27 décembre 2006

[BLOG] Avis de Spam...

Bien que je sache pertinemment que de moins en moins de visiteurs passent céans, et plus encore commentent les articles, je me vois obligé d'activer la modération. Non pas pour des commentaires qui ne me conviennent pas, mais pour des commentaires non souhaités. A l'instar du spam sur votre adresse e-mail, le blog vient d'être victime d'une attaque de spam renvoyant vers des sites refourguant en masse du viagra et autres produits à la <beep>. Et leur éradication étant très longue (je suis obligé de passer d'un post à un autre pour contrôler les commentaires), je préfère les bloquer à la source.

Toutefois, rien ne vous empêche de commenter, la modération n'équivaut en aucun cas à la censure...

06 octobre 2006

[CYBER-CITOYENNETÉ] Bereno, ou le blog et l'inspecteur du travail blogueur censurés

via : Le journal d'un Avocat | Le Monolecte | Ashram de Swâmi Petaramesh

La blogosphère est un monde totalement à part dans notre paysage médiatique. Au delà de la mode du blog "3615 my life avec my photos de my potes et my délires", sont apparus de très bons blogs, avec plus de textes que d'images, mais qui ont pour effet de faire gamberger l'internaute au delà des réflèxes reptiliens. Heureusement que la blogosphère comprend ces espaces d'interaction, remarquables à la quantité parfois impressionnante de commentaires ou de trackbacks (malheureusment non supportés céans).
Si aujourd'hui je vous parle à nouveau de ces blogs textuels, c'est parce que la liberté d'expression vient encore de prendre une claque. Le blog, c'est la possibilité pour Monsieur ou Madame Tout le Monde de pouvoir prendre la parole et de se réapproprier une partie du débat citoyen. D'expliquer leur vie, leurs opinions, leurs pensées, voire leur métier, une fois que les précautions d'usage sont prises : neutralité du propos, pas de mentions de nom de personne ou d'entreprise etc. Ce qu'appliquent par exemple Maître Eolas dans son excellent blog juridique que j'ai déjà présenté ici lors de la crise du CPE. Ce qu'appliquait également un blogger qui m'était pour moi inconnu, et que je n'ai appris l'existence par le triste évènement que je vais vous décrire ci-après. Maître Eolas veut "faire des vagues", à nous d'apporter le vent amplificateur de ces vagues.
Bereno était (est encore, bien heureusement) un inspecteur du travail. Il tenait un blog, hébergé sur Le Monde, sur son travail, expliquant des cas de figure, des affaires qu'il avait eu à traiter. L'inspection du travail pouvait se montrer dans sa dimension initiale, celle de défenseur des travailleurs, qui sous la houlette de dirigeants peu scrupuleux, voyaient leur position confiner parfois à l'exploitation. Ce travail d'explication au grand public, il le faisait de manière neutre, effaçant les noms, les lieux, les dates, pour ne garder que les faits, les pourquoi.
Ce blog avait acquis une grande renommée, au point d'être placé en page d'accueil du journal Le Monde attirant un grand nombre de visiteurs, entraînant un grand nombre de commentaires, d'interactions, d'échanges. Ce blog, venait de fêter mi-septembre sa première année d'existence.
Aujourd'hui, tout lien renvoyant vers ce blog se solde par un laconique "TypePad : this account has been suspended". En effet, la hiérarchie de Bereno a appris l'existence de son blog et lui a intimé la fermeture de cet espace. Rien que cela. Aux dernières nouvelles, Bereno n'a souffet d'aucune sanction liée à la publication de son blog, l'ayant purement et simplement anihilé de la Toile. Cette censure, pour les raisons qui ne sont pas les bonnes, est totalement inacceptable, Bereno, dans le peu que j'ai pu lire de lui était neutre, mettait en lumière des pratiques peu reluisantes, et montrait à tous ce à quoi les inspecteurs du travail était confrontés. Surtout, cela permettait à tout le monde de prendre conscience du côté obscur (pff classique) que peut revêtir le travail en entreprise, et de savoir, pour nous, futurs employés, à quel sauce dans le pire des cas nous serions mangés.
Où est l'affront? Où est le franchissement du devoir de réserve que se doit d'avoir un fonctionnaire de l'Etat? Rien de tout cela dans ses textes. Mais censuré pour publier des textes qui dérangent, qui font réagir.

Mais il n'y a pas lieu ici de s'apitoyer. Ce qui est fait est fait, mais nous avons un allié que la censure ne peut contrôler. Votre ordinateur, les serveurs sont tous des unités qui stockent, copient, envoient et reçoivent. La censure a tué le site principal? Refaisons-le renaître sur d'autres serveurs ! Cela est tout à fait possible. Comment s'y prendre?

La fonction "cache" de Google est très puissante. Pour améliorer les performances du moteur de recherche, une armée de "robots" aspire le contenu web pour mieux le recracher au premier mot clé entré. Donc il a été possible de récupérer une grosse partie de l'oeuvre de Bereno
Ensuite, le principe de republier avec des mots clés spéciaux initie un phénomène de Google Bombing. C'es le principe qui a permis au fim Iznogoud d'arriver en deuxième position quand on tapait "Sarkozy" dans Google... Donc avec des mots clés tels que "Bereno, blog, blogueur, censuré, inspecteur du travail".
Ce travail de republication a déjà en partie été réalisé, puisque de-ci de-là, fleurissent l'intégrale des posts de Bereno, la technique étant de reprendre au hasard un des billets de Bereno et de le poster en rappelant son origine, et sa date. Parce que nos gouvernements n'ont pas à bafouer une des lois les plus fondamentales des droits de l'homme : la liberté d'opinion, d'expression et de publication.

Ci dessous, un éventail des liens pour lire l'excellente prose de Bereno :
Bigupload contient en ses entrailles un an de blog au format PDF
Exacer.be contient tous les textes en accès direct

Plus d'infos sur le mouvement de contestation de la blogosphère ;
irrepressible.info (Amnesty International)

S'il vous prenait l'envie de reprendre sur votre blog un texte de Bereno, il faudra pour rendre efficace l'opération de republication faire un trackback, si votre plate-forme de blog le permet (typePad, DotClear etc.) ou un commentaire dans ce billet pour manifester votre publication.

Parce qu'internet n'appartient pas à une poignée de décideurs. D'ailleurs, le prochain post sera dédié à Bereno.

11 juillet 2006

[BLOG] Fin de cycle, fin de vie?

A présent, la boucle est bouclée, après cinq mois de fonctionnement, la fin des partiels et les congés estivaux ont mis en sommeil ce blog. Les résultats étant parvenus depuis peu (la semaine dernière), la plupart d'entre vous devez à présent goûter à un repos bien mérité (certainement beaucoup se sont lancés dans une autre forme de travail, rétribuée cette fois en espèces sonnantes et trébuchantes, et non en notes sur 20).
Je profite de ce message pour vous dire que l'année prochaine je ne ferai plus partie de cette université, mais de celle de Paris 8. En effet, je viens de terminer le premier cycle universitaire institué il y a deux ans, c'est à dire la licence. Je ne sais donc pas si ce blog survivra ou s'il sera repris par les autres contributeurs et amis. Tout dépendra de leur temps libre et des évènements qui se dérouleront à Saint Quentin.

Il me reste qu'à vous souhaiter une bonne continuation et de bonnes vacances.

15 juin 2006

[COURS] Ah! si nous avions la technique déployée à Lyon.

Et c'est reparti pour un tour! Le geek qui sommeille en moi vient de se réveiller une nouvelle fois. Cette fois-ci il va vous parler de podcasts. Ceux qui ont déjà un iPod savent de quoi je veux parler, il s'agit plus ou moins du concept du blog, de l'émission radio adaptée à un baladeur numérique. Ce phénomène qui connaît un vif succès vient de faire son entrée dans l'université de Lyon II.

Il s'agit tout simplement, d'enregistrer les cours magistraux, et de les mettre à disposition des étudiants, ce qui dégage l'étudiant de la tâche de prise de notes (qui a dit que les étudiants deviendraient encore plus feignants?) lors du cours (mais qui les oblige à remettre le tout par écrit le soir, sous peine de devoir acheter des disques durs taille "jumbo" pour stocker toute une année de cours en MP3).

Plus d'information via 01.net.

Des chances de voir ça chez nous? Heu, pour cela, il faut que les profs se portent volontaires (et cela entraîne une réflexion quant à propriété intellectuelle de leurs cours, ce dont avait été victime notre ex-site Cours Histoire UVSQ), et que l'université assure la mise en ligne.

11 mai 2006

[VIE ETUDIANTE] Tous nos contributeurs sont occupés, veuilliez essayer ultérieurement

Vous avez certainement remarqué l'encéphalogramme plat concernant les nouveaux articles de ce blog. Bien sur, nous ne l'avons pas laissé tomber une fois l'affaire CPE terminée. Mais comme dans deux semaines, ce pourqui nous travaillons depuis trois ans prendra fin, il s'agit du dernier coup de collier à mettre avant trois à quatre mois de repos.

J'aurais pu parler évidemment de ce qui fait avancer tous les journaux français en ce moment, l'affaire Clearstream, ce qu'on appelle le "Watergate à la française". Mais encore une fois, je n'ai pas le temps. Et les révélations vont tellement vite, l'affaire étant complexe, je préfère ne pas m'avancer pour le moment.

Pour ce qui nous intéresserait plus, je pourrais dire que localement, une bonne nouvelle pour les possesseurs d'ordinateurs portables à Saint Quentin : le réseau Wi-Fi se déploie petit à petit. J'ai pu m'y connecter depuis le bâtiment d'Alembert. Curieux pourtant que personne à la fac l'ait annoncé. La connexion est sécurisée, et utilise les mêmes codes d'accès que ceux que vous rentrez à la Bibliothèque. Je n'ai pas encore essayé à Vauban, mais nul doute que cela ne devrait plus tarder.

Donc pour ceux qui ont initié les révisions, ou qui finissent en urgence leurs derniers exposés (comme moi), bon courage!

28 avril 2006

[MEDIAS] Les archives de l'INA sur vos écrans!

Il s'agit d'une première mondiale, puisque l'INA (Institut National des Archives) permet l'accès en ligne de tous ses contenus numérisés gratuitement pour la consultation et en "pay-per-view" (ou téléchargement payant pour en profiter en téléchargement, avec des prix compris entre 1 et 8€ par programme). Les fonds archivés et mis en ligne représentent 10% des fonds, 10 000 heures de radio et de télévision. Il n'est pas encore possible de trouver tout ce que l'on veut, mais le catalogue s'enrichira à un rythme de 500 heures de programmes par mois.
Le site semble avoir été victime de son succès, et la navigation prend beaucoup de temps (en quelques heures, près de 6 millions d'internautes ont tenté de s'y connecter), les requêtes et la consultation mettent du temps à aboutir (

Les étudiants en histoire contemporaine ou très contemporaine vont pouvoir à terme profiter d'archives d'événements récents, mais les autres étudiants pourront profiter à terme de documentaires diffusés. Seules les chaînes hertziennes sont concernées (avec leurs anciennes appellations : Antenne 2, FR3, TF 1, ORTF etc.), et l'on trouve déjà des épisodes des Shadoks par exemple, ou des archives d'événements marquants (le premier pas sur la Lune évidemment)

Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici : INA/Archives Pour Tous

25 avril 2006

[CHIENS ECRASÉS] L'université évacuée

Non, ce ne sont pas les manifestants contre le CNE qui ont pris d'assaut l'université. Non, ce n'était pas un attentat terroriste en plein coeur de la ville nouvelle... Mais un incident tout simple, aux complications que je ne suis pas en mesure de saisir entièrement.
Si ce n'est que le courant a été coupé dans tous les bâtiments vers 10h30. Puis la Bibliothèque a été fermée pour la journée. Enfin, vers 14h tous les bâtiments ont été évacués.
Apparemment un incident dans un transformateur EDF attenant à la fac. Des bruits circulent aussi d'un départ de feu à la BU (liés ou non, je ne le sais pas)...

Mouais. A la relecture, je vois que je ne suis pas fait pour le journalisme.
S'il y a des "témoins" merci de commenter.

21 avril 2006

[POLITIQUE] Quatre ans déjà... et des perspectives moroses pour l'an prochain

En ce jour anniversaire de la plus grosse pantalonade électorale qu'ait pu subir le Parti Socialiste, les journaux, la radio, la télévision reviennent en choeur sur les évènements d'il y a quatre ans : la seconde place du Front National, la sortie la tête haute de Lionel Jospin ("j'assume la responsabilité" etc. etc.), à tel point qu'à la veille de chaque élection son fantôme flotte au siège du PS, rue de Solférino, les manifestations monstres contre le FN, le second tour et le quasi plébicite de Jacques Chirac, qui, avec 82% des suffrages exprimés, puis par une Assemblée Nationale à sa botte (environ 2/3 pour la droite), beaucoup (dont moi à l'époque) ont pensé que la France allait pouvoir enfin reprendre le chemin d'un gouvernement fort, que des réformes allaient pouvoir être entreprises, et que le marasme de la cohabitation n'était qu'un mauvais souvenir.
Quatre ans après, qu'en est-il? Des réformes, il y en a eu : retraites, sécurité sociale, emploi. Mais ce que l'on retient, ce sont les crises que le gouvernement a du affronter : face aux retraites, face à la canicule, face aux jeunes des banlieues, puis dernièrement face aux étudiants mobilisés contre le Contrat Première Embauche. Sans compter les différentes affaires qui ont pu discréditer ledit gouvernement : le Non au Référendum sur la Constitution Européenne (et deux hommes politiques qui auront contribué à conforter les français sur leur position de refus : le président de la République et son Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin - "Win The Yes Needs The No To Win Agaisnt The No"), la bataille entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, le camouflet du Clémenceau (qui au passage aura coûté plus cher à faire des allers-retours qu'à être démantelé en France), puis les manoeuvres politiques qui rendent la crise encore plus forte (la promulgation mais non application du CPE en est un très bon exemple).
Si je fais ce court - et pas forcément pertinent - résumé de quatre ans de pouvoir par la droite, c'est parce que le parti qu'on pensait désormais vaincu après le second tour semble gagner de l'audience. Le dernier sondage IFOP, paru vendredi dernier donne des frissons :

35% des Français pensent que l'extrême droite enrichit le débat politique (65% d'avis contraire).

Jean-Marie Le Pen (48%) est toujours en tête des personnalités incarnant le mieux l'extrême droite.

Ce sondage montre que ceux qui estiment que l'extrême droite enrichit le débat politique estiment que sa contribution est la plus utile en matière d'immigration (43%), puis sur la sécurité (31%). Viennent loin derrière le chômage (14%), l'éducation (7%) et la protection sociale (5%).

A ce rythme, on entend déjà le principal intéressé faire des bruits de sabre pour le scrutin de l'an prochain. Mais que font les partis modérés pour contrer le FN? Pas grand chose malheureusement : à gauche, les divisions vont bon train (les ténors du PS veulent tous leur part du gâteau), à droite, les discrédits rendent la majorité de moins en moins appréciée. A l'extrême gauche, on reste encore dans un situation d'affront qui n'engage que leurs militants. Et à l'extrême droite? On attend (Cf un sketch des Guignols de l'Info, presque prémonitoire).
Toutefois, il s'agit de la vision la plus pessimiste. Selon d'autres observateurs, l'UMP by Sarkozy aurait récupéré un bon nombre de militants FN, et le parti de Philippe De Villiers a repris les formules choc de Le Pen (lutte contre "l'islamisation de la France"). Mais est-ce suffisant? Le principal intéressé de l'histoire se présente comme "le seul probablement actuellement à pouvoir incarner une véritable alternative avec ce que j'appellerai le pouvoir UMPS". Réjouissant.
Que peut-on faire pour contrecarrer cette perspective peu engageante? La balle est dans le camp des partis modérés, qui devront porter sur la place publique tous les débats de société : emploi, sécurité, économie, culture etc. Il y a certainement dans l'opinion française une lassitude, et celle-ci mérite qu'on y réponde.
En attendant, il reste presque un an de campagne électorale, de nombreuses surprises nous attendent...

13 avril 2006

[C.P.E] Il est temps d'arrêter la baston...

Cet article a deux buts : le premier d'annoncer les funérailles du CPE, puisque la proposition de loi pour remplacer le CPE par des dispositifs d'aide à l'emploi a été voté et par l'Assemblée Nationale (151 pour, 95 contre) et par le Sénat (158 pour 123 contre).
Donc voici la deuxième partie de l'histoire : normalement, les dernières facs bloquées doivent pouvoir reprendre les cours. Sauf qu'aux journaux de 20 heures de ce soir, l'on a pu voir des images inhabituelles : A Nantes, Rennes, Toulouse et Montpellier, des étudiants ont refusé le vote à bulletin secret et empêché la tenue de ces référendums, qui auraient sans aucun doute abouti à un retour à la normale.
Peut-on vraiment parler à ce moment d'un mouvement encore légitime? Ce pourquoi ils se sont battus a été retiré, ok, c'est bon, maintenant, il est temps d'arrêter la baston et de finir l'année en roue libre.
Dès lors, qui sont ceux qui persistent à bloquer? Des jusqu'auboutistes ou des antennes de syndicats étudiants plus combattives que la normale. Toujours est-il que si vote il y a eu, il fut à main levée (facile de compter quand les votants s'étalent sur un espace très large, donc plus approximatif). Une image passe également, celle d'un jeune brandissant un panneau "vote secret = mort du droit de grève". Peut-on parler d'un épiphénomène ou d'une reprise du mouvement? La deuxième hypothèse semble peu probable, puisque ne restent que quatre universités bloquées (même la Sorbonne a vu disparaître pendant une demi-journée ses barrières anti-émeutes avant d'être réinstallées ce soir du fait d'une manifestation passant à proximité. Pas plus d'informations pour le moment)
Il est vraiment temps que les vacances scolaires apaisent les tensions encore présentes.

10 avril 2006

[C.P.E] CPE retiré, merci d'avoir joué!

Aujourd'hui lundi, la réunion statuant sur le sort du CPE vient de rendre son verdict : le CPE sera remplacé par un dispositif d'insertion pour les jeunes.

Vous pouvez en attendant, consulter cet article du Monde.

Edition du soir :
Bien, à présent que j'ai un peu de temps, je vais pouvoir à mon tour, (comme un grand nombre de journalistes, de citoyens, de blogueurs), gloser autour de ce retrait déguisé.
Tout commence donc ce matin, lors de la réunion à l'Elysée. Le premier communiqué qui paraît stipule que le CPE se conjugera désormais au passé :
"Sur proposition du premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté"
Ainsi disparaîtrait un contrat mal-aimé qui n'aura survécu qu'une dizaine de jours (juridiquement, il est appliqué, mais dans les faits semblait déjà condamné par sa non-application). Il reste maintenant au Parlement de voter un texte abrogeant définitivement cet article. D'ores et déjà, un projet de loi a été promulgué, et vous pouvez le lire sur le Journal d'un Avocat (La Nemesis du CPE). Je vous en livre juste la substance :

Dans la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances, l’article 8 est remplacé par les dispositions suivantes :

« I - L’article L.322-4-6 du code du travail est ainsi rédigé:
Pour favoriser l’accès des jeunes à l’emploi et à la qualification professionnelle, les employeurs peuvent bénéficier d’un soutien de l’Etat lors de la conclusion, de contrats à durée indéterminée, à temps plein ou à temps partiel :
1° Avec des jeunes gens âgés de seize à vingt-cinq ans révolus dont le niveau de formation est inférieur à celui d’un diplôme de fin de second cycle long de l’enseignement général, technologique ou professionnel ;
2° Avec des jeunes gens âgés de seize à vingt-cinq ans révolus qui résident en zone urbaine sensible ;
3° Avec des jeunes titulaires du contrat d’insertion dans la vie sociale défini à l’article L322-4-17-3 du code du travail.

La durée du travail stipulée au contrat doit être au moins égale à la moitié de la durée du travail de l’établissement. L’aide de l’Etat est accordée pour une durée de deux ans, le cas échéant de manière dégressive.

Voici donc un cocktail de mesures ciblées. Maintenant, reste à savoir si cela sera mieux qu'un CPE (certainement, les réformes d'un sujet aussi sensible que le travail, tout comme les retraites méritent de véritables négociations avec ceux qui vont être concernés par la future loi). Toutefois, ce foisonnement de nouvelles mesures fait penser à un acrobate qui se raccroche à une ultime corde.

Maintenant, du côté des syndicats des salariés et étudiants, les premiers sont satisfaits (ce pourquoi ils se sont battus aux côté des étudiants est déclaré mort clinique), les seconds aussi (et on commence à voir le bout des blocages dans certaines facs : Rennes vote la reprise des cours). Toutefois, ils appellent tous les deux à maintenir la pression jusqu'à un texte similaire à celui cité ci-dessus soit voté à l'Assemblée Nationale (c'est à dire pendant encore cette semaine).
Certains syndicats appellent à ne pas s'arrêter au milieu du gué (CGT notamment puisque Bernard Thibault, secrétaire général pense ensuite au CNE : "Il faut maintenant se donner comme objectif d'éliminer le CNE du paysage mais à chaque jour suffit sa peine et il y a une victoire à fêter"), en se mobilisant de manière similaire contre le CNE (Personnellement, j'y crois peu, pour plusieurs raisons : premièrement, le CNE est déjà bien implanté, 400 000 contrats déjà signés ne se suppriment ou ne se convertissent pas comme ça, et deuxièmement parce qu'après avoir éliminé la menace principale pesant au dessus d'eux, les étudiants vont reprendre le chemin du travail et délaisser le CNE).

Soit je suis pessimiste ou égoïste (cela reste à votre appréciation), mais j'ai le sentiment que le combat contre le reste du projet "Egalité des Chances" soit perdu d'avance, et que le CPE, certes discuté en Assemblée Nationale et au Sénat (première lecture), du fait qu'il n'ait pas été appliqué, était bien plus facile à retirer. Et puis après s'être pris un sérieux camouflet, j'imagine mal le gouvernement reculer sur six mois de réformes.

07 avril 2006

[MANIFS] Propositions de lois liberticides

Vu dans les propositions de loi de l'Assemblée Nationale : une proposition de loi en réponse aux débordements des manifestations anti-CPE. Le texte, même pour les non juristes, est assez équivoque :
il institue (si j'ai bien compris), une sorte de hiérarchie des responsabilités : en première ligne, les organisateurs de manifestation seraient poursuivis s'il y avait des débordements lors d'une manifestation. Puis viendraient les manifestants, puis les éléments externes, venus justes pour la casse... Je vous laisse lire la suite du texte.
N° 2997

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

DOUZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 29 mars 2006.

PROPOSITION DE LOI visant à encadrer la dispersion et les débordements lors des manifestations et attroupements,

(Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, à défaut de constitution d'une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

PRÉSENTÉE

par M. Éric RAOULT, Député.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La société française est en proie depuis de nombreuses années à une augmentation des violences urbaines mettant à mal le principe même d'autorité de l'État. Les autorités françaises ne peuvent davantage tolérer ces atteintes à la sûreté des personnes et l'intégrité des biens.

Les récentes émeutes urbaines de novembre 2005 et l'actuelle agitation souvent violente au sein du monde lycéen et étudiant nous montrent à quel point la violence semble se banaliser et devenir un moyen normal d'expression.

La loi du 8 juin 1970 abrogée en 1981 permettait de lutter efficacement contre ces formes de délinquance collective. Or, nous sommes aujourd'hui démunis face à de telles situations.

Il devient urgent de pouvoir sanctionner ces troubles et permettre le maintien de l'ordre au sein de nos villes.

Pour ces raisons, il vous est demandé, Mesdames, Messieurs, de bien vouloir adopter la présente proposition de loi.

PROPOSITION DE LOI

Article unique

Le chapitre Ier du titre III du livre IV du code pénal est complété par une section 5 ainsi rédigée :

« Section 5

« des conséquences des manifestations et attroupements

« Art. 431-22. - Lorsque du fait d'une action concertée, menée à force ouverte par un groupe, des violences ou des voies de fait auront été commises contre les personnes ou que des destructions ou dégradations auront été causées aux biens, les instigateurs et les organisateurs de cette action, ainsi que ceux qui y auront participé volontairement seront punis des peines de un à deux ans de prison.

« Lorsque du fait d'un rassemblement illicite ou légalement interdit par l'autorité de police administrative, des violences, voies de fait, destructions ou dégradations qualifiées de crimes ou délits auront été commises seront punis :

« 1° Les instigateurs et les organisateurs de ce rassemblement qui n'auront pas donné l'ordre de dislocation dès qu'ils auront eu connaissance de ces violences ou voies de fait, destructions ou dégradations d'une peine de six mois à un an de prison ;

« 2° Ceux qui auront continué de participer activement à ce rassemblement, après le commencement et en connaissance des violences, voies de fait, destructions ou dégradations, d'une peine de trois à six mois de prison.

« Art. 431-23. - Toute personne qui se sera introduite à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte dans le domicile d'un tiers sera punie d'une peine de six mois à un an de prison.

« Sera puni des mêmes peines quiconque se sera introduit par les mêmes moyens, dans un lieu affecté à un service public de caractère administratif, scientifique ou culturel ou s'y sera maintenu irrégulièrement et volontairement après avoir été informé par l'autorité responsable ou son représentant du caractère irrégulier de sa présence. »

Composé et imprimé pour l'Assemblée nationale par JOUVE
11, bd de Sébastopol, 75001 PARIS
Ce texte de loi reste quand même très large d'interprétation :
En cas de débordement, les organisateurs doivent prononcer immédiatement la dislocation du mouvement, dans le cas contraires, ils se verraient poursuivis.

C'est surtout le dernier article qui est important, puisqu'il interdit toute occupation de gare ou d'université. Un bon moyen de rendre tout blocage illégal, quelque soit sa nature. Evidemment, tout est soumis à interprétation diverses, de la plus légère à la plus restrictive.
Ce texte est à deux volets : il concerne d'un côté les manifestations "légales", organisées et prévues, et de l'autre, les manifestations "illégales" (pourquoi pas un "flashmob", ou "rassemblement éclair"), qui pourraient être soumises à des débordements. En clair, tout ce qui n'est pas prévu est sanctionnable. Par ailleurs, lors d'une manifestation organisée, les organisateurs pourraient se voir poursuivis pour ne pas avoir dissous la manifestation à la première poubelle qui brûle... (oui je sais, c'est exagéré).

Toujours est-il que par ce texte de loi, la majorité souhaite plus ou moins museler la population, en ajoutant des clauses presque liberticides. J'en vois dans le fond qui vont me rétorquer "Ma liberté s'arrête là où commence celle du voisin, aussi je suis libre de pouvoir prendre le train sans être bloqués, d'aller en cours sans me heurter à un barrage, de prendre la voiture sans me retrouver coincé à cause de manifestants". Ben oui, un point pour vous, mais quels seront les moyens d'expression du mécontentement de la population? Une manif qui marche au pas de l'oie?

Rassurez-vous, ce genre de loi ne semble pas prête de passer (et si c'était le cas, elle rappellerait les "lois scélérates" prises pour lutter contre les anarchistes à la fin du 19ème siècle), mais est révélatrice des soubresauts d'une République où les rôles ne semblent plus clairement attribués (confusion entre l'exécutif et le législatif, les journaux n'ont que cette expression en ce moment).

05 avril 2006

[GREVE] Une AG ou une réunion d'information?

Ce mercredi a eu lieu la dernière Assemblée Générale avant les vacances de Paques. En tout cas à l'UVSQ, les étudiants n'ont pas attendu cette échéance pour reprendre le travail et se détourner de la mobilisation étudiante... Pour commencer, je suis arrivé un peu en retard, et j'ai manqué une partie du bilan (notamment la manifestation réussie de mardi dernier).

Bilan :
  • La mobilisation n'est pas qu'une question de nombre : le gouvernement n'a pas entendu alors que la mobilisation gagne en nombre. Celle-ci devra passer le cap des vacances scolaires.
  • La rencontre avec l'Intersyndicale et les parlementaires UMP n'a rien donné de plus, la réponse est la même.
  • Proposition d'un apéritif festif avant les vacances.

Perspectives :
  1. Communiquer sur le CPE avant les vacances (vendredi par exemple).
  2. Il faudrait faire plus pression sur les voies de communication ou les gares.
  3. Proposition de blocage de la gare des Chantiers à Versailles de 15h à 16h.
  4. Pour bloquer la gare, il faut être nombreux. Sinon une action coup de poing n'aura aucun impact.
  5. Attention quand on s'attaque aux transports publics, cela rend les gens nerveux. Proposition plutôt d'un sit-in dans le hall de la gare.
  6. A propos du débrayage forcé des entreprises, cela reste assez gonflé. Il faut utiliser les moyens qui nous restent et expliquer aux gens les objectifs de notre mouvement.
  7. Il faut attaquer les points vitaux de l'Etat (dans le texte : il faut le faire chier) pour qu'il retire le CPE. L'action doit se radicaliser surtout si on parvient à expliquer nos gestes.
  8. Ici, il n'y a pas de dynamique de grève, proposition d'ateliers pour relancer le mouvement d'une autre façon.
  9. Il faut élire de nouveaux représentants pour la coordination nationale de ce week-end (la semaine dernière cela n'a pas été fait).

Votes :
  • Vendredi après midi : organisation d'un apéritif festif : pour.
  • Versailles Chantiers, blocage de la gare : 15 s'abstiennent, 2 ne prennent pas part au vote, 4 sont contre, 22 sont pour. Contre vote pour un sit-in plutôt qu'un blocage : 10 s'abstiennent, 4 ne prennent pas part au vote, 13 sont contre, 2 pour.

Ce compte rendu lapidaire illustre une chose : à Saint Quentin, beaucoup sont passés à autre chose. Maintenant, je ne sais pas comment cela se passe à Versailles, mais j'ai bien l'impression que le mouvement s'est replié sur le "noyau dur". Au comptage, nous ne devions être pas plus de 72.
Autre aspect, plus animé cette fois-ci, ce fut lors de l'élection des représentants de la coordination nationale (qui se déroule du Vendredi au Dimanche à Lyon). Sept personnes se sont proposées pour y aller : les membres les plus "expérimentés", les plus motivés, "les vieux de la vieille" de la mobilisation, face à de nouveaux mobilisés. Et je ne sais pas si c'est un phénomène de lassitude face à ceux qui y vont à chaque fois, toujours est-il que ce sont trois nouveaux qui se sont fait élire, pour passer trois jours dans un amphi. Et cela n'a pas plu à tout le monde (entendu de loin : "On ne les connait pas ceux là, je ne les ai jamais vu depuis le début" : en gros, les résistants de 1945 quoi). Eh! Quand bien même ce serait le cas, un peu de sang neuf ne fait pas de mal.

Je rebondis sur cet essoufflement pour evoquer les actualités : Nanterre reprend le travail le 24 avril, Bordeaux vote son déblocage et ainsi de suite. Après un mois de blocage, beaucoup pensent désormais à rattrapper le retard. Des calendriers spécifiques ont été pris : les examens sont repoussés, la semaine de révision saute, tout est mis en oeuvre pour rattraper le retard. Reste le problème de Rennes, où le mouvement devient de plus en plus violent (CF cet article, mais à prendre avec des pincettes, je vous laisse seul juge). Cela voudrait-il dire que le mouvement pourrit? D'un côté, les affrontements entre grévistes et partisans anti-blocage, de l'autre, les casseurs. Il devient vraiment urgent pour les autorités de trouver une solution au problème.

Concernant le blocage de la gare, je doute que la circulation soit perturbée (y a des chances qu'il n'y ait pas assez de monde), et que cela se transforme en sit-in dans le hall (peut être serait-ce une solution plus sage?). Sinon, ils pourraient démonter le siège d'une permanence UMP aussi (vu à la télévision, mais pareil, cela requiert du monde pour déplacer les bureaux). La radicalisation du mouvement serait-elle la dernière phase du combat pour le CPE?

[GREVE] L'ultime manifestation? Ou le début d'une nouvelle forme de la crise du CPE?

Depuis vendredi dernier, beaucoup d'aspects de la mobilisation ont été bouleversés, par l'allocution du président de la République, puis par les différentes manoeuvres entre Premier Ministre, ministre de l'Intérieur et députés du Parlement...
Revenons quelques jours en arrière :
Vendredi soir, allocution de Jacques Chirac. Outre un petit problème de syncronisation entre l'image et le son (effet écho), le discours de notre président de la République semble toujours mollasson : à l'image d'un président semblant être complètement dépassé par les évènements. Il dit à la caméra avoir compris les inquiétudes des jeunes et des parents desdits jeunes et annonce, afin de calmer la situation, la promulgation du Contrat Première Embauche, mais demande à ne pas l'appliquer, laissant ainsi le temps au Parlement de retrouver ses prérogatives et concocter quelque chose pouvant soit rendre le CPE moins effrayant (c'est à dire débarassé des deux points les plus critiqués par l'opinion : la période de deux ans de "consolidation" et le licenciement sans explications). Ce qui ressemble fortement à un désaveu, bien que ce soit démenti par l'entourage du Premier Ministre.
Pendant le week-end,
Samedi, un sondage pour le Monde paraît, affirmant que 71% des sondés pensent que la position défendue par Jacques Chirac radicalise le mouvement (sondage Ipsos pour Le Monde), bien que la proposition de réduction de la période d'un an soit approuvée par 54% des sondés.
Selon J-F Dodriot, meneur de l'enquête :
La promulgation de la loi a été vécue comme une provocation, le président donnant le sentiment de continuer à vouloir établir un rapport de force et à ne pas reconnaître ses erreurs. Il y a une semaine, on avait l'impression qu'il serait possible d'aménager le CPE 1 pour avoir un CPE 2. Aujourd'hui, le CPE 2 est quasiment mort dans l'opinion, mais aussi dans la classe politique"
Plus encore, la déclaration de Jacques Chirac aurait pu faire baisser le pourcentage de solidaires au mouvement anti-CPE, mais celui-ci recule faiblement, de 63% à 59%. Toujours selon J-F Dodriot :
"Quand un président de la République intervient et que plus des deux tiers de la population dit que cela va radicaliser la situation, on peut difficilement ne pas dire que c'est raté"
"Un recul aussi faible avec un président qui lâche du lest, ce n'est pas pas bon"
Ainsi, De Villepin complètement à sec, se voit écarté de la suite des opérations.
Reste à savoir ce qui nous attend avec Sarkozy et les parlementaires (personnellement, je compte plus sur les parlementaires et leur bon sens que sur quelqu'un qui va se faire mousser pour l'an prochain).

Toujours est-il qu'aujourd'hui mercredi (l'auteur est un peu en retard), la première réunion entre syndicats et parlementaires n'a pas donné de réponses. "ils ont écouté", mais pour les syndicats, la suite des opérations passe par le retrait du CPE.

Tout de suite après la pub, un reportage exclusif sur la dernière AG avant les vacances

02 avril 2006

[C.P.E] Débats générationnels...

Lu sur le Big Bang Blog (regroupant l'équipe de la très bonne émission Arrêts Sur Images, sur France 5), disponible dans les liens ci-contre : Alice Rufo, la fille du pédopsychiatre Marcel Rufo, normalienne, lance une réponse à son père sur la situation de sa génération par rapport à la sienne, celle de mai 1968. Ce dernier, concernant la "crise" (puisqu'on peut l'appeler comme cela désormais, une fronde de la jeunesse face à ses dirigeants), préférait que les étudiants passent leurs examens puis "convoquent des Etats Généraux". Le texte intégral est visible sur un article de l'Express :
J'ai bien peur que l'idée de faire des états généraux de la jeunesse - comme, en 1789, on avait convoqué le tiers état pour connaître ses doléances - ne soit précisément le signe d'un conflit de générations. La jeunesse n'est pas une classe sociale mais l'avenir, c'est-à-dire la seule classe générationnelle qui compte. Tu te souviens du mot de Sieyès?
1. Qu'est-ce que le tiers état? Tout.
2. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? Rien.
3. Que demande-t-il? A être quelque chose. Que demandent les jeunes? A être quelque chose. De fait, ils ne sont rien. «Il faut qu'ils aillent passer leurs examens», dis-tu. Le postulat de ta génération, c'est: «Les diplômes, quels qu'ils soient, permettent d'avancer.» C'est vrai, mais moins qu'avant. C'est là tout le problème.

La génération qui dirige actuellement le pays est issue d'une forte période de croissance et a fait ses études pendant cette période bénie où il suffisait de travailler pour avancer. Aujourd'hui, le travail et les études ne suffisent plus. Mais le pire, ce n'est pas le manque de dynamisme de l'économie et le marasme social. C'est que, face à ces problèmes, notre génération ne se sent pas comprise, et encore moins soutenue. Il est très nouveau dans l'histoire de l'humanité qu'une génération fière de sa réussite se détourne des problèmes de la génération suivante et supporte que la situation soit pire que ce qu'elle a connu.

Tu sais, aujourd'hui, le problème, c'est que les jeunes ne travaillent plus (comme c'était votre cas) dans une perspective ascendante, mais seulement pour s'en sortir, se mettre à l'abri, limiter les difficultés. C'est quand même un gros changement d'époque.

Aujourd'hui, on demande à des jeunes à qui on laisse un système éducatif dans un état pitoyable, une dette publique colossale, des retraites hallucinantes à payer, une absence totale de perspectives de prendre encore sur eux le coût de l'ajustement. Il est normal que ça explose. Flexibiliser le marché du travail pour que les entreprises embauchent davantage, oui, sûrement, mais alors avec un système de formation qui tienne debout, un ascenseur social qui redémarre, un véritable investissement dans la recherche, des diplômes adaptés au fonctionnement de la société et qui ne soient pas des leurres. Nous ne demandons pas d'avoir mieux. Mais au moins autant que votre génération. C'est une première, pour une révolution. Nous voulons avancer, nous aussi. Des états généraux, pourquoi pas? Mais, si ça ne débouche pas sur un vrai dialogue, l'ascenseur social méritocratique républicain va finir par se transformer en un avion pour les Etats-Unis au sommet et par un baril de poudre en bas.

Tu dis toujours qu'il faut devenir ce qu'on veut devenir. Mais comment? Cette époque et ce pays sont si tristes…
En résumé, on pourrait presque dire que la génération 1968 s'est battu pour elle mais pas pour sa descendance. Que pourrait-on faire pour solutionner le problème? Des réformes, oui mais quelles réformes? Il semble difficile de gouverner la France tant les oppositions sont diverses et variées, et correspondent à un besoin vital, celui d'avoir de quoi vivre convenablement.
"L'avion pour les Etats Unis" renvoie en fait à la fuite des cerveaux. Par exemple, pour un maître de conférences dans une université, pour peu qu'il soit renommé, est immanquablement appelé par des universités étrangères qui sont prêtes à lui offrir le double voire le quadruple de sa paie en France. Evidemment que c'est tentant.
Nous sommes en 2006, la France se réveille avec une crise structurelle, réflexion d'un pouvoir à bout de souffle depuis quatre ans bientôt. Car comme l'a expliqué Elodie dans son post précédent, une des dernières allocutions de notre Président de la République nous l'a montré "Usé, vieilli, fatigué" comme disait un certain ex-homme politique dès 2002. Il se retrouve avec une société qu'il n'a pas vu évoluer, avec un gouvernement qui le dénie de plus en plus (la partie d'échecs entre De Villepin et Sarkozy) et une côte de popularité en chute libre.
Son allocution devait tenter de calmer la situation, cela a un peu changé, certes, on ne parle plus tellement de retrait du CPE, mais d'une espérance que les parlementaires UMP, qui sont de nouveau chargés de préparer un nouveau texte, ne fassent pas apparaître un CPE v2.0 mais plutôt un texte abrogeant le précédent (en tout cas, c'est le souhait de la CFDT). Bien que je soit septique de la suite du mouvement : après la manifestation de mardi prochaine, se dirige-t-on vers une "mise en veille" de la mobilisation le temps que le texte soit promulgué (dans un mois, deux mois, trois mois?), et qui pourrait se réveiller qu'au moment où le texte sera prêt à être vote?
Et le fait que le Parlement reprenne ses prérogatives ne serait-il pas une sorte de désaveu de Dominique de Villepin (bien que l'intéressé s'en défende)? En tout cas, il est inutile désormais qu'il pense à ses rêves de présidence. Le mieux qu'il ait à faire, est de redescendre tout en bas de l'échelle politique : se faire réellement élire comme député, puis remonter petit à petit... Rendez vous dans quelques annés pour revoir sa crinière argentée de poète à ses heures.

31 mars 2006

[GREVE] AG, mobilisation ça va mieux à l'UVSQ

Avec un peu de retard, je suis en mesure de vous donner le compte rendu de l'Assemblée Générale de jeudi dernier. De nouveau dans l'Amphi Diderot, la participation était bien plus importante que les deux dernières assemblées du Lundi 20 et du Jeudi 23 mars. Compte tenu de l'actualité de la semaine, un peu plus de monde s'est déplacé pour écouter le bilan de la mobilisation. La manifestation de mardi a été bien suivie (une centaine de participants), ce qui explique pourquoi un bon nombre d'étudiants est venu s'informer sur la suite des festivités.

Bilan :
  1. Pour vendredi, organisation d'un débat entre Mme Catherine TASCA (sénatrice PS des Yvelines) et Mme Valérie PECRESSE (Députée UMP des Yvelines remplacée par Mr Jean Michel FOURGOUS, maire d'Elancourt).
  2. [Enseignants] vote de deux motions, une regroupant les enseignants pour la non pénalisation "pour fait de grève" (80 signataires), une générale (personnel de l'UVSQ, IATOS, administration) pour le retrait du CPE (120 signataires).
    La semaine dernière (Vendredi 24 pour être précis), a eu lieu le conseil d'UFR. Etant souverain, il a procédé aux votes concernant la mobilisation :
    > Principe de la non pénalisation pour fait de grève : 33 pour, 2 blanc.
    > Soutien du conseil au mouvement : 31 pour, 2 contre, 2 blanc.
    > Postition du conseil pour le retrait du CPE : 25 pour, 8 contre, 2 blanc.
    Aucun examen ne peut porter sur des matières qui ont été traitées devant des groupes incomplets.
    > Proposition au Conseil d'Administration de ce lundi le vote le texte suivant : "Le conseil d'administration s'est réuni le 30 mars 2006 alors qu'un mouvement de grande ampleur est engagé contre le Contrat Première Embauche. En tant qu'établissement public dont la mission est l'enseignement supérieur, l'UVSQ est particulièrement attentive au devenir et à l'insertion professionnelle des jeunes auxquels elle propose des formations qualifiantes. Le Conseil d'Administration considère que le CPE est porteur de précarité pour la jeunesse et institue une forte régression sociale menaçant tous les salariés. Le Conseil d'Administration demande donc le retrait du CPE et l'ouverture de négociations avec les partenaires sociaux et les étudiants".
  3. La manifestation de mardi dernier a déplacé entre 2 et 3 millions de personnes. Pour sa part, l'UVSQ avait un cortège fonctionnel augmenté de lycéens, et il n'y a pas eu de débordements. Le bilan est plutôt positif, et cela montre que le mouvement ne s'essouffle pas.
Perspectives
Changement dans le mode de vote des perspectives. Il y a eu au début, pour les perspectives les moins "importantes", les moins cruciales, un vote une fois que la proposition a été faite.
  1. Proposition d'une nouvelle nuit à la fac. (vote pour).
  2. Avec l'intersyndicale, mardi, opération péage libre à St Arnoult en Yvelines (A10). Proposition de participation de l'UVSQ (vote pour - 53 - contre - 24 - ne prend pas part au vote - 1).
  3. Prolongation de la grève : (plusieurs intervenants se sont succédés)
    > La grève, c'est ou tout le monde ou personne. On peut organiser des roulements, chacun son tour.
    > La grève sert à prévenir ceux qui ne la font pas des actions, et ne peut se mettre en pause.
    > Le débat vient sur l'essoufflement, mais le relais est présent au niveau lycéen. C'est la dernière ligne droite, la semaine prochaine sera certainement riche en rebondissements.
    > Les deux personnes invitées au débat organisé sont incompétentes, il faut plus de représentation d'autres groupes que l'UMP et le PS (refusé).
  4. Les juristes sont pénalisés. On entend des assertions incroyables (l'employé est au service de l'entreprise, en droit social). C'est une catastrophe au niveau du dialogue. Une faible minorité de juristes se sent vraiment seule. Proposition d'un référendum national, surtout si le conseil constitutionnel ne s'oppose pas au CPE. Comme les référendums se font à l'initiative du gouvernement, il faut faire remonter au niveau des instances nationales la volonté d'un référendum, sachant que 63% de la population est contre le CPE.
    > Il faut rappeler que toutes les UFR sont toutes concernées par la non-pénalisation aux examens.
    > Tous les juristes ne sont pas forcément pour le CPE Le problème est que là bas, certains étudiants en ont rien à faire. Proposition d'une AG d'information à Leclerc
  5. Jeudi prochain, débat sur les alternatives au CPE.

Votes
:

  • Reconduite de la grève : 1 ne prend pas part au vote, 0 s'abstiennent, 122 votent pour, 7 votent contre.
  • Appel d'un référendum national : 1 ne prend pas part au vote, 0 s'abstiennent, vote pour.
  • Organisation du débat avec les députées et sénatrices des Yvelines : vote pour.
  • Organisation d'un débat jeudi prochain sur les alternatives au CPE : vote pour.
Cette fois-ci, nous avons eu une Assemblée Générale aussi peuplée que la précédente (130 personnes), toutefois, les conditions furent bien meilleures. On a enfin eu le droit de ne plus entendre "il ne faut pas bloquer la fac", "c'est inadmissible, on ne peut pas aller en cours à cause de la grève" etc. On semble enfin passé à autre chose. Une AG plus pragmatique, donc, avec des propositions originales, notamment l'appel au référendum sur le CPE (bien sûr, j'ai peur qu'il ne reste qu'une bouteille à la mer), ou encore l'opération "péage libre" à Saint Arnoult (bien que ce ne soit pas les étudiants qui l'aient proposés, cela traduit une nouvelle approche de la mobilisation : plutôt que de bloquer un lycée, bloquer une gare, une voie express ou en faisant une opération "péage libre" est une opération bien plus médiatique, et bloque des secteurs économiques, ce qui est moins supportable pour les organes dirigeants).
Malgré tout, il est difficile de préjuger de ce qui va se passer la semaine prochaine, au vu de l'actualité qui s'est un peu bousculée hier et aujourd'hui (cela fera l'objet d'un billet ce week end, histoire d'en garder un peu sous le pied).
Demain, si vous êtes sages, vous aurez le droit au compte rendu du débat entre Mr FOURGOUS et Mme TASCA.


30 mars 2006

[C.P.E] Coup dur pour la mobilisation?

Je ne m'apesantirai pas très longtemps ce soir sur l'importante nouvelle tombée aux journaux de 20h, mais le Conseil Constitutionnel a rendu la loi sur l'égalité des chances conforme à la Constitution.
Désormais, il semble clair que malgré le fait qu'aucun autre recours juridique ne soit possible, la mobilisation risque de gagner encore en intensité, opposant avec un cran de plus deux partis intransigeants.

Note pour les contributeurs. Si vous avez des infos à passer, utilisez ce post. Demain, vous aurez aussi le compte rendu de l'A.G de ce midi (qui s'est bien mieux déroulée que les deux précédentes au passage). Sur ce, je finis mon exposé!

Vous pouvez aller faire un tour sur le site de maître Eolas, qui, dans un texte de vulgarisation fort bien tourné (une pièce de théâtre), raconte le déroulement du Conseil Constitutionnel de jeudi dernier. cela se passe ici

28 mars 2006

[GREVE] Une semaine sous tension...

Depuis la fin du week-end dernier, depuis la fin des tentatives de négociation, tous les médias en parlent : la manifestation-grève de mardi, en laquelle les opposants au CPE engagent leurs plus grands espoirs, puisque de son résultat vont probablement découler la suite des évènements.
Déjà ce matin, à l'heure à laquelle je vous écris, la mobilisation dans les transports (bus, métro, train, tramway selon les régions), est déjà importante (entre 20% et 60% du trafic assuré selon les lignes et les régions). Aussi beaucoup ont pris leurs précautions, soit posé une RTT soit pris un train plus tôt pour arriver à l'heure. Ceux qui manifesteront par contre, espèrent que le rassemblement de cet après midi sera suffisant pour faire plier le gouvernement et le mettre devant le fait accompli : en France 63% des français (sondage Ipsos pour France 2) souhaitent le retrait du CPE. Pour faire tout de même bonne figure et tenter de garder le contact, désormais, le Premier Ministre se dit "prêt à discuter sur les deux points les plus sensibles du CPE, la période d'essai de deux ans et la rupture du contrat". Sauf que personne ne semble être intéressé par ces propositions changeantes, d'une semaine à une autre. D'ailleurs, la CFDT et FO ont déjà décliné l'invitation à la discussion prévue demain à Matignon.
On peut également espérer que le déroulement de la manifestation soit plus encadré pour éviter les images de jeudi dernier, des affrontements entre étudiants, forces de l'ordre et casseurs (évitons d'entrer dans le jeu des médias qui montrent pour partie des jeunes issus de la banlieue uniquement, il y en a eu aussi du côté des étudiants, mais les cibles étaient différentes.). Selon le Ministre de l'Intérieur, cette fois ci, des contrôles auront lieu dans les gares pour tenter "d'écrémer" le maximum d'éléments étrangers.

Et le travail m'a empêché de finir ce billet. Aussi, je l'achève après les premières estimations de la manifestation d'aujourd'hui. Et elles semblent fameuses, puisqu'elles varient entre 1 (selon la police) et 3 millions de participants (selon les syndicats). Du simple au triple évidement, mais ce sont des chiffres bien supérieurs aux manifestations précédentes. D'ailleurs un cortège assez fourni est parti de l'UVSQ (élo vous fera un topo si elle en a le temps). Maintenant, il ne semble pas qu'il y ait eu autant de débordements (quelques uns quand même à signaler : En dépit de l'imposant dispositif policier déployé, des incidents ont éclaté en début de manifestation. La vitrine d'un café a été brisée près de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et le carré de tête a été harcelé tout au long du parcours par des bandes de jeunes gens masqués qui tentaient de passer en force).
Et malgré cela, le Premier Ministre ne semble toujours pas avoir entendu raison. A point qu'à présent même Nicolas Sarkozy prêche pour une suspension du CPE (mais en tant que petit calculateur, ce genre de proposition vise juste à prendre l'unique canot de sauvetage du H.M.S Villepin).

26 mars 2006

[GREVES] Le CPE vu par un grand cyber-juriste

Vous avez peut être vu dans la catégorie "liens vers d'autres blogs" un lien vers cet excellent blog qu'est "Le journal d'un avocat" Si je vous en parle, c'est parce que son animateur, Maître Eolas a livré son analyse du CPE.
En lisant le résultat de sa réflexion à cette adresse, vous constaterez que pas mal d'arguments développés rappelent ceux déjà développés en Assemblée Générale céans (en tout cas, les conclusions sémantiques à propos de la "grève" et du "blocage", parce qu'après, peu d'étudiants en droit sont venus faire part de leurs interprétations).
Maître Eolas montre en tout cas une chose importante : le Contrat Première Embauche est une loi très complexe, aux références vers d'autres articles de loi, laissant place ainsi à de multiples interprétations, positives ou négatives. Clairement, le CPE dans cet article semble plus neutre, (et rien que de lire cela, beaucoup vont s'énerver) que présenté par les syndicats. Néamoins mon point de vue ne changera pas concernant le CPE : on ne lance pas de loi sans avoir au préalable négocié au maximum avec les partenaires sociaux.

25 mars 2006

[GREVE] Discussions écourtées, casse, intransigeance... Où la sortie de crise devient de plus en plus pressante

Une chose est sûre et déjà affirmée sur ce blog depuis le début du conflit sur le CPE : que ce soit du côté du Premier ministre et de son entourage, ou bien du côté des manifestants, jeunes ou adultes, personne ne veut infléchir sa postion. L'affrontement tourne donc au bras de fer, à celui qui tiendra le plus longtemps, à celui qui cèdera en premier. Plusieurs facteurs peuvent conduire à cette rupture :
  • Un mouvement de grève paralysant la France, reconductible de jour en jour, type de celui qui a eu lieu en décembre 1995 (nous étions peut être trop jeunes pour en saisir les tenants et les aboutissants, mais nous avons peut être des souvenirs associés, tels nos parents rentrant très tard à cause des trains ou des embouteillages).
  • Une radicalisation des manifestations, non pas du fait des étudiants (qui tiennent pour la majorité à faire du combat contre le CPE une lutte sans trop d'accrocs avec les forces de l'ordre), mais plutôt des casseurs, qui voient dans ces rassemblements l'occasion de casser, frapper et voler. Cette violence pourrait tout à fait être profitable au pouvoir. En effet, du fait du retentissement médiatique, des images de malades en train de se défouler sur une voiture ou une vitrine, certains manifestants potentiels seraient enclins à rester chez eux plutôt que de risquer de se retrouver détroussé ou avec des contusions. Cela fait donc des manifestations moins "grosses", donc un dégonflement potentiel du mouvement.
  • En même temps, le fait de laisser s'installer l'insécurité risque de mener à l'escalade : il ne serait pas étonnant si cela persiste de voir des commerçants ou des manifestants exaspérés (ou extrémistes) sortir le fusil ou le couteau. Dès qu'il y aura un cadavre, un point de non retour sera franchi. Et dans l'idéal, il serait fortement préférable de ne pas en arriver jusque là.
  • L'enlisement du dialogue n'est pas non plus un bon présage, car il risque de lasser et d'un côté les manifestants les moins motivés ou ceux qui sont contre les blocages des universités (encore une fois, je rappelle que cela ne concerne pas l'UVSQ et que certaines facs considérées comme bloquées ont été fermées par l'administration), de l'autre, des députés, notamment de la majorité, qui voient leur parti se rendre de plus en plus impopulaire (antinomiquement à leur slogan), et qui souhaitent lâcher du lest pour éviter la catastrophe des élections (surtout qu'avec encore un an et quelques mois, les sujets de mécontentement ont encore le temps de surgir).
Où est-ce que je veux en venir, me direz-vous? Eh bien, ce qui précède pourrait servire de prospective aux évènements de la fin de la semaine et du week-end.
Jeudi : la manifestation est entâchée par des débordements de casseurs, à la fin de la manifestation, place des Invalides. Naissent des polémiques sur l'intervention tardive des forces de l'ordre lors de la dispersion des manifestants. Toutefois, le ministre de l'Intérieur ne souhaite pas lancer des charges de CRS en plein milieu des bagarres. Toujours est-il qu'il souhaite anticiper l'arrestation de ces éléments qui pourrisent le mouvement.
Vendredi : les syndicats de salariés sont invités à discuter "sans à priori" avec le Premier Ministre. L'entrevue a duré une heure, et les deux partis se sont quittés sans avancer. D'ailleurs, les syndicats promettent désormais de plus revenir à Matignon tant que le CPE ne sera pas retiré. En témoigne cet article du Nouvel Observateur [> :
On ne les y reprendra plus: face au "refus total" du Premier ministre de faire machine arrière vendredi lors de sa rencontre avec les confédérations syndicales, la CGT et FO ont déjà annoncé qu'elles ne retourneraient pas à Matignon sans retrait du CPE. Dominique de Villepin leur avait en effet proposé, ainsi qu'aux organisations de jeunes, de les revoir dès "la semaine prochaine".
"Pourquoi faire?", a expliqué samedi à l'Associated Press Jean-Claude Mailly, patron de FO. "Si le Premier ministre accepte le retrait, on est prêts à le revoir pour discuter de tous les problèmes de précarité et d'emploi des jeunes. Mais si c'est pour recommencer une séance comme celle de vendredi et nous proposer de simples aménagements, ça ne sert à rien de s'y rendre!". "Ce sera difficile d'y aller tant que le Premier ministre campe sur sa position", a confirmé à l'AP Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT.
Quant aux jeunes anti-CPE (UNEF et Confédération étudiante; UNL et FIDL côté lycéens), ils réservaient leur réponse samedi en début de soirée. A midi, faute de retrait du CPE, ils avaient boycotté la réunion à laquelle les avait conviés Dominique de Villepin, le laissant face aux syndicats minoritaires (UNI, FAGE et PDE). La veille, ils avaient déjà décliné l'invitation du ministre de l'Education Gilles de Robien. L'intersyndicale (syndicats, jeunes, FSU et UNSA) se réunira mercredi pour adopter une position commune.
Enfin, Samedi, Dominique de Villepin souhaite rencontrer les membres des syndicats étudiants. Seule l'UNI (droite) et la FAGE (semblant apolitique), notamment ont répondu à l'appel, mais sans que la situation avance de nouveau. La seule nouveauté, est la nouvelle fluctuation dans la ligne de conduite vis à vis du CPE : cette fois-ci, il semblerait prêt à modifier le cadre d'application, notamment sur les deux ans d'essai et la justification de rupture. Mais cela ne satisfait personne.
La volonté affichée samedi par Dominique de Villepin de "répondre" aux préoccupations "rapidement", "par le dialogue", notamment sur les "deux préoccupations majeures" que sont la période d'essai de deux ans et la rupture du CPE, a donc été accueillie avec scepticisme. La seule piste concrète annoncée, le "prolongement des bourses étudiantes" jusqu'au premier emploi, ne concerne pas le CPE.
Autrement dit, rien d'intéressant. En plus, on constate que le CPE ressemble de plus en plus à un élément peu considérable de la part de nos deux plus grands hommes politiques (grands ni en termes de taille ou de qualité, mais plutôt en termes de postes, président de la République exclus) : une bonne grosse partie d'échecs, où chacun y va de son idée pour faire passer quand même le CPE sous d'autres formes (l'idée de Nicolas Sarkozy de faire une expérimentation de 6 mois) ou bien la tentative de conciliation de la dernière chance (un coup dans l'eau pour Dominique de Villepin). L'issue de la partie, on la connait, elle sera en 2007. Reste à savoir qui sera en situation d' "échec et mat". Le problème, dans tout cela, c'est que les revendications des jeunes et des salariés ne semblent pas prises en compte (malgré les déclaration du Premier Ministre affirmant qu'il a entendu les revendications... cela marche très bien ce genre de phrase, De Gaulle l'a utilisée en son temps!). Toujours est-il que pour éviter une montée des périls et un enlisement de la situation, la mise aux oubliettes d'une loi dont personne ne veut serait la meilleure solution.

24 mars 2006

[GREVE/HOAX] le CPE pourrit votre boîte courriel

Sous ce titre bizarroïde, je tenais à vous faire prendre conscience des inepties qui circulent d'adresse courriel en adresse courriel. Le Hoax, c'est ce qu'on appelle en anglais un canular, une nouvelle, avec parfois des fondements plus ou moins réels, mais dont le résultat final induit en erreur ou joue sur la crédibilité du lecteur. Les plus habituels qui circulent, ce sont ceux sur la pauvre gamine dans un hôpital qui voit ses jours en danger, ou bien la conversion de Hotmail en serveur courriel payant (parfois, ce sont des messages qui tournent depuis plusieurs années). Généralement, ils se terminent par une phrase de ce genre :
Je vous remercie de votre attention et d'essayer de diffuser au maximum ce message.
Histoire de colporter une fausse rumeur. Les carnets d'adresses s'étoffant rapidement, on arrive à des quantités importantes de ce genre de rumeurs... Et parfois, cela donne des effets dévastateurs, genre saturation de la boîte courriel en question (personnellement, je renvoie une réponse sèche à celui qui a osé pourrir ma boîte courriel, oui, je suis un mec à principes, on ne plaisante pas avec ça!).
Pourquoi je vous parle de tout cela? Eh bien, parce que comme toute évènement important dans l'actualité, le CPE a le droit à son hoax. Je vous le cite en entier.
Je sais que pour la plupart vous n'en avez rien à faire et vous ne vous sentez pas concernés mais c'est important pour nous étudiants en fac...
Je vous écris pour vous demander votre soutien aux étudiants qui se trouvent pris en otage par les manifestations actuelles mais aussi pour vous exposer la réalité de notre situation bien loin de celle que les médias comme à leur habitude déforme. Je suis étudiante en master de droit des affaires à Paris X - Nanterre et je suis révoltée face au blocus des universités.
Premièrement il faut rétablir la vérité, la majorité des étudiants sont contre ce blocus sauf que nous subissons des menaces et des intimidations alors peu d'entre nous osent prendre la parole. De plus, les médias font preuve d'une véritable manipulation dans leurs reportages et oublient bien souvent de mentionner les moyens totalement anti-démocratiques utilisés par ces manifestants.
Tout d'abord, les assemblées générales qui ont été diffusées à la télévision ne sont qu'une mascarade: ainsi lorsque le résultat d'une première AG avait donné le non au blocus majoritaire, dès le lendemain une seconde AG éait organisée par une minorité de manifestants pour revoter illégitimement le blocus, ne respectant pas la décision des étudiants.
Enfin l'AG réunissant le plus grand nombre d'étudiants jeudi dernier était un véritable scandale: nous étions majoritaires contre le blocus alors ils nous ont d'abord imposé 3 heures de faux débats ( temps de parole inégal et les intervenants autorisés étaient à 90% leurs partisans). Ils ont mené une véritable propagande anti-gouvernementale bien loin du problème du CPE et énoncé des abérrations telles que le CPE facilite le licenciement des femmes enceintes et permet de licencier pour une tenue vestimentaire non conforme en dehors des horaires de travail...

Le problème c'est que la plupart des jeunes (non juristes) le prenne pour parole d'évangile!!!
D'autre part pendant cette assemblée la sécurité laisse des individus circuler avec des foulards cachant leurs visages et manifestement menaçants. Enfin le vote s'effectue à main levée avec des gens qui pour la plupart ne sont absolument pas étudiants mais des syndicalistes ou autres appelés en renfort: nous étions 2000, seulement 750 ont voté pour le blocus et ils ont quand même déclaré que nous avions perdu!!!
Mais le plus grave ce sont les intimidations et la violence de ces gens que les médias ne dénoncent pas: jeudi et vendredi lorsque des étudiants ont voulu entrer dans leur faculté des bagarres ont éclaté à coups de barres de fer, une jeune fille a été poussée dans les escaliers par des représentants de l'Unef et a été sérieusement blessée mais là encore personne ne dit rien ou ne se scandalise: non toute cette violence est légitimée par le droit de grève?!!!

Enfin lorsque les manifestants étaient minoritaires face aux vrais étudiants qui voulaient accéder aux cours, ils ont fait appel à des lycéens de nanterre arrivant en masse et criant. Ces jeunes n'étaient là que pour nous intimider et n'ont trouvé rien de mieux que de se prendre en photo avec leurs portables devant l'université en nous narguant et chahutant démontrant leurs réelles motivations!!!
C'est donc un appel à l'aide que je vous adresse pour les vrais étudiants qui veulent que leur droit à l'éducation et celui de ne pas faire grève soient respectés. Les dirigeants de notre université étant démissionnaires et les médias refusant de prendre en compte notre témoignage, je vous sollicite donc pour nous aider à rétablir la vérité et pour que l'Université française redevienne un lieu où les libertés individuelles peuvent s'exercer loin des propagandes et de la violence.
Je vous remercie de votre attention et d'essayer de diffuser au maximum ce message.

En gros, c'est un message qui se base sur des fait réels, mais, je ne vais pas dire exagérés, plutôt forcés, et ainsi, ils se détournent du véritable déroulement des évènements (encore qu'en 1ère ES, on m'a appris qu'il n'y avait pas une vérité, mais des vérités). En cela, ce n'est pas tout à fait un hoax, mais il importe de ne pas prendre ce message pour argent comptant. Donc, si vous recevez ce message, informez son expéditeur qu'il s'agit de prendre ce message avec des pincettes, et ne l'insultez pas en disant qu'il raconte des bobards.
Pour mettre plus de poids à votre message, insérez un lien vers HoaxBuster, et notamment à cet article [> le site qui s'occuppe avec Hoaxkiller de ce type de message.
Et puis pendant que j'y pense, quand vous recevez un message demandant à la fin de le transmettre à votre carnet d'adresse, passez-le à la moulinette grâce à ce site. Vous éviterez dans certain cas les bévues.

23 mars 2006

[GREVE] Baisse de régime à Saint Quentin, pourtant le mouvement reste fort ailleurs

L'Assemblée Générale d'aujourd'hui semblait être un test pour prendre la température du mouvement, une semaine après la première manifestation à laquelle l'UVSQ a participé la semaine dernière et trois jours après une première AG mitigée. Et force est de constater que ce fut un peu un four. Elle a eu lieu à l'Amphi 1 du bâtiment Vauban, un des plus grands de la fac (puisque Diderot était occupé par un cours). La fréquentation était également en baisse, puisque sur 334 (nombre exact de places de cet amphi), seul environ 130 ont été occupées (selon un comptage de Max au miilieu de l'AG).
D'entrée, les présidents de l'Assemblée on décidé que le nombre de présents ne pouvait être représentatif pour le vote de la reconduite de la grève et que serait uniquement voté l'envoi de délégués pour la prochaine coordination nationale du week end prochain à Aix.

Ce soir, je ne ferai pas un compte rendu détaillé comme à l'accoutumé, car j'ai trouvé cette AG réellement pauvre en nouveautés, et je ne ferai figurer que ce qui aurait pu avoir le plus d'intérêt.

D'abord, un rappel des actions menées durant le début de la semaine
  • Organisation d'un sit-in à Versailles. Les lycéens ont rejoint la manifestation dont le nombre est compris entre 200 et 400 participants. Il n'y a pas eu de troubles à déplorer, l'ambiance était festive.
  • Le comité de mobilisation survit tant bien que mal.
Puis sont arrivées les perspectives et c'est à ce moment que ça a commencer à ramer...
  1. Une étudiante en sociologie a reproché le fait que la grève faisait que les étudiants quittaient les cours, et que ceux qui souhaitaient aller en cours se retrouvaient à quatre ou cinq, et que dans ces conditions les professeurs ne souhaitaient pas faire cours. Aussi, les grévistes étaient plus ou moins perçus comme les responsables d'une sorte de "blocage hypocrite". Elle a ajouté que mardi, des éléments extérieurs (ça marche très bien cette expression dans les JT) ont bloqué les entrées de d'Alembert (à vérifier, je n'en ai pas entendu parler, bien que je ne doute pas de la véracité de cet évènement). Cette première intervention s'est soldée par un brouhaha, un dialogue entre l'intervenant et l'assemblée, qui, pour le dire réellement, faisait peine à voir : des sarcasmes sur l'étudiante en question, des interpellations peu respectueuses etc. Par la suite il a bien été rappelé que la liste de parole devait être respectée, que la tribune devait rester neutre, et que la fac n'était pas bloquée. Si les professeurs font grève, ce n'est pas le fait des grévistes. Enfin, l'étudiante est revenue à la charge au cours de l'AG, malheureusment dans un brouhaha peu propice à un débat serein, autrement dit les arguments développés ont tourné autour du thème : "que proposez-vous? Rien" (ok cela a déjà été dit deux ou trois fois au cours d'AG précédentes).
  2. On a eu un super papier de supers journalistes de Saint Quentin qui nous dénonçait de bloquer la fac. L'occupation de la fac se fait par la présence dans le hall Vauban. On n'a pas l'air menaçant, on peut sortir et entrer sans difficulté. Grève et blocage ont deux sens distincts et cela fait cinqaunte fois qu'on le répète.
  3. [Chargé de cours en Socio] 110 professeurs soutiennent le mouvement, appel à la grève pour mardi prochain. On arrive dans une situation compliquée entre grévistes et non grévistes, où Saint Quentin en fait est "le cul entre deux chaises".
  4. J'ai remarqué que nous étions plus sages à l'Assemblée Nationale (marrant, ça rapelle un commentaire d'Elo ici même!). L'intervenante a développé l'exemple d'un jeune qui était en CDI, qui s'est fait licencier pour être remplacé par quatre CPE à mi-temps. Elle a soulevé ensuite le problème de ceux en CDI qui n'ont plus grand chose à payer une fois le loyer payé (et donc obligés de s'alimenter aux Restos du coeur).
  5. Il y a la forme et le fond de ce débat. Pour la forme, le gouvernement a fait passer sa loi avec le 49-3. Dans la constitution de 1958, c'était pour lutter contre l'instabilité constante du gouvernement. Or aujourd'hui, le Premier Ministre a une majorité comprenant les 2/3 de l'hemicycle. Il n'en ont donc pas logiquement besoin (applaudissements épars). Ce ne sont pas des réformes majeures, mais plutôt de la communication. Il a Sarkozy qui l'attend au tournant pour 2007 et il doit aussi faire dans le libéral pour cette échéance. Dans le fond, c'est un nouveau concept, qui contredit la dignité humaine. Pour les CNE, 70% ont remplacé des CDI. Les garanties financières proposées posent problème, puisque dans le cadre d'un prêt, la banque est prête à faire des prêts, mais c'est l'organisme tiers garant de la banque qui bloque...
  6. Je suis assez déçu de voir que la mobilisation s'essoufle. Concernant le départ : les préavis sont obligatoires allant de deux semaines à un mois. Un employeur s'amusera-t-il à licencier n'importe comment? Il doit verser 8% du salaire depuis son entrée, et 2% pour la recherche d'un nouvel emploi. (brouhaha).
  7. J'ai des périodes contradictoires concernant le licenciement : sous quatre semaine, il n'y a pas de préavis. entre quatre semaines et six mois, c'est deux semaines et au delà de six mois, c'est un mois.
  8. Cette mobilisation n'est pas stérile, se mobiliser est déjà un engagement
  9. Je m'attendais aux critiques sur les alternatives au CPE : je propose l'exonération des PME, baisser les charges, changer le système de chômage : l'inscription à l'ANPE devrait faire s'impliquer les chômeurs dans des associations d'aide, de médiation ou d'insertion
Les perspectives ayant été épuisées pour cette séance, deux votes furent prévus :
  • Le principe de grève jusqu'à la prochaine AG : pour.
  • Désignation de délégués pour participer à la coordination d'Aix : pour.
Donc nous avons eu une AG encore plus ratée que celle de lundi (ça causait moins d'ailleurs), entre le retour perpétuel au blocage qui n'en est pas un. C'est cet argument qui devient de plus en plus crispant, et force est de constater que le message ne passe pas : l'UVSQ, ce n'est ni Rennes, ni Nanterre ni la Sorbonne (pour reprendre l'expression d'une intervenante).
Il convient de se demander pourquoi il y a moins de monde aux AG : en en discutant, j'ai entendu cette hypothèse suivante : deux AG par semaine, c'est trop rapproché. En effet, si à la première le mouvement est reconduit, à la seconde, personne ne vient, la reconduite étant acquise. Cela parait tout à fait plausible.
Puis à 12h30, un petit cortège (une quarantaine de personnes à vue de nez) est parti vers la gare pour prendre part à la manifestation du jour à Paris. Celle-ci pourtant ne s'est pas dégonflée, les lycéens permettant au mouvement de tenir et de faire venir un peu plus de monde. Mais pour cela, Elo vous fera un topo détaillé de la manifestation, entachée une fois de plus par des éléments extérieurs et des casseurs, apparemment attirés par les téléphones portables à faucher, pour jouer au chat et à la souris avec les CRS (mais à voir les images des JT, y en a qui doivent compter leurs bleus) ou tout simplement défonçer vitrines et voitures (lesquelles n'ont rien demandé à personne, et qui pourrissent la vie de leurs propriétaires : pour certains possesseurs de véhicule, c'était le sésame pour le travail).

22 mars 2006

[GREVE] Quand les deux partis bloquent...

Je délaisse pour le moment les comptes rendus d'Assemblée Générale (ma spécialité) pour revenir, à l'instar de Max, sur l'actualité de la mobilisation en France, et de l'affrontement de plus en plus poignant entre un Premier ministre intransigeant et une population croissante (car désormais, on ne peut plus parler uniquement d'un conflit entre le gouvernement et les étudiants, mais plutôt d'un conflit opposant l'ensemble de la société française à ses dirigeants).
Dans l'affaire du CPE, Dominique de Villepin (laissons-lui son nom, faut le plaindre un peu, ce n'est pas marrant d'avoir les deux tiers de l'opinion contre soi! second degré inside) campe ou louvoie sur ses positions. En effet, d'une soirée à une autre, on entend notre Premier ministre dire qu'il "qu'il était prêt à des discussions sur deux points du contrat première embauche" c'est à dire la période des deux ans d'essai et la non-justification du licenciement. Pourtant, pour lui, "Sur cette loi, il y a trois choses qui sont impossibles, leur a-t-il lancé, la première c'est le retrait [...], la deuxième c'est la suspension [...], la troisième, c'est la dénaturation du projet !". Autrement dit, face aux syndicats et aux nombreux manifestants qui réclament le retrait préalable du CPE pour pouvoir discuter, la situation se bloque.
Mais à ce jeu, qui est le plus perdant? Les étudiants ou le gouvernement? Les deux (mon capitaine!), en fait. Puisque d'un côté, on risque de voir des étudiants tourner casaque parce qu'ils sont excédés par les blocage de leurs universités (pour certains, cela fait plus d'un mois que c'est le cas), et donc le mouvement dépérirait de l'intérieur ; De l'autre côté, c'est le gouvernement qui se verrait taxé d'une franche impopularité. Le sondage CSA publié la semaine dernière (réalisé le 14 février) révèle que seulement 36% de la population se disent confiantes en son action "pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays". Ils étaient 47% un mois avant. Lourde chute donc dans les sondages, qui si la situation ne se modifie pas, risque de laisser des séquelles, bien regrettables pour les ambitions présidentielles d'un homme politique qui n'a jamais été élu.
Les seules concessions qu'il est disposé à accorder ne sont pas de son ressort, puisqu'il autorise les partenaires sociaux à réduire la période d'essai, mais pour cela, il faut que toutes les entreprises d'une même branche soient d'accord. Et concède du bout des lèvres que le licenciement pourrait être justifié (et encore, ce n'est même pas sûr). Toujours est-il que Dominique de Villepin entend résister contre vent et marées, alors que déjà dans sa majorité, les rats quittent le navire (second degré inside). Un énième remake du Titanic? En gros, les aménagements prévus se feraient "dans le cadre de la loi" ; belle manière de dire "débrouillez-vous, la loi est votée, c'est à vous de l'adapter", et souhaiter se débarrasser du cadeau qui fait "boum".

Un article de Libération est assez évocateur de cet entêtement digne de la pire mule sur la terre (pardon en passant à ce sympathique animal, dont l'entêtement est généralement justifié, à la différence de notre Premier bourricot) :
Villepin est en guerre et c'est sa majorité qui trinque. Hier soir, il a fait une nouvelle démonstration de son entêtement devant les parlementaires UMP convoqués pour «un pot amical» à Matignon.

[...]

«Tout le monde est sorti estomaqué devant tant de raideur, a raconté un des participants à la sortie. Mais peu osent l'ouvrir : c'est le bal des faux-culs.»
Pour que des parlementaires en viennent à dire cela, c'est qu'il y a un malaise grandissant au sein même de l'UMP. L'article se poursuit en ce sens :
A midi, il se rend devant les députés du groupe UMP à l'Assemblée. Peu de temps avant, la réunion du bureau du groupe a été le théâtre de toutes les craintes. Jean-Paul Anciaux (Saône-et-Loire) a évoqué 1995, le «droit dans ses bottes» de Juppé, la dissolution qui a suivi et la défaite aux législatives. Philippe Briand (Indre-et-Loire) a déploré «le manque d'humanité» du gouvernement et de son Premier ministre.

[...]

Dans les couloirs, un député sarkozyste se lamente : «La seule question qui vaille désormais est : quand Chirac va-t-il le lâcher ?» Claude Goasguen (Paris) reconnaît : «Il est difficile d'expliquer le CPE. Moi-même je n'y arrive pas.» Proche de Sarkozy, Eric Woerth s'interroge ingénument : «Le CPE n'est pas un outil indispensable pour lutter contre le chômage. Est-ce que tout cela en vaut bien la peine ?»
Révélateur, non? Beaucoup de ces parlementaires voient leur avenir attaché à celui de la forteresse H.M.S Villepin.
Et pendant ce temps, les étudiants, les salariés sont en train de se masser pour des manifestations de plus en plus importantes, de plus en plus suivies, à commencer par celle de jeudi. Puis par la grève prévue mardi (apparemment une journée). En lisant ces quelques citations plus haut, on se dit que les parois commencent peut être à se lézarder. A moins qu'un garde ne tourne sa veste et ouvre la porte...

21 mars 2006

[GREVE] Une AG en demi-teinte?

Avant de commencer, je me suis aperçu que Max m'avait "grillé" mon titre pour faire son dernier billet. Donc ce n'est pas grave, j'ai revu le mien. Voici donc le compte rendu de l'AG de lundi dernier . Une AG, qui avait un goût différent des deux précédentes :

D'abord, il y a eu un bilan de la mobilisation de la semaine dernière.

  • Les deux dernières manifestations ont fait descendre un nombre très important d'étudiants et de salariés (manifestation de jeudi) dans la rue, et en cela, on peut tirer un très bon bilan de la mobilisation, puisque ces deux dernières manifestations ont mobilisé plus de monde que durant celle du 7 mars. Qui plus est, le mouvement de grève touche désormais 69 facs sur 84. A Saint Quentin, nous avons eu un cortège d'environ 500 personnes et nous avons occupé une nuit (de jeudi à vendredi) dans une ambiance festive la fac. Nous sommes près du but. A Dijon, il y a eu ce week end une réunion de Coordination Nationale, pour définir les perspectives d'actions à venir. Désormais, on voit Dominique de Villepin qui dit "je suis désolé, j'aurais pu m'y prendre autrement". Le CPE ne peut être retiré quoi qu'en dise De Villepin. 68% des français sont pour son retrait.
  • La coordination présente à Dijon propose plusieurs actions à mener dans le courant de la semaine : le 23 mars, mobilisation générale à Paris, les syndicats se joignent au mouvement de protestation, la coordination encourage à poursuivre la grève, à reporter les élections au CROUS qui ne pourront se faire dans de bonnes conditions du fait du blocage ou de la fermeture de certaines universités, à l'amplification du mouvement. De plus le 26 mars, les syndicats appellent les salariés à la grève.

Une nouvelle suite d'arguments furent développées, et c'est à partir de ce moment que j'ai trouvé qu'il y avait une sorte de "souffle au coeur" dans cette AG : exceptionnellement, les arguments seront très complets, car les intervenants ont pour la plupart adopté un rythme trop rapide pour ma prise de notes (donc vive le micro)...

  1. Il est très important d'être motivés sur les questions de société. L'occupation des facs me surprend, puisque symboliquement, l'occupation rend la fac à l'étudiant. Mais a-t-elle déjà prise aux étudiants (silence puis applaudissements). Il s'agit de se réapproprier des locaux qui ne nous ont pas été volés et encore moins par le CPE. C'est un amalgame entre la situation des universités et le CPE. Il est dommage d'établir des modules de réflexion sur le CPE après avoir fait la grève. Est-ce qu'il n'aurait pas été plus sage de commencer par une grande réflexion pour ou contre le CPE, puis voir s'il est nécessaire ou non de faire la grève? Je suis sûr que Gilles de Robien et Dominique de Villepin lorsqu'ils disent "nous somment prêts à écouter" ne sont pas totalement en dehors de la réalité (huées, applaudissements). C'est une manoeuvre destructrice de commencer par la grève. Que proposez vous à la place? Rien (huées, applaudissements, ovations)! Je souhaiterais que l'on retire les banderoles "UVSQ en grève", car elles ne concernent pas toute l'UVSQ : Leclerc n'est pas en grève! (applaudissements, huées).
  2. [Lucas, notre nouveau blogueur a pris la parole] Vous avez raison, le CPE, n'est pas sans risque. Il provoque la précarité, néamoins, ce n'est qu'un contrat, qui peut tout prévoir, un support, que l'on peut aménager. Seul les entreprises peuvent l'aménager, car seules les entreprises l'utilisent. Et je pense à des entreprises qui n'existent pas encore. Et je voudrais savoir ce que vous, qui êtes dans cette assemblée, vous attendez (interpellation : - le retrait du CPE). Très bien, retirez le CPE. Dans ce cas, je vous pose cette question : comment vous allez faire pour résorber les 25% de chômeurs? (interpellation : - cela n'a rien à voir, huées, applaudissements). Si vous embauchez cinq personnes. Avec ces cinq personnes, sur lesquelles un patron aurait gagné 20% de côtisations. Si vous faites la multiplication, vous gagnez un salarié.
  3. J'entends beaucoup de choses sur le patronat. Comme quoi c'était un cadeau qu'on leur faisait. Mais il faut garder à l'esprit qui dirige les entreprises (interpellation : - les salariés, huées). La situation des salariés est dans certains cas plus confortables que certains patrons, et en France, les ennemis des syndicats sont ceux qui la font vivre (ovations, huées). Entre un facteur et un mec sorti de l'ENA, il y en a un quand même qui plus capable que l'autre de diriger la France (cris, brouhaha). On a voté pour ce gouvernement, il est là pour cinq ans, laissons-le terminer (applaudissements)
  4. Arrêtons avec les lieux communs : ceux qui sont contre le CPE sont des communistes, ceux qui sont pour sont des facsites (applaudissements). Pour répondre à l'étudiant qui se demandait pourquoi ne pas discuter du CPE avant de se mettre en grève, je dis qu'il aurait fallu en discuter avant de le voter (ovations).
  5. Je suis salarié, et je galère. Aujourd'hui, je vois beaucoup de jeunes, de 20 à 26 ans et au delà à qui on propose un CDD, à qui on fait miroiter un CDI. On vous prend votre temps d'étude, on vous donne un petit salaire, on vous fait miroiter un avenir radieux, le CPE ou le CNE, qui laissent deux ans de plus d'essai. Cette situation devrait déjà être cloturée. Les jeunes sont suffisamment précarisés (ovations, sifflets). Ce sont toujours les mêmes personnes qui doivent faire un effort, ce sont les employés qui accomplissent le plus gros du travail (applaudissements).
  6. [Lycéen d'un lycée de Trappes] On a démarré une grève vendredi au lycée, demain on bloque notre lycée et on va manifester à Versailles devant la mairie (applaudissements, huées). Personne ne rentre avant 13 heures dans le lycée. Nous sommes également contre le CPE, contre une loi passée en force, et à chaque fois, le gouvernement n'y parvient pas du fait de l'opposition que la population manifeste (applaudissements, ovations).
  7. [Etudiant de Nanterre] Ma fac subit le blocage de De Villepin, puisque l'administration a fermé les bâtiments jusqu'à nouvel ordre, donc nous ne pouvons plus nous réunir. A l'UVSQ, vous avez de la chance, le dialogue est resté plus longtemps à l'intérieur de votre université (applaudissements). Le gouvernement reste face à cela complètement sourd, malgré les 500 000 jeunes, les 1,5 millions de personnes toutes générations confondues. Les seules revendications entendues par le gouvernement sont celles du MEDEF (applaudissements). Ce qui se passe est extrêmement grave, nous avons une jeunesse dans la rue et le gouvernement ne répond pas. Il y a donc aucune perspective d'avenir ainsi (applaudissements).
  8. On vient de voir des idées peu courantes. Pourtant, nous faisons par notre travail vivre les patrons. Ils se font de l'argent sur notre dos (applaudissements). Un travail donne accès à tout ce qu'il faut pour construire quelque chose autour. Comment faire si pendant deux ans on ne peut se loger etc.? Maintenant je veux parler de la coordination nationale. On ne se bat plus aujourd'hui contre le CPE, mais aussi contre le projet de "loi d'égalité des chances". Peut-on accepter de travailler à 14 ans, et travailler de nuit à 15? Est-ce un progrès social? (applaudissements). Ici, il n'y a pas de débat, il y a des initiatives, mais pas assez d'investissement. Il faut faire pression sur les partis (applaudissements).
  9. Je propose la formation d'un groupe "alter-CPE" pour proposer des alternatives au CPE, faire du lobbying pour ces alternatives. Et pendant que l'on hurle contre De Villepin, il y en a un dans l'ombre qui attend et récupère des voix, c'est Sarkozy (interpellation : - 12%). Il y a d'autres mouvements, aux objectifs divers : unissons-nous (l'intervenant a mentionné la "pute pride" de ce week-end protestant contre la loi Sarkozy).
  10. On vit effectivement dans un pays où les salariés produisent la richesse. Il y a des bénéfices records dans les grandes entreprises françaises (12 milliards d'€ l'année dernière, applaudissements) Cela donne 108% d'augmentation pour les actionnaires, et 1% pour les salariés. Est-ce normal? On vit dans un monde où les entreprises sont dirigées par une minorité et une élite qui croit qu'avec les cadeaux au patronat, on résoudra les problèmes. Les gouvernements depuis trois ans (Raffarin plus Villepin) on précarisé le travail en France. Le chômage n'a pas baissé, il augmente. Le CPE ajoute la possibilité de virer un salarié à tout moment (applaudissements).
  11. Tout le monde nous dit "pas de blocage à l'UVSQ". Les lycéens arrivent, ils nous parlent de bloquer leur lycée, et tout le monde ici applaudit (cris). Ensuite, en écoutant les intervenant, vous critiquez plus l'action du gouvernement, la droite, le MEDEF qu'autre chose. Pour cela, il faut voter (interpellations : - voila! puis huées, applaudissements). En France, les mesures de la gauche (les emplois jeunes), n'ont pas fait mieux (cinq ans de travail dans la fonction publique puis plus rien). De Villepin prend une mesure libérale, mais tente de faire évoluer les choses (applaudissements). Est-ce que le gouvernement Jospin a réussi à faire baisser le chômage (interpellations : - oui). Faites grève mais ne parlez plus de blocage (applaudissements, huées).
  12. J'ai déjà pris la parole la semaine dernière contre le blocage (huées, interpellations : il n'y a pas de blocage, on n'en a pas parlé). Très bien, ce n'est pas à l'ordre du jour. Mais je veux rebondir sur autre chose : Comment faire fonctionner une entreprise sans patrons dans une société capitaliste actuel? C'est tout simplement impossible (applaudissements, brouhaha). Le fonctionnement d'une entreprise doit être basé sur une relation d'échange et de coopération.
  13. La proposition d'un groupe alter CPE est très intéressante. La coordination, du fait de l'importance de développer des actions communes, ne peut assurer pleinement ce rôle. Tout ce qui nous unit, c'est le retrait du CPE, du CNE et du projet de loi d'égalité des chances. Il faut mettre des étapes dans la mobilisation et ne pas s'éparpiller. Enfin, concernant le blocage, l'université et le lycée, ce n'est pas le même univers. Laissons-les faire ce qu'ils veulent, ils ne viendront pas bloquer l'université pour autant (applaudissements).
  14. Lors des élections de 2002, nous avons du faire barrage au FN. Et maintenant, les gouvernements de droite se prennent des raclées à toutes les élections, aux régionales, aux européenes, sans compter la claque que fut le 29 mai 2005 et la constitution européene (applaudissements). Pour 2007, j'espère que cela changera (applaudissements)
  15. [Elodie, notre seule et unique blogueuse a pris la parole] Je me mobilise tout le temps, dès qu'il y a un projet indigne proposé par le gouvernement. Le PS aurait présenté le CPE, pour moi, cela aurait été du pareil au même. Je voulais revenir sur un article du Parisien dimanche. François Goulard, le ministre délégué à l'éducatiion et la recherche, à la question : "votre réaction après ces manifestations massives?", a répondu : "De nombreuses organisations ont en effet mobilisé. Mais il y a chez les jeunes de l'incompréhension, largement imputable à une méconnaissance de la réalité du travail.". A une méconnaissance de la réalité du monde du travail... Il s'adresse à 800 000 étudiants salariés qui ne savent pas ce que c'est que le monde du travail !? (applaudissements) C'est justement parce que les étudiants savent ce qu'est le monde du travail qu'ils se battent contre le CPE (applaudissements)
  16. La question de la démocratie : l'UVSQ est bien en grève, et l'AG n'en est que sa représentation. Le débat qui s'y déroule représente cette démocratie. L'AG est souveraine et décide si oui ou non il y a grève. La grève est donc légitime (applaudissements, huées éparses). La mobilisation s'amplifie, avec 69 universités et 68% de l'opinion française contre le CPE (ce matin, un sondage LH2 pour le journal Libération donne 73% des français contre le CPE. Il décompose par ailleurs cette opinion globalement hostile au CPE entre ceux qui demandent que Dominique de Villepin "modifie le CPE" (38%) ou "l'abandonne totalement" (35%)). On touche la victoire du doigt, on va arriver à faire plier le gouvernement (ovations).
  17. Ce projet, c'est une question de sécurité sociale. On sécurise à tour de bras, mais à présent, il faut se poser une question sur la situation de vie des gens. Quand on précarise l'emploi, quand on précarise le logement, peut être que nos dirigeants pourraient se dire "prenons des mesures qui vont permettre à nos citoyens de vivre dans un monde où la liberté, l'égalité et la fraternité se retrouvent.
  18. [Lucas reprend la parole] N'oubliez pas votre objectif principal. Plus vous vous éparpillerez, moins vous serez puissants. Moins vous serez puissants, moins vous serez écoutés. Moins vous serez écouté, et là, vous avez compris ce à quoi je pense. Ne bougez pas de ligne, sinon, vous passerez pour une chose : une bande d'abrutis (applaudissements).


Les deux derniers arguments ont été développés dans les perspectives, j'ai fait le choix de les intégrer au débat.

Après cette salve d'arguments, les perspectives (quand on retrouve un slash, ce sont plusieurs intervenants qui ont développé ou ajouté des propositions à une perspective similaire).

  • Nouveau pique nique mercredi, pour discuter à nouveau du CPE.
  • Demain, assemblée générale à Versailles. Suite à cette AG, nous pourrions faire un sitting devant la mairie de Versailles, où l'on peut faire une manifestation médiatisée et pacifique. / Je pense qu'il serait mieux de faire une AG commune à Versailles. Pour le sitting, ce serait mieux sur la place d'armes. Le château est plus symbolique ou bien devant la préfecture. / Il faut plutôt aller à la mairie, voire rentrer dedans, elle est tenue par un député maire UMP, et ce sont ces gens qui
  • Manifestation centralisée à Paris, jeudi 23. Participons à cette manifestation, et préparons une AG juste avant à 11h.
  • Comité d'information : on s'aperçoit qu'il y a des lacunes au niveau de l'information véhiculée : le blog se voit enrichi de liens vers les alternatives et d'un forum pour débattre, rajout d'un point d'information quotidien.
  • Mercredi, il y a les élections au Crous : elles doivent être boycottées. Dans ces conditions, elles ne peuvent être considérées comme légitimes.

L'AG s'est terminée sur les votes

Continuation de la grève : pour (comme la dernière fois, l'amphi a commencé à se vider après ce vote).
Pique-nique mercredi : pour.
Sitting mardi devant la mairie de Versailles : pour.
AG commune à Versailles : pour.
Manifestation collective des jeunes jeudi avec un cortège UVSQ : pour.
Boycott des élections du CROUS : pour.


Alors, vu que Max m'a dépassé, je vais tenter d'expliquer son point de vue (pourquoi il a estimé que le mouvement s'essoufflait).
Premièrement, la fréquentation : elle était certes moindre (parfois une place sur deux était inoccupée). Selon Elodie, cette AG se serait décidée tard vendredi dernier, et l'info ne serait pas remontée assez vite. Soit, en tout cas, cela semblerait plus plausible.
Deuxièmement, sur les arguments développés, on a senti une présence plus importante de contradicteurs, cela apporte de la fraicheur au débat, c'est bien. Maintenant, j'ai eu l'impression qu'on commençait à tourner un peu en rond, entre les appels contre le blocage, ou l'exposition d'arguments fleurant le communisme (les patrons qui se font du pognon sur le dos des salariés exploités) ou la pique "juristes, médecins, étudiants de droite quoi". Bon, OK, mais là, ce serait refaire la société entière, on discute plus du retrait du CPE (ces arguments sont restés au nombre de deux, plus un pour contredire ces assertions, somme toute, c'est raisonnable).
Troisièmement, concernant l'ambiance, il y avait beau avoir moins de monde, l'ambiance n'en était pas moins calme, en témoigne mes didascalies (huées, et interpellations notamment). Mais à ce stade, j'imagine que ce ne sont plus des huées parce que l'intervenant a dit une énormité, mais plutôt pour le plaisir d'hurler, boaf bis.
Je pense surtout que cette AG du lundi est un accroc dans le mouvement de mobilisation et que celui-ci rebondira s'il y a plus d'informations. Mais à présent, il serait souhaitable d'entendre un peu plus d'idées nouvelles, car "de la routine nait l'ennui" comme dit le proverbe.
Enfin, je voulais revenir sur le vote. Le plus important est la reconduite de la grève, mais une fois qu'il est voté, tout le monde quitte l'amphi. Et les perspectives suivantes sont votées à la hussarde (qui ne prend pas part au vote? ... qui s'abstient? ... qui est contre? ... qui est pour?, les silences sont très courts, il n'y a plus de compte de voix). Ne serait-il pas mieux de voter en premier les perspectives secondaires puis ensuite de statuer sur la grève? Cela permettrait des votes un peu plus logiques, parce que dans le cas de cette dernière AG, j'ai eu l'impression que nous faisions la hola...
Quoiqu'il en soit, rendez-vous jeudi pour voir si la mouvement de mobilisation faiblit ou non.