16 mars 2006

[GREVE] Une nouvelle AG, de nouvelles perspectives ?

Aujourd'hui à 11 heures a eu lieu la nouvelle Assemblée Générale, deux jours après celle qui fit rentrer l'UVSQ dans le mouvement de grève. Tout d'abord, en deux jours, le mouvement s'est encore amplifé, puisque l'on parle désormais de 64 universités en grève (chiffre de l'UNEF, pas vérifiable pour le moment via Internet, les grands journaux n'ayant pas encore fait leurs mises à jour).

Alors, pour commencer, voici le compte rendu de la dernière Assemblée Générale :
Premièrement, le bilan de la mobilisation depuis mardi dernier :
  • Commission Action : répartition des étudiants mobilisés, informations sur les différents sites de l'UVSQ (IUT Rambouillet par exemple), création d'une buvette pour la fabrication du matériel de manifestation (pour éviter le rangement sous des bannières d'autres mouvements) , mise en place de nouvelles affiches d'information à disposition des étudiants.
  • Commission Information : Ouverture d'un blog (disponible dans les liens de celui-ci :
    http://uvsqcontrelecpe.over-blog.net
    ). Affichage d'articles locaux et de revues de presse nationales.
  • Commission Réflexion : Analyse du texte de loi, confrontation d'arguments entre les différents points de vue, affichage de ces éléments de réflexion, projet de débats entre étudiants ou au mieux avec des professeurs dont le domaine permet de donner des arguments pour ou contre le CPE (en droit et en éco), dans l'idéal un débat neutre. Constitution de textes pour les tracts.
Deuxième mouvement, les perspectives, les arguments.
  1. Proposition d'un rendez vous pour un pique-nique face au bâtiment d'Alembert pour discuter en dehors des AG et des amphis. Constitution et présentation d'idées alternatives au CPE (pour répondre à la critique principale : vous êtes contre, mais proposez plutôt que de critiquer).
  2. Le mouvement est plutôt bien parti puisqu'aujourd'hui, 64 universités sont en grève. Proposition de reconduite de la grève (huées, applaudissements). Si vous êtes contre, descendez, donnez donc votre avis, plutôt que de siffler. Le mouvement contre le CPE doit passer par des initiatives festives.
  3. Nous ne sommes pas passifs vis à vis de ce que l'on dit sur nous. Je ne comprends pas pourquoi certains se permettent de nous dire "vous n'avez pas le droit d'étudier". Si aujourd'hui le blocage n'est pas proposé, s'il l'était demain, je suis sûr que la majorité des étudiants seront contre. Personne ne peut dire "En France vous voulez étudier, fort bien, mais vous ne le ferez pas car nous sommes contre une loi" (applaudissements). Bloquer une fac, c'est nous aliéner le droit d'étudier, pour rentrer dans la vie active. En ayant des diplômes nous nous donnons des armes pour lutter contre la vie de tous les jours. Sachons voir les avantages dont on dispose et respectons aussi ceux qui nous les donnent.
  4. [Représentante de l'Assemblée Générale des professeurs] Motion signée pour ne pas pénaliser les étudiants (une cinquantaine de signatures, dont la liste est affichée un peu partout dans les locaux). Tout le personnel pourra signer une nouvelle pétition pour se prononcer contre la loi.
  5. L'occupation ne veut pas dire blocage. C'est une action symbolique, il ne faut pas exagérer. Personne n'est empêché d'aller en cours
  6. J'ai du respect pour ceux qui nous ont ouvert l'accès à l'université, mais je n'ai aucun respect pour ce gouvernement qui n'écoute personne (applaudissements). Je n'ai pas de respect pour un ministre qui fait passer en force une loi, pour ces dirigeants sortis de l'ENA qui sont coupés du peuple (ovations). On n'écoute pas la rue, qui pourtant désavoue chaque année la politique du gouvernement. Il est temps que la rue s'exprime. Il faut s'occuper de ce problème et ne pas tomber dans le piège où ce n'est pas parce que le gouvernement ne nous écoute pas que tout est joué.
  7. Il ne faut pas alimenter la psychose du blocage, nous ne sommes pas à la Sorbonne, il n'en est pas question ici. L'occupation de cette nuit est une opération médiatique.
  8. A Versailles, 300 personnes sont réunies alors que l'université ne s'était pas mobilisée en 2003.
  9. [membre de l'UEC] (applaudissement et huées). Si on veut se faire entendre, il faut descendre dans la rue bien que tout le monde souhaite obtenir son année. Au début de l'année, nous avons tenté de faire un mouvement parce que les gens qui nous offrent le droit d'étudié nous ont floués de 6 millions d'euros, six millions qui servent à faire fonctionner la fac dans de bonnes conditions (entretien notamment, regardez au plafond de l'aile B 3ème étage de d'Alembert...) (applaudissements). J'ai d'autres actions à vous proposer : des actions médiatiques, comme aller occuper la mairie de versailles (applaudissements et huées éparses), la rue des Chantiers qui contient un grand nombre d'agences d'Intérim ("faisons chier les bourgois" en français dans le texte).
  10. En 2003 on s'est battu contre la modernisation des universités, nous sommes parvenus à conserver notre système éducatif, même s'il n'est pas parfait (1 étudiant sur 2 quitte la fac sans diplôme). Aujourd'hui, c'est le CPE qui nous importe, et cela se passe à Paris aujourd'hui. On ne parle pas de blocages, mais d'actions positives
  11. Il y a eu hier une délégation reçue par la présidente de l'université, pour demander l'absence de sanctions vis à vis des étudiants sur tous les établissements de l'UVSQ et lui demander de prendre position pour ou contre le CPE.
  12. [Secrétaire du SNESUP]. Pétition signée par une cinquantaine d'enseignants. Prochaine pétition intégrant les personnels IATOS pour généraliser la non pénalisation des étudiants. Pour la dynamique et la pérennité du mouvement, il est essentiel de ne pas donner le prétexte de faire les tueurs à l'UVSQ (à la Sorbonne, il n'y a plus un moyen de réunions).
  13. Arrêtons de considérer les grévistes comme des glandeurs (applaudissements).
  14. Le mouvement prenant de l'ampleur, ce week-end se tiendra une coordination où chaque université envoie une délégation à Dijon pour discuter du mouvement.
  15. A présent place à la manifestation! (ovations) Je respecte ceux qui sont pour le CPE ceux qui veulent travailler (voix pleureuse). Et après la manifestation, occupation des locaux (ovations) !
Après ces expositions d'arguments, le troisième et dernier mouvement fut les votes :
  • Reconduite de la grève : pour (Après ce premier vote, la majorité de ceux qui étaient contre la poursuite du mouvement a quitté l'amphithéâtre)
  • Rendez-vous pique-nique vendredi : pour.
  • Occupation des locaux : pour (17 ne prennent pas part au vote, 12 s'abstiennent, 7 sont contre).
  • Manifestation devant la mairie de Versailles : pour (12 ne prennent pas part au vote, 7 s'abstiennent, 4 contre).
  • Occupation de la gare de Versailles-Chantiers : contre (14 votent pour)
  • Appel pour une prise de position de la présidence de l'université : pour
  • Constitution d'une délégation pour la réunion de Dijon : pour
Donc le mouvement se poursuit. les initiatives se multiplient, et plusieurs fois, les grévistes réaffirment leur volonté de ne pas bloquer l'université et son fonctionnement. Il y a deux ans, il n'y avait eu qu'une seule journée, on ne peut guère comparer l'UVSQ et Rennes, où le blocus est présent depuis un mois déjà.
Concernant la présence à la gare de Versailles Chantiers, je tiens à présenter mon point de vue. Un blocage sur les voies est la pire chose à faire. En effet, les usagers (puisque c'est comme cela qu'il faut appeler les voyageurs de la SNCF/RATP) goûtent peu les perturbations sur le trafic en fin de journée, leur journée de labeur achevée. L'irritation de certains voyageurs (laquelle passe très bien sur les chaînes de télévisions) peut contribuer à décrédibiliser le mouvement et a voir s'opposer deux générations l'une contre l'autre. Une des meilleures stratégies pour commencer à faire dégonfler un mouvement. Passe encore la distribution de tracts, cela ne met pas (en théorie) en rogne les voyageurs exténués, mais ne touchons pas aux trains!
A propos du déroulement de l'Assemblée Générale, on a pu constater une présence plus importante d'étudiants contre la mobilisation (plus de huées), mais malheureusement, l'opposition semble avoir des scrupules à prendre le micro pour exposer ses idées. Bien sûr, il y a le risque de se mettre les deux tiers de l'amphi sur le dos, mais pourtant l'AG sert à ça (en théorie). De même, quelle importance pourrait-on apporter aux votes, cette opposition ayant quitté l'amphi une fois le vote de reconduite passé? Bien sûr ils sont incontestables (la majorité au gouvernement procède ainsi quand l'opposition se retire pour protester contre une loi), mais le résultat laisse un goût bizarre.

Et pour finir, quelques photos : (vous pouvez cliquer dessus pour voir un peu mieux)

La déco à l'UVSQ


Matériel de manifestation



L'AG de jeudi (l'amphi s'est encore rempli entretemps)


Regardez qui est là?





Le cortège en direction de la gare...

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