipitation était l'erreur à ne pas commetre, surtout en termes d'emploi pour les jeunes. L'histoire des 20 dernières années regorge d'exemples. De plus, l'absence de pédagogie et de patience envers l'opinion a fait apparaître un "contrat kleenex", voire un problème de société. Les syndicats se font donc intransigeants, bien que pour l'heure, Dominique de Villepin se refuse à toute interruption du processus. Pourtant, hier face aux directeurs d'universités qui lui ont dit "on va au clash", il a laissé quand même entrevoir la possibilité d'un dialogue.

Au regard de ces deux articles, un point commun domine : la précipitation de notre Premier Ministre a braqué les deux tiers de la population.

Enfin, une "perspective" trouvée dans le 20 Minutes d'hier : Celle-ci avance que le CPE est en état de "mort clinique". Rien que ça!
Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si le CPE est bon ou mauvais pour l'emploi, s'il doit être retiré ou maintenu [...] La rue ne fut que l'ultime hémorragie ; il avait déjà été mis à mal par la précipitation, la négligence et la légerté [...] L'amateurisme fut l'autre marque de fabrique du CPE et avant cela du CNE ; on les sait d'une extrême légerté juridique ; ni l'un ni l'autre n'échapperaient à un tir de barrage d'actions en justice menées par les salariés licenciés sans motif dans le cadre de ces nouveaux contrats.

Après ce portrait sans concessions, le chroniqueur démontre aussi que 20 années de politique continue en termes d'emploi que ce soit de la gauche ou de la droite, n'ont pas arrangé la situation : "la droite et la gauche s'étant piteusement passé le relais de mesurettes dans ce domaine". Eh oui, les vérités sont difficiles à entendre.

Le dernier coup de semonce, ce sont les sarkozystes qui le donnent (par le biais de Patrick Devedjian, Monsieur Grande gueule de la droite voir le billet "Etudiants, méfiez vous, la droite vous diabolise") :
Patrick Devedjian a jugé vendredi 17 mars que le Premier ministre Dominique de Villepin a fait un "choix un peu aventureux" avec le Contrat première embauche. Ce proche de Nicolas Sarkozy estime en outre que, sans dialogue social approfondi, le CPE "ne peut être qu'une mesure d'expérimentation".
"Nous aurions fait sans doute autrement si Nicolas Sarkozy avait conduit la politique du pays", note Patrick Devedjian dans un entretien à Radio Notre Dame, RCF et La Croix, publié vendredi dans le quotidien. "Mais quand on est sur le même bateau, on suit les instructions du capitaine".

Et pan, le coup de poignard dans le dos! "Si Nicolas Sarkozy avait conduit la politique du pays". Cette phrase acerbe ne pourrait être qu'un coup d'esbroufe, quand on lit l'interprétation que le postais plus haut (celle des alpinistes)... Ne lui laissons pas ce plaisir!

16 mars 2006

[GREVE] Une nouvelle AG, de nouvelles perspectives ?

Aujourd'hui à 11 heures a eu lieu la nouvelle Assemblée Générale, deux jours après celle qui fit rentrer l'UVSQ dans le mouvement de grève. Tout d'abord, en deux jours, le mouvement s'est encore amplifé, puisque l'on parle désormais de 64 universités en grève (chiffre de l'UNEF, pas vérifiable pour le moment via Internet, les grands journaux n'ayant pas encore fait leurs mises à jour).

Alors, pour commencer, voici le compte rendu de la dernière Assemblée Générale :
Premièrement, le bilan de la mobilisation depuis mardi dernier :
  • Commission Action : répartition des étudiants mobilisés, informations sur les différents sites de l'UVSQ (IUT Rambouillet par exemple), création d'une buvette pour la fabrication du matériel de manifestation (pour éviter le rangement sous des bannières d'autres mouvements) , mise en place de nouvelles affiches d'information à disposition des étudiants.
  • Commission Information : Ouverture d'un blog (disponible dans les liens de celui-ci :
    http://uvsqcontrelecpe.over-blog.net
    ). Affichage d'articles locaux et de revues de presse nationales.
  • Commission Réflexion : Analyse du texte de loi, confrontation d'arguments entre les différents points de vue, affichage de ces éléments de réflexion, projet de débats entre étudiants ou au mieux avec des professeurs dont le domaine permet de donner des arguments pour ou contre le CPE (en droit et en éco), dans l'idéal un débat neutre. Constitution de textes pour les tracts.
Deuxième mouvement, les perspectives, les arguments.
  1. Proposition d'un rendez vous pour un pique-nique face au bâtiment d'Alembert pour discuter en dehors des AG et des amphis. Constitution et présentation d'idées alternatives au CPE (pour répondre à la critique principale : vous êtes contre, mais proposez plutôt que de critiquer).
  2. Le mouvement est plutôt bien parti puisqu'aujourd'hui, 64 universités sont en grève. Proposition de reconduite de la grève (huées, applaudissements). Si vous êtes contre, descendez, donnez donc votre avis, plutôt que de siffler. Le mouvement contre le CPE doit passer par des initiatives festives.
  3. Nous ne sommes pas passifs vis à vis de ce que l'on dit sur nous. Je ne comprends pas pourquoi certains se permettent de nous dire "vous n'avez pas le droit d'étudier". Si aujourd'hui le blocage n'est pas proposé, s'il l'était demain, je suis sûr que la majorité des étudiants seront contre. Personne ne peut dire "En France vous voulez étudier, fort bien, mais vous ne le ferez pas car nous sommes contre une loi" (applaudissements). Bloquer une fac, c'est nous aliéner le droit d'étudier, pour rentrer dans la vie active. En ayant des diplômes nous nous donnons des armes pour lutter contre la vie de tous les jours. Sachons voir les avantages dont on dispose et respectons aussi ceux qui nous les donnent.
  4. [Représentante de l'Assemblée Générale des professeurs] Motion signée pour ne pas pénaliser les étudiants (une cinquantaine de signatures, dont la liste est affichée un peu partout dans les locaux). Tout le personnel pourra signer une nouvelle pétition pour se prononcer contre la loi.
  5. L'occupation ne veut pas dire blocage. C'est une action symbolique, il ne faut pas exagérer. Personne n'est empêché d'aller en cours
  6. J'ai du respect pour ceux qui nous ont ouvert l'accès à l'université, mais je n'ai aucun respect pour ce gouvernement qui n'écoute personne (applaudissements). Je n'ai pas de respect pour un ministre qui fait passer en force une loi, pour ces dirigeants sortis de l'ENA qui sont coupés du peuple (ovations). On n'écoute pas la rue, qui pourtant désavoue chaque année la politique du gouvernement. Il est temps que la rue s'exprime. Il faut s'occuper de ce problème et ne pas tomber dans le piège où ce n'est pas parce que le gouvernement ne nous écoute pas que tout est joué.
  7. Il ne faut pas alimenter la psychose du blocage, nous ne sommes pas à la Sorbonne, il n'en est pas question ici. L'occupation de cette nuit est une opération médiatique.
  8. A Versailles, 300 personnes sont réunies alors que l'université ne s'était pas mobilisée en 2003.
  9. [membre de l'UEC] (applaudissement et huées). Si on veut se faire entendre, il faut descendre dans la rue bien que tout le monde souhaite obtenir son année. Au début de l'année, nous avons tenté de faire un mouvement parce que les gens qui nous offrent le droit d'étudié nous ont floués de 6 millions d'euros, six millions qui servent à faire fonctionner la fac dans de bonnes conditions (entretien notamment, regardez au plafond de l'aile B 3ème étage de d'Alembert...) (applaudissements). J'ai d'autres actions à vous proposer : des actions médiatiques, comme aller occuper la mairie de versailles (applaudissements et huées éparses), la rue des Chantiers qui contient un grand nombre d'agences d'Intérim ("faisons chier les bourgois" en français dans le texte).
  10. En 2003 on s'est battu contre la modernisation des universités, nous sommes parvenus à conserver notre système éducatif, même s'il n'est pas parfait (1 étudiant sur 2 quitte la fac sans diplôme). Aujourd'hui, c'est le CPE qui nous importe, et cela se passe à Paris aujourd'hui. On ne parle pas de blocages, mais d'actions positives
  11. Il y a eu hier une délégation reçue par la présidente de l'université, pour demander l'absence de sanctions vis à vis des étudiants sur tous les établissements de l'UVSQ et lui demander de prendre position pour ou contre le CPE.
  12. [Secrétaire du SNESUP]. Pétition signée par une cinquantaine d'enseignants. Prochaine pétition intégrant les personnels IATOS pour généraliser la non pénalisation des étudiants. Pour la dynamique et la pérennité du mouvement, il est essentiel de ne pas donner le prétexte de faire les tueurs à l'UVSQ (à la Sorbonne, il n'y a plus un moyen de réunions).
  13. Arrêtons de considérer les grévistes comme des glandeurs (applaudissements).
  14. Le mouvement prenant de l'ampleur, ce week-end se tiendra une coordination où chaque université envoie une délégation à Dijon pour discuter du mouvement.
  15. A présent place à la manifestation! (ovations) Je respecte ceux qui sont pour le CPE ceux qui veulent travailler (voix pleureuse). Et après la manifestation, occupation des locaux (ovations) !
Après ces expositions d'arguments, le troisième et dernier mouvement fut les votes :
  • Reconduite de la grève : pour (Après ce premier vote, la majorité de ceux qui étaient contre la poursuite du mouvement a quitté l'amphithéâtre)
  • Rendez-vous pique-nique vendredi : pour.
  • Occupation des locaux : pour (17 ne prennent pas part au vote, 12 s'abstiennent, 7 sont contre).
  • Manifestation devant la mairie de Versailles : pour (12 ne prennent pas part au vote, 7 s'abstiennent, 4 contre).
  • Occupation de la gare de Versailles-Chantiers : contre (14 votent pour)
  • Appel pour une prise de position de la présidence de l'université : pour
  • Constitution d'une délégation pour la réunion de Dijon : pour
Donc le mouvement se poursuit. les initiatives se multiplient, et plusieurs fois, les grévistes réaffirment leur volonté de ne pas bloquer l'université et son fonctionnement. Il y a deux ans, il n'y avait eu qu'une seule journée, on ne peut guère comparer l'UVSQ et Rennes, où le blocus est présent depuis un mois déjà.
Concernant la présence à la gare de Versailles Chantiers, je tiens à présenter mon point de vue. Un blocage sur les voies est la pire chose à faire. En effet, les usagers (puisque c'est comme cela qu'il faut appeler les voyageurs de la SNCF/RATP) goûtent peu les perturbations sur le trafic en fin de journée, leur journée de labeur achevée. L'irritation de certains voyageurs (laquelle passe très bien sur les chaînes de télévisions) peut contribuer à décrédibiliser le mouvement et a voir s'opposer deux générations l'une contre l'autre. Une des meilleures stratégies pour commencer à faire dégonfler un mouvement. Passe encore la distribution de tracts, cela ne met pas (en théorie) en rogne les voyageurs exténués, mais ne touchons pas aux trains!
A propos du déroulement de l'Assemblée Générale, on a pu constater une présence plus importante d'étudiants contre la mobilisation (plus de huées), mais malheureusement, l'opposition semble avoir des scrupules à prendre le micro pour exposer ses idées. Bien sûr, il y a le risque de se mettre les deux tiers de l'amphi sur le dos, mais pourtant l'AG sert à ça (en théorie). De même, quelle importance pourrait-on apporter aux votes, cette opposition ayant quitté l'amphi une fois le vote de reconduite passé? Bien sûr ils sont incontestables (la majorité au gouvernement procède ainsi quand l'opposition se retire pour protester contre une loi), mais le résultat laisse un goût bizarre.

Et pour finir, quelques photos : (vous pouvez cliquer dessus pour voir un peu mieux)

La déco à l'UVSQ


Matériel de manifestation



L'AG de jeudi (l'amphi s'est encore rempli entretemps)


Regardez qui est là?





Le cortège en direction de la gare...

15 mars 2006

[GREVE] Etudiants, méfiez vous, la droite vous diabolise!

Alors, c'est rare quand je me commets dans ce genre d'opinions, mais je ne pouvais pas laisser passer ça! Vu sur Libération [>, la droite a ressorti son épouvantail préféré, à savoir que les étudiants seraient manipulés par les organisations de gauche et extrême gauche! Hou là! Cela sent le scoop, et cela est révélateur du mépris qu'a la droite vis à vis des jeunes...
Cette information n'est pas récente, et un article de Libération en est représentatif. Morceaux choisis :

«On ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il y a quand même quelque part de la manipulation politique», a renchéri le secrétaire national de l'UMP, Claude Goasguen.

[...]

A l'Assemblée, les députés UMP n'en reviennent pas de leur découverte. «Moi, j'ai regardé les défilés dans ma circonscription et j'ai noté qu'il y avait des militants socialistes», s'étrangle Nadine Morano, qui croit savoir que «l'Unef est proche du PS...»

[...]

La rue contre les élus de la Nation ? Le débat n'est pas neuf. Et il n'a pas besoin de l'épouvantail de la manipulation gauchiste pour être posé.
A la lecture de l'article (qui correspond à un encadré dans le journal), on se demande si cela ne correspond pas à un poisson d'avril (bien que cela soit encore trop tôt). Et vu que cela n'a pas l'air d'être le cas, ces citations sont révélatrices du mépris que la droite affiche envers les étudiants, et cela fait une trentaine d'années que cela dure...
Un autre article édifiant, que ceux qui fréquentent la BU pourront le trouver. C'est dans le Nouvel Observateur de cette semaine (du 9 au 15 mars), un article sur le mépris de la droite vis à vis des jeunes. Voici son extrait [>, sur internet, et ses morceaux choisis :

«La droite a tiré des leçons de ses échecs, elle sait qu'elle ne doit plus provoquer verbalement, dit Assouline. Mais profondément, elle reste la même. Elle se méfie des jeunes, dans un pays qui aime peu sa jeunesse en général. Pour la droite, les jeunes forment un ensemble mou et menaçant à la fois. Des êtres sans opinion, sensibles aux discours extrémistes, qui n'aiment pas l'effort et ne maîtrisent pas les enjeux...» Terrible charge, mais confirmée par l'ironie antijeunes du député UMP Patrick Devedjian : «Au fond, les manifestants se satisfont du chômage, dit ce proche de Nicolas Sarkozy. Faire entrer des gens dans l'économie réelle, c'est quand même plus digne que les emplois-jeunes artificiels de Jospin. Mais si les intéressés eux-mêmes ne le veulent pas, tant pis. La droite devrait arrêter de s'occuper de la jeunesse, puisque à chaque fois, cela se retourne contre elle!»
Dès lors, on peut se demander comment on peut encore avancer avec une mentalité pareille.
Voila, c'est la fin de l'attaque, vous pouvez éteindre votre télé et reprendre une activité normale!

[GREVE] Ca s'organise...

Quelques informations, provenant d'Elodie (ma co-blogueuse), quand au mouvement de grève qui vient de débuter à l'UVSQ :
En délégation, les étudiants grévistes ont rencontré la présidente de l'université, qui leur a délivré les informations suivantes :
  • Demande aux profs de ne pas prendre en compte les abscences concernant les étudiants grévistes
  • Pas de prise de positions pour ou contre le CPE pour le moment (il y aura une réunion des CPU [Conseil des Présidents d'Université] demain et après demain), et pas d'entrave au mouvement.

Sinon, pendant tout cette journée, les étudiants grévistes ont fabriqué leur matériel de manifestation (banderolles, affiches, brassards etc.), bref, on s'active dans le camp des motivés pour la journée de demain!
En attendant d'autres informations, j'essaierai de mettre en ligne des photos du mouvement.

14 mars 2006

[EMPLOI] Elles étaient 58 ce matin, elles sont 59 ce soir

Par ce titre, je veux évidemment parler du nombre d'universités touchées par la grève de protestation contre le CPE. Aujourd'hui, durant l'Assemblée Générale de ce midi, a été votée la grève à une importante majorité.
Il y avait une ambiance électrique dans cet Amphithéâtre Diderot (le plus grand de la fac), et pour la première fois depuis le début des actions contre le CPE (il y a un mois), l'Assemblée Générale a déplacé du monde (on se souvient des AG précédentes, dans l'amphithéâtre Condorcet, qui ne rassemblait qu'une cinquantaine de personnes). Il est fort probable que les évènements de la semaine passée (occupation de la Sorbonne et son évacuation, les dernières manifestations qui ont fait descendre beaucoup de monde dans les rues de Paris et certainement l'allocution de Dominique de Villepin sur TF1 dimanche dernier) n'y sont pas pour rien.
Votre serviteur, qui est pourtant peu porté sur le militantisme, est allé à l'Assemblée Générale (faisons l'hypocrite : si la BU n'était pas fermée, je ne suis pas sur que j'y serais allé. Mais vu qu'il y avait du monde, je me suis dit qu'il serait intéressant de jeter un oeil). Aussi, ce post sera destiné à en faire un compte rendu détaillé, puisque j'ai pris quelques notes.
Je découvre en pénétrant dans l'amphithéâtre une foule compacte, du jamais vu jusque là pour cette année. Une assemblée remontée, hurlant, vociférant (parfois), applaudissant. Motivée quoi.
Après la présentation par les présidents de l'Assemblée Générale, a débuté le débat, qui a occupé les 9/10èmes de la session. J'ai noté les interventions dans l'ordre, il s'agit de la synthèse des idées développées (je tiens à prévenir que j'ai pu en notant faire des erreurs).
  1. Les autres facs sont en grèves, qu'attendons-nous, agissons!
  2. Le CPE est présenté comme un CDI qui a pour but de faire baisser le chômage. Mais ce ne devrait pas être un contrat avec 2 ans de période d'essai, d'autant que les CNE n'auraient pas créé d'emplois, juste remplacé des départs à la retraite.
  3. La grève n'est pas le seul moyen d'action ; privilégions aussi la réflexion.
  4. [étudiant de la Sorbonne] Prenez conscience de la liberté de réunion dans votre fac (c'est impossible à la Sorbonne, le Quartier Latin est bouclé). C'est une mobilisation qui s'amplifie, mais en face (le gouvernement), il n'y a pas de dialogue pour résoudre le conflit. C'est un des rares mouvements sociaux de la jeunesse capable de faire reculer le gouvernement. Enfin, gardez à l'esprit que la grève ne signifie pas rocément le blocage de l'université et de sa vie, il faut monter en face une réflexion.
  5. [militant de la CGT] La CGT apporte son soutient au mouvement étudiant. Le CPE rentre dans un cadre général de mesures et plans pour les étudiants : CPE, CNE (contrat nouvelle embauche), CDE ("contrat dernière embauche" alias CDD-Senior). C'est une vie d'emplois précaires que propose le gouvernement. Ce dernier, dans le mouvement étudiant met en avant les casseurs pour tenter de diviser le mouvement. L'arrêt du CPE est une exigence, cela arrêterait la spirale de la casse du Code du Travail.
  6. [membre du SNESUP, syndicat des enseignants du supérieur] Le SNESUP se mobilise dès la manifestation du jeudi 16 mars. Les enseignants (actuellement une dizaine, la liste vient d'être créée, elle s'étoffera au fil du temps) s'engagent à ne pas pénaliser aux examens les étudiants et tenter de rattraper le plus de retard possible en cas de poursuite du mouvement. Le CPE n'est pas le premier contrat que les jeunes décrocheront, il s'agit d'un contrat proposé aux jeunes (et il y a de grandes chances qu'ils n'en cumulent pas deux ou trois).
  7. [étudiant en Médecine] Ne ferions nous pas la grève pour faire la grève (en rapport avec l'intervenant n°1 - interrompu).
  8. Chacun est convaincu que le CPE est dangereux (applaudissements). L'UVSQ ne peut rester en marge. Les solutions contre la précarité existent. De Villepin évite le débat, et rappelons qu'il s'était engagé à attendre deux ans pour mesurer les effets du CNE (applaudissements).
  9. Rappelons une date : le 18 mars, ce sera le bicentenaire de la création des Conseils des Prud'hommes (les "ancêtres des syndicats", dixit cet étudiant). On se bat pour un modèle social supérieur à bien d'autres. S'il y en a qui disent que les étudiants sont des gosses de riches, des nantis on peut leur prouver le contraire ! Des hommes plus pauvres que nous encore sont morts pour ce modèle social. Le CPE devait être un dialogue, pas la répression.
  10. La grève diffère du blocage de l'université. Etre en grêve ne signifie pas blocage systématique (contrairement à ce que les médias souhaiteraient faire comprendre aux gens).
  11. Le droit de grève diffère du devoir de grève. Si 10% des étudiants votent la grève, ils ne peuvent pas nous l'imposer. Je suis pour le CPE, car un jeune, s'il est compétent il sera forcément gardé (entendu dans l'assemblée : pas au bout de deux ans!).
  12. [membre de la CFDT] Les enseignants ne peuvent dire qu'ils ne sont pas concernés par le CPE (applaudissements nourris). Le professeurs se soucient de l'avenir de leurs élèves ou étudiants. Autre exemple, avec le CPE, qu'arrivera-t'il aux femmes revenant de congés maternité? (applaudissements nourris). En ce cas, il ne peut y avoir de cohésion sociale.
  13. [étudiant de médecine] Pour ceux qui sont comme moi, et qui deviendront interne, quand on est employé et que l'on a moins de 26 ans, on n'est pas pris en compte dans le calcul du nombre de délégués du personnel. Cela veut dire que vous n'êtes pas représentés dans les comités d'hygiène et sécurité. Concernant le blocage de l'université, cela voudrait dire que l'on bloque notre outil de travail. Rien ne nous empêche d'en discuter sans en arriver jusque là!.
  14. [membre de la SNCF] Pourquoi les jeunes s'interrogent-ils sur leur avenir? Pourquoi les réponses sont-elles toujours les mêmes? Cela fait trente ans que cela dure, et pendant ce temps, le chômage des jeunes a doublé (chiffres annoncés : 1977 : 11%, 2006 : 23%) (applaudissements nourris). On nous dit que le CPE est désormais inscrit dans le marbre, c'est faux. Nous l'avons fait (par le passé, repousser des lois déjà votées), nous le referons aujourd'hui! (applaudissements).
  15. Nous sommes la France! (applaudissements) C'est à nous de faire les lois (applaudissements nourris).
  16. Ceux qui sont venus à cette Assemblée sont présents pour discuter du CPE, pas pour imposer le blocage de l'université.
  17. En 2002, ce gouvernement n'a pas été choisi pour ce qu'il est. Et notre avenir sera en 2007 dans les urnes ! (applaudissements, entendu dans l'assemblée : "Chirac en prison!").
  18. Trois mois suffisent dans un CDI pour tester un employé fraîchement recruté? Toute la jeunesse est concernée et doit se mobiliser et pas seulement les étudiants. Nous devons mettre en place de nouvelles propositions (interpellé : "comme quoi?", réponse : "exprime toi, milite, fais autre chose que de dire "comme quoi"!") (ovations).
  19. Aller en cours, c'est un droit. L'université n'a rien à voir avec la politique (sifflets, huées). Le gouvernement vous crache dessus, pourtant c'est vous qui l'avez élu (sifflets, huées).
  20. Nous sommes une jeunesse qui ne croit en rien, c'est désolant.
  21. Dans les patrons, il y a un maximum de cons (applaudissements). Nous sommes dirigés par une classe qui n'en a rien à foutre de nous (ovations)
Le temps passant, les perspectives ont été zappées au profit du vote (à mains levées) :
  • Vote de la grève : contre : 157, pour : 375
  • Vote d'un comité de mobilisation : pour à la majorité
  • Vote d'une prochaine Assemblée Générale : pour à la majorité.
Puis l'assemblée s'est faite plus ou moins virer par les étudiants en médecine, qui devaient assister à leurs cours. Et on voit qu'il s'agit d'une promo importante (les deux amphis Diderot et Condorcet sont reliés par vidéoconférence.)

Maintenant, que peut-on en tirer? Il y a bien eu débat, ok. Le problème, récurrent, c'est le peu de respect dans les interventions des positions adverses (en l'occurence les quatre ou cinq étudiants pour le CPE ou contre la grève à l'UVSQ, ce qui n'est pas forcément le même combat) : les noms d'oiseau, les insultes fusent, les engueulades sont proches (heureusement, ce point n'a pas été atteint). C'est bien dommage, cela pourrait presque être un déni du droit d'opinion...
Toujours est-il que la prochaine AG aura lieu jeudi prochain à 11h, avant le départ pour la manifestation.

Blog-UVSQ (ou ses contributeurs) tenteront de se faire l'écho des évènements prochains. Si vous le souhaitez, vous pouvez faire tourner l'adresse autour de vous, nous essayerons de donner le maximum d'informations, concernant la situation à l'Université de Saint Quentin.